Eglises d'Asie

Vingt morts dans une attaque suicide à quinze jours des élections

Publié le 12/07/2018




Mardi 10 juillet, une attaque suicide a tué au moins vingt personnes dans la province de Khyber Pakhtunkhwa, lors d’un meeting électoral. Selon le groupe interreligieux Rawadari Tehreek, des forces antidémocratiques tentent de porter atteinte aux élections nationales pakistanaises, qui doivent avoir lieu le 25 juillet prochain. Pour Samson Salamat, président du groupe, il s’agit d’une campagne ciblée à l’approche des élections. 

Dans la soirée du lundi 10 juillet, une attaque suicide contre un meeting électoral, organisée dans la province pakistanaise de Khyber Pakhtunkhwa, a provoqué au moins vingt victimes, dont une personnalité politique influente. Haroon Bilour, un candidat du parti de gauche Awami National Party (ANP), fait en effet partie des victimes. Il avait organisé ce meeting à Peshawar, une ville de la province de Khyber Pakhtunkhwa, le soir de l’attentat. Il s’agissait du fils de Bashir Bilour, un ancien homme politique pakistanais, lui-même décédé lors d’un attentat perpétré par les Talibans avant les dernières élections nationales. « Il s’agit d’une attaque suicide. Un terroriste s’est approché de M. Bilour et s’est fait exploser durant la réunion, dans le quartier Yaktoot de la ville », explique Qazi Jameel, un officier de police. Selon une liste de victimes publiée par l’hôpital Lady Reading, l’attentat a provoqué une vingtaine de morts et 62 blessés.
Les élections générales du 25 juillet approchent pour le Pakistan, et l’attaque est tombée le lendemain d’une alerte de l’agence nationale antiterroriste NACTA, qui avait alerté du risque d’attentats contre des personnalités politiques, dont des membres du parti ANP. Dans un communiqué de presse, la Commission électorale nationale a suspendu les élections dans la circonscription de Peshawar, et a appelé à renforcer la sécurité pour les partis politiques et leurs dirigeants. Le général pakistanais Qamar Javed Bajwa a exprimé sa peine et sa sympathie pour la famille de Haroon Bilour et pour l’ANP « suite à cette attaque terroriste odieuse ». « Nous nous battons contre un noyau de forces hostiles, qui refusent d’accepter un Pakistan stable et paisible. Nous restons déterminés et nous les vaincrons », a-t-il ajouté.

Une campagne ciblée avant les élections

Le bilan des victimes est susceptible d’augmenter, certains blessés étant dans un état critique. Les responsables religieux du pays et les militants pour les Droits de l’Homme ont fermement condamné l’attentat. Gulshan Bhatti, un militant catholique de Peshawar, confie que l’attaque pose la question de la transparence des élections au Pakistan. « Le juge en chef Mian Saqib Nisar a récemment demandé aux chefs de la police de toutes les provinces de retirer le protocole de sécurité pour les personnalités politiques qui n’ont pas droit à une protection officielle. Les partis politiques se sont retrouvés livrés à eux-mêmes à cause de cette décision », dénonce Gulshan. L’évêque luthérien Jimmy Mathew de Mardan, dans la province de Khyber Pakhtunkhwa, a exprimé son soutien pour la famille de Haroon Bilour. « Ils n’étaient ni propriétaires, ni industriels, comme beaucoup de politiciens. L’ANP est particulièrement visée à cause de Zarb-e-Azb [une opération militaire conjointe, lancée contre les terroristes en 2014]. Malheureusement, les descendants de ceux qui ont été tués durant cette opération se vengent aujourd’hui. Le parti libéral a beaucoup sacrifié », a-t-il remarqué.
Mian Iftikhar Hussain, secrétaire général de l’ANP et ancien ministre de la province, a également perdu son fils unique en 2010 lors d’un attentat visant sa famille. Rawadari Tehreek, un groupe interreligieux, a organisé une manifestation contre l’attentat de Peshawar devant l’assemblée du Pendjab à Lahore, le 11 juillet. « Il s’agit d’une campagne ciblée. Certains partis politiques se retrouvent enlisés dans des affaires de corruption tandis que d’autres sont visés par les terroristes. L’ANP est celui qui en souffre le plus à cause de sa philosophie de non-violence. Des forces antidémocratiques tentent de faire échouer les élections », a déclaré Samson Salamat, président du groupe.

(Avec Ucanews, Peshawar)