Eglises d'Asie

Sécurité routière : Dhaka paralysée par les manifestations

Publié le 09/08/2018




Les manifestations se poursuivent à Dhaka, la capitale bangladaise, après la mort de deux étudiants dans la capitale, le 29 juillet, percutés par un automobiliste sans permis. Depuis début 2018, près de trois mille personnes sont mortes sur les routes au Bangladesh. À travers le pays, on compte 3,2 millions de véhicules mais seulement 2,5 millions d’automobilistes détenant un permis de conduire. Depuis huit jours, des milliers d’étudiants paralysent la capitale en protestation contre la situation.

La capitale bangladaise est paralysée depuis huit jours, en raison des manifestations de plusieurs milliers d’étudiants suite à la mort de deux étudiants dans un accident de la route, provoqué par un conducteur sans permis le 29 juillet à Dhaka. Les étudiants protestent contre l’insécurité sur la route au Bangladesh et contre l’imprudence des conducteurs, qui provoque chaque année plusieurs centaines de morts. Les manifestations ont commencé à Dhaka la semaine dernière et se sont répandues rapidement dans d’autres districts. Le pays compte en effet 3,2 millions de véhicules, mais seulement 2,5 millions de conducteurs détenant un permis de conduire.
Les forces de l’ordre et des groupes soutenant le gouvernement ont essayé de réprimer les manifestations, et quelques journalistes se sont retrouvés au milieu des affrontements. Selon les journalistes concernés – au moins dix, dont une femme –, ils ont été attaqués par des jeunes membres de la Chatra League, une organisation étudiante liée au parti au pouvoir. Le groupe, qui est venu armé pour arrêter les étudiants, s’en est pris violemment aux journalistes et à ceux qui tentant de filmer ou photographier l’évènement, qui s’est déroulé à Dhaka dans le quartier de Dhanmondi. Rahat Karim, un photographe pigiste, se plaint d’avoir été frappé violemment alors qu’il « ne faisait que prendre des photos ».

1 million de conducteurs sans permis

Dimanche soir, le photographe Shahidul Alam a été arrêté pour avoir critiqué la réponse du gouvernement aux étudiants. Shahidul, quatre fois membre du jury du concours du World Press Photo, a pris plusieurs photos des jeunes en train de s’attaquer aux manifestants. Il a également critiqué le gouvernement pour l’insécurité routière. Le 7 juillet, la police l’a arrêté et a demandé une détention provisoire de dix jours au tribunal – qui l’a réduite à sept jours. Le photographe est accusé de répandre « la peur et la panique » sur Internet, usant de « mensonges et de provocations insensés ». En tout, 45 personnes ont été accusées de répandre des rumeurs à propos des manifestations. La police en arrêté trois.
Obaidal Qader, secrétaire général de la Ligue Awami, a rejeté les accusations contre le groupe étudiant lié au parti, et a demandé aux journalistes de fournir les preuves de l’implication de ses membres. Selon Obaidal Qader, ce sont des groupes externes qui s’en sont pris aux journalistes et aux étudiants. Le 7 juillet, 450 étudiants et enseignants se sont rassemblés pour mettre fin aux manifestations, durant lesquelles plusieurs personnes ont été blessées. La police a tiré plusieurs balles en caoutchouc et a usé de gaz lacrymogène contre la foule. Pour Rema Gomes, une étudiante catholique, il est temps de s’arrêter et de laisser le gouvernement agir pour rendre les routes plus sûres. La jeune femme confie avoir appris à l’école missionnaire à ne rien faire qui puisse blesser les autres.
De son côté, le gouvernement bangladais a donné son accord, mardi 7 août, pour un projet de loi établissant une peine jusqu’à cinq ans de prison pour toute personne coupable d’homicide involontaire lors d’un accident de la route. Les réactions de la population sont mitigées suite à cette décision, certains semblant satisfaits et d’autres exigeant des peines plus sévères. Pour apaiser la situation, les autorités ont également promis d’introduire la peine de mort pour les accidents mortels « intentionnels ».

(Avec Asianews)