Eglises d'Asie

Les services d’immigration redoublent la répression contre les chrétiens pakistanais

Publié le 10/10/2018




Les autorités thaïlandaises voient les réfugiés et les demandeurs d’asile comme de simples immigrés illégaux. Ainsi, selon les sources, les services d’immigration dans le pays semblent avoir renforcé la répression contre des milliers d’immigrés illégaux, dont les chrétiens pakistanais qui viennent se réfugier dans le pays en tant que minorité religieuse persécutée. La semaine dernière, des dizaines d’étrangers vivant ou travaillant illégalement dans le pays – sans visa valide ou permis de travail – ont été arrêtées par les autorités. Les immigrés pakistanais attendent de pouvoir être envoyés dans un pays tiers en tant que réfugiés et refusent de retourner dans leur pays où ils craignent les persécutions.

La situation des milliers de réfugiés et demandeurs d’asile de Bangkok semble avoir empiré, selon les sources qui affirment que les services d’immigration thaïlandais ont accéléré la répression contre les immigrés illégaux dont le visa est expiré. La semaine dernière, des dizaines d’étrangers résidant ou travaillant illégalement dans la capitale thaïlandaise ont été arrêtées suite à la promesse du commandant de police à la tête de l’Immigration, le général de division Surachet Hakpan, de se montrer plus ferme contre les détenteurs de visas arrivés à expiration. Parmi les 59 personnes qui ont été détenues pour une journée se trouvaient six migrants apatrides qui, selon les autorités, résidaient à Bangkok illégalement. Des chrétiens pakistanais ont également été arrêtés ces derniers jours, alors qu’ils cherchaient asile dans le pays en tant que membres d’une minorité religieuse persécutée. Parmi eux se trouvent les quatre membres d’une famille chrétienne pakistanaise, qui ont fui par peur des persécutions religieuses croissantes dans leur pays. Ils ont été arrêtés dans un appartement modeste qu’ils louaient dans la capitale, selon d’autres chrétiens pakistanais demandeurs d’asile. La famille a été placée au Centre de détention de Bangkok où des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants patientent dans des conditions misérables, souvent durant plusieurs semaines, plusieurs mois voire parfois plusieurs années.

« Je ne me sens jamais en sécurité »

Les autorités thaïlandaises voient les réfugiés et demandeurs d’asile comme de simples immigrés illégaux et ne leur accordent aucun traitement ou privilège particulier. « Le renforcement de la répression des services d’immigration et le manque de compassion qu’ils démontrent sont particulièrement décourageants, d’autant plus que cela survient à un moment où des articles tombent dans la presse thaïlandaise presque tous les jours à propos de la cupidité et la corruption des officiers de l’immigration », dénonce un défenseur des droits des réfugiés et membre d’une organisation catholique basée à Bangkok, qui souhaite rester anonyme. Cette nouvelle répression a surpris les milliers de chrétiens pakistanais qui sont venus chercher asile à Bangkok, en attendant de pouvoir être envoyés dans un autre pays tiers en tant que réfugiés. Beaucoup d’entre eux sont venus en Thaïlande avec des visas touristiques et se sont retrouvés coincés là, en attendant de voir leur situation évoluer. Ils ont peur de retourner dans leur pays mais d’un autre côté, ils n’ont pas pu obtenir le statut de réfugiés des Nations Unies qui leur assurerait une protection contre les arrestations.
La plupart des chrétiens pakistanais qui vivent illégalement dans le pays, souvent depuis des années, passent leur temps à se cacher dans des logements à loyers modérés, craignant sans cesse que les services d’immigration viennent frapper à leur porte. Ils vivent souvent de l’aide des organisations catholiques locales. Certains ont pu trouver du travail illégalement, même si quelques-uns songent à démissionner de peur d’être arrêtés par les autorités en chemin ou au retour du travail. « Je ne me sens jamais en sécurité quand je pars de chez moi, en particulier ces temps-ci », confie un chrétien pakistanais qui travaille dans un hôtel à mi-temps. Ils craignent également que la répression amène certains employeurs à refuser d’embaucher des étrangers sans visa valide ou permis de travail. Selon les médias thaïlandais, Surachet Hakpan a demandé aux services d’immigration de surveiller les étrangers dans leurs quartiers et d’arrêter toute personne vivant ou travaillant illégalement dans le pays. « Nous étions déjà en mauvaise position, mais maintenant, les choses risquent d’empirer », craint l’un d’entre eux, Pakistanais et demandeur d’asile.

(Avec Ucanews)