Eglises d'Asie

Le père Shamaun, chantre du renouveau charismatique au Pakistan

Publié le 30/06/2018




Les tournées musicales du père James Shamaun à travers tout le Pakistan sont célèbres. Le prêtre de 61 ans, également connu pour son charisme de guérison, est chargé de veiller sur les mouvements charismatiques, qui prennent de l’ampleur dans la république islamique. Le père Shamaun, curé de paroisse dans le Pendjab, dans le sud du pays, organise ainsi, chaque mois, de nombreuses veillées de guérison, prêchant et reprenant quelques-unes de ses compositions musicales. 

Écoutez, et vous recevrez (un miracle – ou au moins un CD gratuit). Les offres garanties sans conditions sont certes devenues la marque des ventes en ligne, mais la promesse de ce prêtre, qui propose un CD gratuit aux paroissiens qui n’ont pas vécu de « miracles » en écoutant ses chants, est clairement hors-normes. C’est en tout cas ce qu’a promis le père James Shamaun, connu pour ses airs charismatiques au Pakistan, lors d’une messe célébrée le dimanche 17 juin dans la paroisse Sainte-Marie de Jamke Cheema, une ville rurale du Pendjab. Durant la célébration charismatique, le prêtre a mentionné le nombre de personnes souffrantes dans l’assemblée. Le prêtre de 61 ans cherche à garder vivante la tradition du renouveau charismatique au Pakistan. Il affirme que des centaines de miracles ont eu lieu lors de ces cérémonies.
Sa mission, qu’il a choisi d’accepter, est de soutenir les mouvements charismatiques du renouveau, qui gagnent de l’ampleur dans la république islamique. « Armé » d’un harmonium et accompagné par une équipe de plus de vingt personnes, le prêtre a traversé le pays en long et en large, à l’invitation des Églises catholique et protestante. Le groupe a l’habitude d’observer un jour de jeûne afin de se préparer à chaque célébration, qui se termine toujours par quelques témoignages de fidèles, assurant avoir senti sur eux la main de Dieu. « La prière de guérison la plus courte dure environ quatre heures », explique le père Shamaun. « L’Église catholique perd ses fidèles au Pakistan, parce que d’autres Églises organisent beaucoup de célébrations de guérison. Nous donnons rarement l’occasion aux gens de vivre cette ivresse spirituelle », ajoute-t-il.
Le père Shamaun, curé de la paroisse Saint-Thomas, dans la ville de Wah, dans le district de Rawalpindi (Pendjab). Il composait déjà de la musique avant son ordination en 1987. Il a ainsi composé de multiples hymnes ainsi que des « Punjabi Tappay » (des chants pendjabi qui reprennent des thèmes de la vie quotidienne), qu’il a adaptés sur des thèmes chrétiens. Les veillées qu’il organise chaque premier vendredi du mois dans une église de Rawalpindi peuvent durer toute la nuit. « Tous ceux qui viennent se joindre à nos célébrations sont invités à apporter de l’huile et de l’eau, ainsi que des intentions de prières écrites sur des bouts de papier », indique une affiche annonçant l’une de ces veillées, qui sont retransmises en direct sur Facebook et qui attirent en général plus de trois cents visiteurs. « Depuis 2013, beaucoup d’évêques pakistanais ont commencé à organier des prières charismatiques dans leurs diocèses », explique-t-il. « Mais malheureusement, ce mouvement a commencé à s’épuiser. »

« À chacun son propre charisme »

Chaque mois, ses assistants organisent des tournées dans diverses paroisses afin de distribuer gratuitement ses CD. Perwaiz Rehmat, l’un des assistants du prêtre, témoigne : « Après la naissance de mon premier fils en 1998, les médecins ont déclaré que j’étais infertile », explique-t-il. « Les gens me conseillaient de rendre visite à un ‘Babaji’ [un terme honorifique signifiant ‘père’ et attribués aux mystiques musulmans], mais nous avons ignoré le conseil et nous avons continué de prier dans notre église », ajoute Perwaiz. « En 2012, nous avons participé à une rencontre d’une journée avec le père Shamaun, qui était de passage. Durant cette journée, il a annoncé que deux couples dans l’assemblée désiraient avoir un enfant. À ce moment, nous avons commencé à prier avec beaucoup de ferveur. Deux mois plus tard, les médecins ont annoncé que ma femme était enceinte. Dieu nous a entendus ».
L’évêque émérite de Multan, Mgr Andrew Francis, a fondé le mouvement charismatique pakistanais dans les années 1980, sous le nom de « Sara Gharana ». Mgr Anthony Lobo, un autre évêque pakistanais aujourd’hui décédé, a été nommé conseiller spirituel du renouveau charismatique catholique il y a quelques années par le pape François. Au Pakistan, le renouveau fait partie des mouvements laïcs les plus populaires – en 2005, le pays comptait 2,5 millions de chrétiens ou 1,6 % de la population, à part égale entre catholiques et protestants. Le père Inayat Bernard, recteur de la cathédrale du Sacré-Cœur de Lahore, a présenté le 72e album du père Shamaun le 15 mai, lors d’une messe particulièrement dynamique. L’album a pour titre Aab-e Hayat (Source de vie éternelle) : « Il n’est pas donné à tous les prêtres de pouvoir guérir les gens. Chacun d’entre nous a son propre charisme », confie le père Bernard, ancien recteur du séminaire de l’archidiocèse de Lahore.

(Avec Ucanews, Lahore)