Eglises d'Asie – Chine
De nouvelles mesures à l’étude sur les publications religieuses en ligne
Publié le 20/09/2018
Le Chine a été accusée d’essayer d’étouffer les religions après avoir publié une série de mesures destinées à contrôler la publication des informations religieuses sur internet. L’Administration d’État des Affaires religieuses a publié l’ébauche de projet le 10 septembre. Philip, l’administrateur d’un site internet diocésain chinois, décrit ces mesures comme une véritable « prise en étau » qui cherche à imposer un contrôle strict sur les religions, de la vie réelle au monde virtuel, en rendant l’évangélisation en Chine de plus en plus difficile. Il ajoute que la mesure la plus discutable est le fait que tous ceux qui désirent publier des informations religieuses sur internet dans le pays doivent dépendre d’organisations officielles ou légalement reconnues et basées en Chine. De plus, leurs représentants légaux doivent être des résidents de nationalité chinoise. Les auteurs des publications ne doivent pas avoir d’antécédents judiciaires depuis trois ans et ne doivent pas avoir violé les règles et la politique nationale relatives aux religions. Par ailleurs, il serait question de nommer des personnes chargées de contrôler les informations religieuses sur internet, qui seraient familières avec les régulations en vigueur. Les mesures évoquent aussi un système de contrôle de la fiabilité des informations religieuses sur le web et de la sécurité en ligne. Le projet note également l’apport des infrastructures et des ressources nécessaires à l’opération.
Jusqu’à maintenant, les auteurs des informations religieuses devaient simplement demander une autorisation auprès du Bureau national chinois de l’information en ligne, mais ils devraient également obtenir, avec ces nouvelles mesures, l’accord des Affaires religieuses. Celles-ci ajoutent, dans leur rapport, une note précisant que les mesures ont été formulées conformément à la loi sur la cybersécurité, aux régulations sur les publications religieuses sur le net et aux règles sur les affaires religieuses, et qu’elles sont destinées à maintenir « l’harmonie religieuse et sociale ». Philip dénonce ces mesures comme destructives pour les publications individuelles sur les réseaux sociaux, si les internautes ne peuvent plus publier des informations religieuses comme des textes, des images ou des vidéos. Il ajoute que beaucoup de sites diocésains et de comptes publics sur les réseaux sociaux sont enregistrés au nom de membres de l’Église ou de leurs administrateurs. Si ces mesures sont approuvées, tous ces sites pourraient être fermés.
Contrôler pour mieux étouffer les églises domestiques
L’ébauche de projet annonce également que les organisations ou les personnes étrangères, même si elles sont basées en Chine, ne peuvent prendre part aux publications religieuses en ligne. Les mesures précisent aussi que les noms des publications en question ne peuvent contenir aucun des mots suivants : « Chine », « national », « bouddhisme », « taoïsme », « islam », « catholique » ou « chrétien », ni les noms de groupes, d’institutions ou de sites religieux. De plus, les publications religieuses en ligne doivent respecter les principes d’indépendance et d’auto-administration. Elles doivent éviter toute propagande commerciale et toute distribution ou transmission d’articles religieux, d’informations religieuses internes ou de publications illégales au nom de la religion.
Seules les personnes qui en ont reçu l’autorisation ont le droit de prêcher sur leurs propres forums en ligne. Tous les autres ne peuvent ni prêcher, ni enseigner, ni partager des liens ou tout autre contenu. Selon Philip, les autorités ont déjà imposé des restrictions sur l’évangélisation dans la vraie vie, et qu’elles le font désormais de même pour internet, ce qui constitue à ses yeux une grave violation de la liberté d’expression et de la liberté religieuse. Ying Fuk-tsang, directeur de l’école de théologie de la Chinese university of Hong Kong, a confié au Christian Times que les nouvelles mesures ont été étudiées après que le président Xi Jingping a mis en cause, en 2016, le contrôle des religions sur Internet. Ying ajoute que les informations religieuses en ligne, telles qu’elles sont définies dans le projet de l’Administration d’État des Affaires religieuses, couvrent toute forme de publication d’activités religieuses telles que des messes, baptêmes ou encore vénérations du Bouddha, que ce soit sous la forme de textes, d’images, de fichiers audio ou de vidéos. « Ces mesures, ainsi que la répression récente contre les églises domestiques, révèlent que les autorités cherchent à supprimer totalement la possibilité de publier des informations religieuses pour les églises domestiques, puisqu’Internet reste le moyen principal par lequel elles peuvent communiquer », affirme Ying Fuk-tsang.
(Avec Ucanews, Hong-Kong)