Eglises d'Asie – Bangladesh
Les minorités bangladaises lancent un appel pour la sécurité électorale
Publié le 02/10/2018
Les minorités ethniques et religieuses bangladaises ont lancé un appel au gouvernement afin de demander la sécurité électorale, lors d’un rassemblement des minorités bangladaises qui a eu lieu le 28 septembre dans la capitale, au Suhrawardy Udayan Park de Dhaka. Près de 50 000 personnes ont pris part à l’évènement, dont une majorité d’hindous, de bouddhistes et de chrétiens ainsi que plusieurs groupes ethniques. Le rassemblement était organisé par le Conseil interreligieux bangladais (Bangladesh Hindu Bouddha Christian Oikyo Parishod), en collaboration avec 22 organisations défendant les droits de minorités. Les participants, évoquant les tristes expériences des diverses attaques qui ont eu lieu contre les minorités lors des précédentes élections nationales, ont présenté des demandes qu’ils considèrent comme vitales pour « l’existence et la sécurité des minorités ».
Ils ont demandé au gouvernement d’assurer la sécurité des minorités avant et après les élections, afin d’empêcher les partis politiques de soutenir des candidats qui ont été, directement ou indirectement, responsables de violences contre les minorités. Ils ont également exigé leur représentation au parlement, proportionnellement à leurs effectifs. Par ailleurs, ils veulent que les partis s’engagent à créer un ministère pour les minorités dans leurs programmes électoraux. Les inquiétudes et les demandes des minorités sont légitimes, étant donné que les violences contre elles sont courantes au Bangladesh, explique Anisuzzaman, universitaire renommé, écrivain et professeur émérite de l’université de Dhaka. « Nous avons gagné notre indépendance face au Pakistan en 1971, afin de construire un pays où tous les groupes ethniques et religieux peuvent vivre librement et paisiblement. Toutefois, nous constatons que les minorités sont constamment attaquées par la majorité. C’est extrêmement triste et cela doit s’arrêter », ajoute Anisuzzaman, musulman. « Nous devons rassembler nos forces afin de lutter contre le communautarisme et le fanatisme dans le pays. »
Moins de 1 % de chrétiens
Sultana Kamal, avocate, est connue pour sa défense des Droits de l’Homme dans le pays et partage ces sentiments. « Pourquoi cela nous arrive-t-il, après 47 ans d’indépendance ? L’État n’a pas su faire de notre pays une terre où les différentes confessions peuvent vivre ensemble avec dignité en respectant leurs droits, et un environnement favorable à la croissance et à la prospérité sans inégalités », regrette Kamal, également musulmane. Shahriar Kabir, journaliste, écrivain et réalisateur, assure que les minorités ont subi près de 10 000 cas de violation des Droits de l’Homme depuis 2005, et la plupart d’entre eux sont des attaques politiques ou relèvent tout simplement de la pure malveillance. « Si le Bangladesh peut avoir un ministère distinct pour les districts des montagnes [Chittagong Hill Tracts], il n’y a pas de raison que nous ne puissions avoir un ministère pour les minorités, afin de répondre aux problèmes qu’elles rencontrent à un niveau national », poursuit Kabir. Nirmol Rozario, catholique et président de la Bangladesh Christian Association, affirme que ces demandes ont été répétées depuis des années, mais que les gouvernements ont tous ignoré ces appels. « Pour les prochaines élections, nous voulons des candidats qui soutiennent les intérêts et les droits des minorités. Nous ne voulons pas voter pour ceux qui ont mis à mal les minorités dans le passé, de multiples manières », défend Nirmol.
Les musulmans représentent près de 90 % des 160 millions d’habitants du Bangladesh. Les hindous représentent 8 % de la population. Les 2 % restants comprennent les bouddhistes et les chrétiens. Les minorités ethniques représentent environ trois millions de personnes. Le Bangladesh organise des élections parlementaires tous les cinq ans. Le parlement compte 350 sièges, dont 50 sont réservés aux femmes, mais aucun siège n’est réservé aux minorités. En général, celles-ci votent très largement pour la Ligue Awami, un parti semi-séculier, ce qui fait d’eux les ennemis des islamistes radicaux. Avant et après les élections nationales de 2001 et de 2014, des centaines de personnes, dont une grande partie d’hindous, ont subi les attaques des islamistes radicaux et de leurs alliés pour avoir voté pour la Ligue Awami.
(Avec Ucanews, Dhaka)
CRÉDITS
Raphael Palma / Ucanews