Eglises d'Asie

Le gouvernement sri-lankais met à l’honneur Notre Dame de Madhu

Publié le 30/08/2018




Le sanctuaire de Notre-Dame de Madhu, dans le nord du Sri Lanka, est devenu depuis la fin de la guerre civile (1983-2009) un symbole de réconciliation entre Cingalais et Tamouls. Durant le conflit qui a duré près de vingt-six ans, plus de trois mille personnes ont trouvé refuge dans le sanctuaire, comme Mariya, une mère tamoule blessée par un obus durant la guerre. Tous les catholiques du pays ont donc salué la décision du gouvernement sri-lankais de classer le sanctuaire parmi les sites sacrés du pays, reconnaissant l’importance du lieu non seulement pour les catholiques, mais aussi comme symbole d’unité pour le pays.

Chaque année, Jesica Rodrigo est toujours heureuse de participer à la fête du 15 août au sanctuaire de Notre-Dame de Madhu, situé dans le nord du Sri Lanka et qui a célébré cette année ses quatre cents ans. Pour l’occasion, Jesica et sa famille, aux côtés de milliers d’autres fidèles, s’installent pendant une semaine dans un camp à proximité du sanctuaire, où ils peuvent suivre la messe en tamoul, en cingalais et en anglais. Les catholiques, qu’ils soient cingalais ou tamouls, riches ou pauvres, se mêlent les uns aux autres librement tout au long de la fête de l’Assomption. Le sanctuaire a été transféré dans le district de Mannar au XVIe siècle, depuis Mantai dans la péninsule de Jaffna, afin de le protéger des colons néerlandais anticatholiques. La famille de Jesica est originaire de Negombo, une ville d’une riche variété culturelle de la côte ouest du pays.
Avec d’autres, au cours de leur visite à Notre-Dame de Madhu, ils ont pu écouter les hymnes et les prières jaillissant tout au long de la journée depuis les haut-parleurs disposés dans le camp installé au milieu de la jungle. Des prières qui demandent la réconciliation et la prospérité pour le Sri Lanka. En effet, les Tigres de libération de l’Îlam Tamoul, l’organisation indépendantiste tamoule qui a sévi durant la guerre civile (1983-2009) a planté des mines dans la région. Ceci malgré la pression des catholiques auprès des deux camps (Tamouls et Cingalais) pour que le site ne soit pas militarisé. Le 20 novembre 1999, des bombardements ont endommagé l’église, située à 220 kilomètres au nord de Colombo, et tué quarante Tamouls, dont des enfants. Le sanctuaire a abrité des milliers de déplacés internes durant le conflit.

Un symbole de réconciliation dans le pays

En 2008, une mine antipersonnel a explosé près de l’église, tuant vingt personnes dont onze enfants. La famille Rodrigo, comme beaucoup d’autres durant la guerre civile, n’a pas pu se rendre au sanctuaire tout au long du conflit à cause des combats et de la fermeture des routes. À la place, chaque année, ils ont célébré la fête de Notre Dame du Rosaire dans leur paroisse. Les catholiques sri-lankais ont salué la décision du président Maithripala Sirisena de classer le sanctuaire, qui est devenu un symbole de la réconciliation du pays après la guerre civile, parmi les sites sacrés sri-lankais. Le père Victor Soosay, vicaire général du diocèse de Mannar, affirme que des bouddhistes et des hindous, aux côtés des chrétiens et des musulmans, sont venus rendre hommage à l’église et au sanctuaire.
« Le gouvernement a déclaré sacrés beaucoup de sites bouddhistes et hindous, et nous sommes heureux du geste du gouvernement envers l’église de Madhu », se réjouit le père Soosay. Il ajoute que les ministres responsables des Affaires religieuses et du Tourisme, avec l’aide du gouvernement indien, projettent de construire deux cents maisons pour loger les fidèles. Il s’agit du sanctuaire catholique le plus important du pays. Il a été consacré durant la Deuxième Guerre mondiale. Mariya Jeyaratnam, une mère tamoule qui a été blessée par un obus durant la guerre civile, avait trouvé refuge dans l’église tout comme près de trois mille autres civils.
« Chaque fois que nous sommes devenus des réfugiés, avec nos enfants, nous avons accouru pour confier à Marie nos difficultés et notre souffrance », témoigne Mariya, 62 ans. « Nous nous sommes tous regroupés auprès de la statue miraculeuse pour prier jusqu’à minuit », ajoute-t-elle, précisant que les victimes continuent de rechercher la justice. Elle souligne l’importance d’accorder la même attention à toutes les religions. De son côté, Jesica Rodrigo est heureuse que le sanctuaire de Notre-Dame de Madhu jouisse désormais du même « statut » que les sites bouddhistes et hindous. Lors de sa visite au Sri Lanka, le pape François a visité l’église de Madhu où il a appelé les Tamouls et les Cingalais à se pardonner les uns les autres, se souvient Jesica.

(Avec Ucanews, Mannar)


CRÉDITS

Ucanews