Eglises d'Asie

L’évêque de Myitkyina demande la fin des combats au Kachin

Publié le 11/07/2018




Avant la tenue de la conférence de paix de Panglong, qui doit avoir lieu à Naypyidaw, la capitale birmane, du 11 au 16 juillet, Mgr Francis Daw Tang, évêque de Myityina dans l’État Kachin, a appelé les autorités à mettre fin aux combats qui opposent l’armée birmane aux rebelles indépendantistes. En janvier, les quatre évêques de l’État ont rencontré Min Aung Hlaing, chef militaire birman, afin d’évoquer les perspectives de paix dans la région. Mgr Tang appelle les acteurs du conflit à faire des compromis en faveur de la paix dans le nord du pays.

Mgr Francis Daw Tang, évêque de Myitkyina, dans l’État Kachin toujours en conflit, a demandé à l’armée birmane de ne pas renforcer ses troupes dans les régions peuplées par les minorités ethniques, à l’approche de la prochaine conférence de paix de Panglong, du 11 au 16 juillet. Mgr Tang a ajouté qu’il fallait mettre fin au combat pour permettre le dialogue. L’évêque souligne que les rebelles kachins et les soldats ont souffert et perdu des vies inutilement durant ce long conflit. Mgr Tang, 69 ans, a ajouté que trois cents personnes déplacées ont profité d’une accalmie durant les affrontements pour retourner dans leurs villages, dans la région d’Ingyanyang.
En janvier, quatre évêques de l’État Kachin ont rencontré le chef militaire birman Aung Hlaing, afin d’évoquer les perspectives de paix pour le nord du pays. Mais depuis, l’armée birmane a intensifié les opérations offensives au Kachin dès début avril, en lançant des attaques contre les rebelles indépendantistes kachins à l’aide d’artillerie lourde, d’hélicoptères et d’avions de chasse. Selon les Nations Unies, plus de 7 400 personnes de huit cantons ont dû fuir les combats – dont les cantons de Tanai, Ingyanyang et Hpakant –, durant le seul mois d’avril. Depuis, ils ont trouvé refuge dans les églises catholiques et les temples protestants de la région.
La reprise des combats a éclaté en 2011 après un long cessez-le-feu de dix-sept ans. Depuis, plus de 120 000 personnes ont trouvé refuge dans les 179 camps installés pour les personnes déplacées du Kachin et de l’État Shan voisin. La plupart des 1,7 million d’habitants du Kachin sont chrétiens, dont 116 000 catholiques. Pour Mgr Tang, les différents acteurs du conflit doivent faire des compromis, diminuer les combats et appliquer les dispositions de l’accord de Panglong de 1947 – établi entre le gouvernement et les groupes ethniques Kachin, Shan et Chin – concernant l’autodétermination et les droits de minorités.

« Ne pas perdre espoir »

Si les deux parties s’accrochent à leurs demandes, les pourparlers de paix risquent d’échouer, ajoute Mgr Tang. La conseillère d’État Aung San Suu Kyi a inauguré la nouvelle édition de la conférence de paix de Panglong, qui doit se tenir du 11 au 16 juillet dans la capitale, Naypyidaw. Beaucoup de groupes ethniques armés doivent y participer. L’armée pour l’indépendance kachin (KIA) n’a pas encore signé l’accord de cessez-le-feu, espéré dans tout le pays, mais qui n’a été signé que par la moitié des vingt groupes rebelles armés. Aung San Suu Kyi a appelé à mettre fin aux divers conflits qui perdurent depuis plusieurs décennies en Birmanie. La conseillère d’État a organisé des pourparlers de paix en août 2016 et en mai 2017, mais la reprise des combats a fait échouer les tentatives de paix. La poursuite des affrontements a par ailleurs remis en question l’influence d’Aung San Suu Kyi sur les militaires.
En juin, Mgr Tang a visité près de 5 000 nouvelles personnes déplacées, qui ont trouvé refuge dans les paroisses catholiques des cantons de Tangphre, de Lewa et de Namti. « Les gens me demandent quand ils pourront retourner chez eux, ils me disent qu’ils aspirent à la paix », confie Mgr Tang. « Je les encourage à ne pas perdre espoir et à garder une grande foi en Dieu. »

(Avec Ucanews, Mandalay)