Eglises d'Asie

Refus de visa : un journaliste britannique forcé de quitter Hong-Kong

Publié le 16/10/2018




Le 12 octobre, Victor Mallet, un journaliste britannique travaillant à Hong-Kong pour le Financial Times a publié une photo depuis l’aéroport international de Hong-Kong, afin de signaler qu’il partait à l’étranger. Son visa de travail n’a pas été renouvelé par les autorités, forçant le journaliste à partir et provoquant une vive polémique à Hong-Kong et dans le monde à propos de la liberté d’expression et de la liberté de la presse dans la région administrative spéciale. Celles-ci ont pourtant été garanties après la rétrocession de Hong-Kong à la Chine en 1997, provoquant donc l’inquiétude des médias hongkongais à propos d’une érosion progressive des droits fondamentaux.

Un journaliste britannique, basé à Hong-Kong de longue date, a dû quitter la Région administrative spéciale après le refus des autorités de renouveler son visa de travail. Une décision qui est vue comme une attaque inédite contre la liberté d’expression. Victor Mallet, rédacteur en chef de la section asiatique du Financial Times, a publié une photo le 12 octobre, prise depuis l’aéroport international de Hong-Kong, en informant qu’il quittait le pays. « Vous avez marqué un tournant décisif pour la destinée de Hong-Kong », a-t-il commenté. La plupart des observateurs estiment que le refus de renouveler son permis de travail est lié à son rôle en tant que vice-président de Club des correspondants étrangers de Hong-Kong (HGFCC). Le rejet survient deux mois après que les autorités chinoises et hongkongaises s’en sont prises au club pour avoir accueilli en août Andy Chan, un militant pour l’indépendance de Hong-Kong, comme intervenant. L’affaire a déclenché de vifs débats, localement et à l’échelle internationale, à propos de la liberté d’expression, pourtant garantie par la Chine après la rétrocession de Hong-Kong en 1997.
Victor Mallet était président du HKFCC au moment de l’affaire et il présidait l’évènement. Il n’était pas à Hong-Kong quand le renouvellement de son visa a été refusé, mais il a pu revenir dans la ville le 7 octobre grâce à un visa touristique de sept jours, au lieu du visa de six mois habituellement délivré par les autorités aux Britanniques. En s’adressant à la radio RTHG le 12 octobre, Carrie Lam Cheng Yuet-ngor, chef de l’exécutif de Hong-Kong, a affirmé que le département de l’immigration ne pouvait pas dévoiler les raisons derrière le refus d’un visa de travail. Interrogée sur l’influence éventuelle de Pékin sur la décision, elle a répondu que les questions d’immigrations relèvent du gouvernement de Hong-Kong. L’an dernier, elle avait également commenté le refus de visa d’un militant britannique, en déclarant que le gouvernement chinois avait autorité quand « les questions d’immigration relèvent des affaires internationales ». Relancée à propos de cette affaire, elle a refusé de comparer les deux évènements.

Une attaque contre liberté de la presse

Le HKFCC a souligné que la décision a entraîné de vives inquiétudes à Hong-Kong et dans le monde entier. « Ce refus suggère que la liberté d’expression n’est plus garantie dans certains domaines spécifiques », a déclaré le club dans un communiqué publié le 12 octobre. « En l’absence de raisons officielles ou d’explication claire, cette décision semble arbitraire et sans aucun fondement juridique et entraîne un environnement de travail impossible pour les médias. » Le ministre britannique des Affaires étrangères, Jeremy Hunt, a déclaré le 9 octobre qu’en l’absence d’explications du refus par les autorités, il ne peut que conclure qu’il s’agit d’un geste politique. « J’appelle les autorités hongkongaises à revenir sur leur décision – la confiance envers les droits et les libertés de Hong-Kong est une composante essentielle de sa réussite future », a-t-il déclaré.
Dans un éditorial publié ce week-end, le Financial Times a souligné que le refus « envoi un message inquiétant à toute la population hongkongaise, rappelant la pression de Pékin sur le territoire et l’érosion progressive des droits fondamentaux ». Jackie Hung, de la commission justice et paix du diocèse de Hong-Kong, a déclaré que l’affaire entachait la liberté d’expression et de la presse, garanties par la déclaration commune sino-britannique, par les lois hongkongaises et par les conventions internationales des Droits de l’Homme. « Est-ce que cela veut dire que les autres personnes travaillant à Hong-Kong ne peuvent pas agir ou s’exprimer à l’encontre de la position du gouvernement, à moins d’être traitées de la même manière et d’être expulsées ? » a-t-elle demandé. Selon Amnesty International, le refus de visa est une forme de « vengeance politique » qui aura des conséquences néfastes sur la liberté de la presse à Hong-Kong.

(Avec Ucanews, Hong-Kong)