Eglises d'Asie – Birmanie
À Mandalay, un centre éducatif multiculturel pour les étudiants catholiques
Publié le 06/03/2019

250 jeunes déjà formés par le centre
C’est en voyant tant de jeunes birmans au chômage ou en difficulté que le prêtre s’est décidé à fonder le centre. « L’éducation leur permet de poser des fondations pour améliorer leurs perspectives d’avenir, et cela les conduit également vers une société démocratique », assure-t-il. Le prêtre de 72 ans, qui vit en Birmanie depuis 12 ans, estime que le système éducatif birman a été trop longtemps négligé par le régime militaire, au pouvoir durant plusieurs décennies. Sa pédagogie consiste à abandonner la méthode du « par cœur » pour soutenir la pensée critique, tout en améliorant la formation des enseignants. « Nous utilisons une approche holistique et nous incitons les étudiants à penser par eux-mêmes, ce qui est particulièrement important pour le pays », poursuit le père Magill. Le prêtre se dit impressionné par l’engagement des jeunes, impatients d’apprendre afin de mieux préparer leur avenir. Alors que les étudiants viennent de différentes origines culturelles et ethniques, ils ont ainsi l’occasion d’en apprendre davantage sur les autres communautés. « C’est une approche multiethnique, afin de susciter le respect et la compréhension entre eux », explique le père Magill. Le centre HEC de Mandalay a déjà formé environ 250 étudiants. Certains travaillent aujourd’hui pour la Caritas birmane (appelée « Karuna »), pour des écoles catholiques et pour des ONG. Six d’entre eux poursuivent actuellement leurs études aux Philippines, et trois d’entre eux ont obtenu un MBA au sein d’une université de Bangkok, en Thaïlande. Certains continuent également de soutenir le centre en économisant sur leurs salaires.
Grâce à des donateurs irlandais, à l’aide de l’Aide à l’Église en Détresse et celle de Missio, le centre peut financer les repas, les salaires du personnel, l’électricité, l’accès à internet et l’achat du matériel et des fournitures… Le manque de logements est également un défi, alors que le père Magill aimerait accepter davantage d’étudiants. Durant l’année scolaire 2019-2020, le centre n’a pu accepter que 53 étudiants sur 127 candidats. « J’étais désolé de voir que certains candidats pleuraient quand ils ont appris qu’ils n’étaient pas reçus », confie le prêtre, qui travaille aux côtés d’un prêtre birman. Christina Thiri Soe Moe Oo, une étudiante en troisième année du village de Maygon, dans l’archidiocèse de Mandalay, explique que le programme l’a aidée à mieux s’ouvrir et communiquer. « Avant d’intégrer le centre, notre objectif était de devenir médecins ou ingénieurs. Mais nous avons découvert qu’il nous fallait discerner ce que nous voulions devenir, ce que nous voulions faire de notre vie », ajoute Christina, 19 ans, qui voudrait poursuivre ses études à l’étranger pour se spécialiser dans la formation des adultes. Lawrence Zung Hlei Bik, de l’État Chin, diplômé en septembre 2018, se réjouit d’avoir pu approfondir ses compétences au centre, qui l’a aidé à suivre ses rêves. « J’aimerais poursuivre mes études à l’étranger si je le peux », confie Lawrence, qui travaille actuellement comme volontaire en centre HEC, où il enseigne l’anglais. La Birmanie est sortie de plusieurs décennies de dictature militaire quand la Ligue nationale (LND) de la conseillère d’État Aung San Suu Kyi a remporté les élections en 2015. Les critiques ont longtemps dénoncé la junte birmane pour avoir négligé le système scolaire du pays.
(Avec Ucanews, Mandalay)
CRÉDITS
Ucanews
