Eglises d'Asie – Bangladesh
L’Église bangladaise renforce la protection des enfants
Publié le 28/09/2018
Les évêques bangladais affirment que la protection des enfants est une des priorités pastorales pour l’Église catholique bangladaise. Alors que l’Église rencontre une crise majeure suite aux révélations de nombreuses agressions sexuelles et aux dissimulations, l’Église bangladaise aborde le problème en renforçant les droits et la protection des mineurs à plusieurs niveaux. « Les familles et l’Église doivent jouer un rôle majeur pour protéger les droits des enfants, créer un environnement adapté aux enfants, assurer une formation morale et religieuse et instaurer un système de protection contre les diverses formes d’agression », a déclaré le cardinal Patrick D’Rozario, archevêque de Dhaka. Une session pastorale, organisée à l’archevêché de Dhaka du 20 au 22 septembre, a rassemblé 270 personnes dont des prêtres, des religieux et des laïcs. La réunion portait sur la mise en place d’un programme destiné à renforcer la protection des mineurs, en fixant douze priorités pastorales dont la protection et les droits des enfants, ainsi que la pastorale auprès des travailleurs migrants.
« Souvent, nous nous concentrons avant tout sur les abus sexuels contre des enfants, mais il y a d’autres exemples de la violation des droits des enfants comme l’avortement légalisé. La protection des enfants doit commencer dès le sein maternel, et doit inclure les familles, les écoles, l’Église et l’environnement dans lequel les enfants grandissent », a souligné le cardinal D’Rozario. L’archevêque a ajouté que l’archidiocèse de Dhaka allait fonder un comité pour la protection des enfants dans chaque paroisse, afin de veiller sur leurs droits et de les protéger. Les droits et la protection des enfants sont un appel urgent pour l’Église, rappelle Benedict Alo D’Rozario, ancien directeur général de Caritas Bangladesh et l’un des acteurs du programme. « Il manque encore un certain nombre de mesures à prendre pour la protection des enfants dans les familles, les écoles et dans leur environnement quotidien, et les activités ecclésiales pour le ‘développement de la petite enfance’ n’ont pas été efficaces pour l’instant. Nous devons nous y mettre dès maintenant », ajoute-t-il.
50 % d’enfants concernés
En citant plusieurs enquêtes nationales, Benedict D’Rozario affirme que près de 50 % des enfants bangladais sont concernés, et que dans la plupart des cas, ils sont maltraités par un membre de leur entourage. « Il n’y a pas eu d’enquête réalisée dans l’Église, donc je n’ai aucune idée des abus éventuels commis par des membres de la famille ou par le clergé. Si une enquête est lancée et que des coupables sont révélés, ils devront être jugés comme l’a demandé le pape François », ajoute-t-il. Une mère catholique de trois enfants, qui participait à la session, confie son espérance. « Les abus dans les familles, dans les écoles et dans l’Église entraînent une mentalité négative chez les enfants et les montent contre la société, les institutions et l’Église. Nous savons que l’Église, dans de nombreux pays européens et aux États-Unis, a été ébranlée et souillée par les scandales. Je suis convaincue que l’Église bangladaise va prendre des mesures efficaces pour que cela n’arrive pas ici », confie cette mère de 40 ans, sous anonymat. Le père William Murmu, chancelier du diocèse de Rajshahi dans le nord du Bangladesh, confirme que son diocèse se penche sérieusement sur le problème depuis l’année dernière. « Notre dernière assemblée pastorale portait surtout sur la nouvelle évangélisation, mais la protection des enfants est pour nous une priorité majeure. Depuis l’année dernière, le diocèse organise des séminaires et des programmes de formation sur les droits et la protection des enfants dans les paroisses, les écoles et les internats. C’est très important pour nous », souligne le père Murmu.
(Avec Ucanews, Dhaka)
CRÉDITS
Stephan Uttom / Ucanews