Eglises d'Asie – Birmanie
Le rapatriement des Rohingyas en question lors d’une visite bangladaise
Publié le 15/08/2018
La question délicate de la meilleure façon de protéger les réfugiés Rohingyas devant être rapatriés en Birmanie était au centre des discussions, lors d’une rencontre entre le ministre bangladais des Affaires étrangères, Abul Hassan Mahmood Ali, et les responsables interreligieux birmans du groupe Religions for Peace. Nyunt Mg Shein, vice-président du groupe de dialogue interreligieux birman, confie que la rencontre de 90 minutes, qui a eu lieu le 12 août, a permis d’échanger sur la collaboration des deux pays à propos des programmes de réhabilitation et de réintégration. Il assure que le ministre prévoit d’inviter les responsables religieux birmans dans les camps de réfugiés bangladais, afin qu’ils puissent y observer la situation et partager leurs observations avec le gouvernement birman.
« Ce que je comprends, c’est que nous devons jouer un rôle entre les deux gouvernements et auprès des réfugiés au Bangladesh », ajoute Nyunt Mg Shein. Il précise que le ministre bangladais des Affaires étrangères devra d’abord discuter des détails de la collaboration avec son gouvernement. Nyunt Mg Shein espère que la visite du ministre bangladais et l’accord bilatéral signé récemment aideront à accélérer l’effort de rapatriement. « En tant que responsables religieux, nous n’avons aucun pouvoir, mais nous pouvons ouvrir la voie vers la paix et la réconciliation », affirme Mg Shein, qui est également président du comité birman des affaires religieuses islamiques.
Le 27 mai, six responsables religieux birmans et internationaux, dont le cardinal Bo, archevêque de Rangoun, ont rendu visite à Maungdaw, dans l’État de Rakhine, afin d’inspecter les camps de transit et de rencontrer les membres des communautés locales. La délégation a déclaré que depuis les airs, ils ont aperçu des centaines de villages Rohingyas détruits durant les opérations militaires d’août 2017. Plus de 700 000 Rohingyas avaient fui au Bangladesh pour éviter la répression militaire, considérée par les Nations Unies comme un nettoyage ethnique. Le 24 mai, le groupe international interreligieux Religions for Peace a envoyé une lettre ouverte à la population birmane à propos de leur engagement envers la paix et la réconciliation, dans un pays toujours en proie à de nombreux conflits internes.
Rapatriement : toujours aucune date fixée
La lettre soulignait en particulier la priorité de défendre la paix, le développement, l’éducation et le respect des Droits de l’Homme pour toutes les communautés vivant dans l’État de Rakhine. Le ministre bangladais des Affaires étrangères a achevé sa visite de quatre jours en Birmanie après s’être rendu à Rakhine le 11 août. Le 10 août, le Bangladesh et la Birmanie ont conclu un accord en huit points à l’issue d’une rencontre à Naypyidaw, à propos d’enjeux tels que le rapatriement des réfugiés ainsi que la mise en place d’une liaison téléphonique entre les ministres des deux pays respectifs. Aucun délai n’a encore été fixé pour le rapatriement des réfugiés. Les ONG ont demandé un rapatriement volontaire, sécurisé et digne pour les réfugiés Rohingyas, qui leur garantisse la citoyenneté birmane et la récupération de leurs logements et de leurs biens. Le Bangladesh et la Birmanie ont signé un accord de rapatriement en novembre 2017. Le processus devait commencer en janvier, mais le Bangladesh l’a repoussé, évoquant un manque de préparation de son côté.
(Avec Ucanews, Mandalay)