Eglises d'Asie

Des musulmans pakistanais rendent hommage au cardinal Tauran

Publié le 18/08/2018




Des membres du clergé musulman pakistanais ont rendu hommage au cardinal Tauran, décédé en juillet, qu’ils considèrent comme un « champion des relations interreligieuses ». Le 12 août, ils ont pris part à une cérémonie organisée en la cathédrale du Sacré-Cœur de Lahore, dans la province du Pendjab, en présence de Mgr Sebastian Shaw, archevêque de Lahore. Le cardinal Jean-Louis Tauran était président du conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, avant sa mort aux États-Unis le 5 juillet à l’âge de 75 ans.

Une cérémonie en hommage au cardinal Jean-Louis Tauran s’est déroulée à Lahore au matin du 12 août, en présence des autorités musulmanes. Le cardinal Tauran, décédé le 5 juillet aux États-Unis à l’âge de 75 ans après des années de combat contre la maladie de Parkinson, était président du conseil pontifical pour le dialogue interreligieux. Il avait rendu visite à la république islamique du Pakistan huit ans plus tôt, où il avait fait forte impression par sa défense de l’harmonie interreligieuse. « C’est une grande perte pour nous. Nous sommes attristés par la mort du cardinal, qui a passé sa vie au milieu de gens comme nous », a confié Allama Zubair Abib durant la cérémonie. « Il y a quinze ans, de tels rassemblements interreligieux étaient impossibles au Pakistan. Nous respectons toute personne qui défend la paix et qui rejette l’extrémisme religieux, quelle que soit la foi », a-t-il ajouté. Allama était l’un des douze musulmans qui ont participé à la cérémonie, qui a eu lieu dans la cathédrale du Sacré-Cœur de Lahore, dans la province du Pendjab.
La cérémonie a commencé par une récitation du Coran par Qari Khalid Mehmood, de l’Assemblée du Pendjab, et a pris fin avec la prière pour la paix de saint François d’Assise. Durant son voyage au Pakistan en 2010, le cardinal Tauran avait rencontré le président Asif Ali Zardari à Islamabad. Il lui avait demandé de gracier Asia Bibi, une mère chrétienne qui a été condamnée à mort au nom des lois sur le blasphème. Deux ans plus tard, il avait défendu Rimsha Masih, une fille chrétienne pakistanaise souffrant du syndrome de Down et qui avait été arrêtée pour avoir prétendument brûlé une copie du Coran. À Lahore, le cardinal avait inauguré le Dominican Peace Center durant une cérémonie à laquelle avaient pris part des évêques pakistanais ainsi que des responsables protestants, musulmans, hindous, sikhs et bahaïs.

« Un champion des relations interreligieuses »

Plus tard, il a côtoyé des musulmans et des membres d’autres confessions lors d’une rencontre organisée par la commission nationale de l’archidiocèse de Lahore pour les affaires religieuses et l’œcuménisme. Suite à ce voyage, le personnel du Peace Center a envoyé régulièrement des messages en ourdou pour saluer les responsables musulmans durant la fête de l’Aïd, une des principales fêtes musulmanes, qui marque la fin du Ramadan. Le cardinal Tauran a également offert des bourses d’étude de six mois à trois éducateurs musulmans venus étudier le christianisme au Vatican. Sohail Ahmad Raza, directeur des relations interreligieuses de l’ONG Minhaj-ul-Quran International, fondée en 1980, partage des souvenirs de cette visite : « Un jour, je suis entré dans une église avec la tête couverte. On m’a alors demandé de me découvrir en l’honneur du cardinal, mais ce dernier a vu ce qu’il se passait et il est intervenu », raconte-t-il. « C’était une personne humble et compatissante. Son message d’amour que nous recevions durant les célébrations de l’Aïd nous manquera. »
Mgr Sebastian Shaw, archevêque de Lahore, confie que le cardinal était connu pour ne jamais oublier le nom des gens. Il se souvenait de tous les visiteurs musulmans qu’il recevait du Pakistan, même à un âge avancé et malgré la maladie. « Je sais qu’il a également ressenti beaucoup de douleur suite à la souffrance des musulmans rohingyas », ajoute Mgr Shaw. « Son dernier voyage en Arabie Saoudite était consacré à poser de solides fondations pour des relations rapprochées entre le Saint-Siège et Riyad. Nous savons que nous avons perdu un véritable champion du dialogue interreligieux. »

(Avec Ucanews, Lahore)