Eglises d'Asie

Le gouvernement sri-lankais rétablit la peine de mort pour les trafiquants

Publié le 17/07/2018




Le gouvernement sri-lankais a décidé, le 11 juillet, d’avoir recours à la peine de mort pour les trafiquants de drogue. Les critiques dénoncent la décision, mettant en évidence l’inefficacité de la peine capitale, partout dans le monde, face au problème de la drogue. Aucune exécution n’a eu lieu dans le pays depuis 1976.

Un porte-parole du gouvernement sri-lankais a annoncé, le 11 juillet, que le Sri Lanka a décidé d’avoir recours à la peine de mort contre les trafiquants de drogue, malgré les critiques des organisations de défense des Droits de l’Homme. Le président Maithripala Sirisena a déclaré qu’il signerait les ordres nécessaires pour appliquer un accord unanime du conseil des ministres autorisant les exécutions, « dans l’intérêt des générations actuelles et futures ». Mais Nuwan Malinda, 38 ans, enseignant à l’école du dimanche et militante sociale, affirme qu’il n’y a aucune preuve, à l’échelle internationale, que la peine capitale soit efficace contre la drogue. Il ajoute que la peine de mort enfreint la Déclaration universelle des Droits de l’Homme. Nuwan affirme que le Sri Lanka serait vu comme « non civilisé » quand les exécutions auront lieu, ce qui n’a pas eu lieu dans le pays depuis 42 ans. La dernière exécution au Sri Lanka remonte à juin 1976.
En 2004, le gouvernement alors au pouvoir avait cherché à rétablir la peine de mort pour les viols, le trafic de drogue et les meurtres, mais face à l’opposition massive, aucune exécution n’a eu lieu. Le gouvernement actuel souligne que dans le futur, les exécutions seront autorisées. Nuwan pense que les infractions les plus graves peuvent être liées à un handicap mental, à un manque d’éducation ou encore à l’extrême pauvreté. « La peine capitale rejette tout espoir de réhabilitation », dénonce-t-il. Le 11 juillet, la police a arrêté deux personnes – qui auraient caché 9,9 kilogrammes d’héroïne dans un moulin à riz, pour une valeur de 118 millions de roupies sri-lankaise (soit 740 000 dollars).
Les Britanniques, en prenant le contrôle du pays en 1815, ont interdit les exécutions telles que les décapitations ou la noyade, mais ont introduit la pendaison. Amnesty International a appelé le gouvernement sri-lankais à annuler toutes les peines capitales et à se joindre aux 142 pays qui ont déjà aboli la peine de mort. Le cardinal Malcolm Ranjith, archevêque de Colobo, a déclaré, le 12 juillet, que l’Église soutiendrait la décision du président Sirisena concernant la condamnation des trafiquants de drogues organisant des crimes depuis leur prison.

(Avec Ucanews, Colombo)