Eglises d'Asie

L’action d’une religieuse sri-lankaise auprès des handicapés

Publié le 10/10/2018




Les centres Mardap, fondés par sœur Josephine Marie en 2002, sont consacrés aux enfants et aux jeunes souffrant de handicaps. Suite à la guerre civile sri-lankaise, qui a duré 26 ans et qui a pris fin en 2009, beaucoup d’enfants se sont en effet retrouvés orphelins, ou souffrant de traumatismes ou de handicaps. Wanasingam Dilani, qui enseigne à Mardap auprès des enfants, confie que malgré leur frustration, beaucoup finissent par s’en sortir grâce aux centres ouverts par la religieuse. En 2012, le Sri Lanka comptait environ 8,7 % de personnes souffrant d’un handicap, dont une grande partie âgée entre 15 et 29 ans.

Entre ceux qui sont devenus orphelins, ceux qui souffrent de traumatismes ou encore de handicaps physiques, des centaines d’enfants du district de Mannar ont été affectés par la guerre civile sri-lankaise, qui a duré 26 ans et qui a pris fin en 2009. Certains ont perdu des membres dans les bombardements, et d’autres restent hantés par les mémoires de la guerre, confie sœur Joséphine Marie, des Sœurs de la Sainte Famille. Au sein de l’Association Mannar pour la réhabilitation des personnes handicapées (Mardap), qu’elle a lancée en 2002, elle accompagne des personnes amputées, muettes ou aveugles. « Nous avons identifié presque 2 000 enfants de la région qui ont des handicaps physiques ou mentaux », explique-t-elle. « Nous essayons de les réinsérer peu à peu dans le système d’éducation classique. » Elle rend également visite aux familles vivant dans les régions qui ont été particulièrement touchées par les conflits, à la recherche des familles ayant au moins un membre touché par une forme de handicap, afin d’aider ces familles à se relever. Beaucoup de parents lui ont demandé d’ouvrir un programme spécifique pour ces personnes, vu leurs difficultés à s’adapter à l’environnement scolaire « normal » des écoles publiques. Cette demande a incité la religieuse à fonder l’association Mardap. « Quand les enfants remportent des médailles ou des diplômes dans des évènements sportifs ou dans d’autres compétitions, cela les aide à prendre confiance en eux », assure-t-elle. « Leurs parents sont par ailleurs très heureux de voir leurs enfants progresser et de découvrir ce dont ils sont capables », ajoute sœur Marie, actuellement à la tête de l’organisation. Avec Mardap, ceux qui souffrent de handicaps peuvent recevoir des formations, découvrir des façons de gagner leur vie simplement, apprendre le langage des signes, être pris en charge par les services de santé et participer à des programmes sportifs et culturels.

8,7 % de personnes handicapées

Le gouvernement a signé la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées en 2007 et l’a ratifiée en 2016, presque une décennie plus tard. Mardap fournit des formations pour les jeunes, en leur apprenant par exemple à faire des bougies ou des paillassons entre autres artisanats. Elle leur fournit aussi des formations informatiques. L’association a sauvé plus de 250 femmes en les aidant à se former ou à trouver du travail. « Nous organisons aussi des cours de yoga et d’autres formes d’exercices physiques. Nous leur proposons des cours de théâtre, de danse ou encore d’expression orale », explique la religieuse. « Nous utilisons même des ânes, pour amener les enfants à canaliser leur colère et leurs émotions négatives en prenant soin des animaux. » L’association Mardap compte aujourd’hui deux centres, à Mannar et à Murunkan. Selon les statistiques de l’OMS, plus d’un milliard de personnes vivent avec une forme de handicap dans le monde, soit 5,1 % des moins de quinze ans. Au Sri Lanka, 8,7 % des habitants avaient un handicap en 2012, dont la majorité étaient âgés entre 15 et 29 ans, selon les données du Département sri-lankais du recensement et des statistiques.
Wanasingam Dilani, 33 ans, travaille à Mardap depuis trois ans. Elle confie s’être déjà préparée à cela en s’occupant de ses proches : son frère est muet tandis que sa mère, sa tante et son oncle sont sourds. Dilani explique que l’association propose un service de ramassage scolaire aux enfants. Près de trente enfants viennent suivre ses cours régulièrement, précise-t-elle. Toutefois, enseigner peut être un défi. Les enfants s’attaquent souvent à leurs camarades ou jettent leurs affaires au sol par frustration, ajoute-t-elle. « Cela prend du temps pour se rapprocher d’eux et pour les amener à vous faire confiance », confie-t-elle. « Mais avec le temps, on devient amis. » Elle assure que beaucoup de parents sont heureux que leurs enfants puissent se rendre dans une école gratuite près de chez eux, mais d’autres ont peur de les laisser quitter la maison. « En général, ceux qui persévèrent progressent beaucoup », insiste Dilani. Au moins seize enfants sont sortis « diplômés » de Mardap avant de retourner avec succès dans le système éducatif classique. Edin Figurado, 41 ans, travaille comme manager au sein de l’association malgré les béquilles dont il a besoin pour se déplacer. Il explique que Mardap encourage les jeunes en versant de petites sommes d’argent sur leur compte en banque pour leur apprendre à l’investir dans l’artisanat ou dans d’autres façons de gagner de l’argent. Sans ce type de programmes, « ils resteraient chez eux et ils manqueraient de confiance en eux », affirme-t-il. « Avant, j’étais terrifié à l’idée de parler en public, mais j’ai pu dépasser cela grâce au programme de leadership lancé par sœur Marie. »

(Avec Ucanews, Mannar)