Eglises d'Asie

Appel de la Rapporteuse spéciale de l’Onu en Birmanie après une dernière mission

Publié le 28/01/2020




La Rapporteuse spéciale des Nations unies en Birmanie, Yanghee Lee, s’est rendue en Thaïlande et en Birmanie du 15 au 23 janvier pour une dernière mission. Malgré une nouvelle demande de la psychologue sud-coréenne, qui souhaitait pouvoir se rendre en Birmanie, son interdiction d’entrée dans le pays, qui avait été annoncée en décembre 2017, a été maintenue par le gouvernement birman. En dépit des accusations de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et des soupçons de génocide qui pèsent sur la Birmanie, Yanghee Lee assure qu’elle continue de croire en la transition démocratique promise par le gouvernement actuel. Elle appelle ce dernier à changer de cap en « assumant ses responsabilités » et en favorisant le développement d’une nation « inclusive, libre, démocratique et respectueuse des droits ».

Yanghee Lee, Rapporteuse spéciale de l’Onu en Birmanie, en mandat depuis 2014, a effectué une dernière mission en Thaïlande et au Bangladesh du 15 au 23 janvier.

Yanghee Lee, psychologue sud-coréenne et Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme en Birmanie, a été interdite d’entrée dans le pays depuis décembre 2017. Elle assure qu’elle veut toujours croire dans la transition démocratique birmane, en dépit des graves accusations d’abus qui doivent toujours être traitées. La Sud-Coréenne partage ses espérances et ses craintes après sa dernière mission au Bangladesh et en Thaïlande, du 15 au 23 janvier. « Comment être optimiste face aux multiples accusations de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et peut-être même de génocide commis en Birmanie, et alors que la justice n’a pas encore été rendue ? Pourtant, je crois encore en la transition démocratique qui a été promise, parce que le gouvernement birman peut encore changer de voie. Mais il doit assumer ses responsabilités, ses devoirs et ses obligations », a-t-elle déclaré. Yanghee Lee, qui enseigne à l’université Sungkyunkwan de Séoul, a appelé la communauté internationale à « garder à l’esprit les preuves crédibles de crimes contre l’humanité, de crimes de guerre et de génocide dans ses relations avec la Birmanie ». « Faire comme si de rien n’était, cela ne fera que permettre à cette situation désastreuse de se maintenir », a-t-elle averti. La psychologue a assuré que la Birmanie a les moyens de changer de cap, d’éviter de « retomber dans la période prétransition » et de favoriser le développement d’une nation « inclusive, libre, démocratique et respectueuse des droits ».

Ordonnance de la Cour internationale de justice

Le 23 janvier, la Cour internationale de justice (CIJ) a confirmé une ordonnance demandant à la Birmanie de prendre toutes les mesures possibles pour empêcher les violences physiques et psychologiques contre la minorité rohingya, que ce soit par l’armée ou par des groupes armés non officiels. La Birmanie doit remettre un rapport à la CIJ dans les quatre mois, puis d’autres rapports tous les six mois jusqu’à une décision finale de la CIJ sur cette affaire. Yanghee Lee, qui est chargée du mandat de Rapporteuse spéciale depuis 2014, a rendu des visites semestrielles en Birmanie jusqu’à son interdiction d’entrée annoncée fin 2017. La Birmanie a longtemps nié les accusations de génocide et la plupart des accusations de violences militaires, affirmant que ses actions, lors de la répression de 2017, étaient destinées à protéger le pays contre les militants rohingya. La Birmanie a déjà rejeté les rapports précédents des Nations unies comme étant erronés, et n’a pas autorisé les enquêteurs de l’ONU à entrer dans l’État d’Arakan (Rakhine). Yanghee Lee a confié sa déception d’apprendre que la Birmanie n’est pas revenue sur sa décision de l’empêcher d’entrer dans le pays. « En tant que Rapporteuse spéciale, je dois dire la vérité. Dès le début de mon mandat, je leur ai dit que j’étais engagée à appeler les choses par leur nom », a-t-elle déclaré. « Bien sûr, pour le gouvernement birman, la vérité dont je parlais ne leur plaisait pas », a ajouté Yanghee Lee, qui doit présenter son rapport au Conseil des droits de l’homme en mars. Aung Myo Min, directeur général de l’ONG Equality Myanmar, confie que le pays doit collaborer avec les Nations unies face aux énormes pressions internationales à propos des accusations d’abus. « Maintenant, le pays doit montrer la vérité et la réalité sur ce qu’il s’est passé à Rakhine, en permettant aux envoyés des Nations unies et aux enquêteurs d’y accéder », souligne-t-il, ajoutant que l’incapacité des envoyés de l’ONU à entrer dans le pays a pu susciter l’inquiétude et le doute de la communauté internationale vis-à-vis des abus commis.

(Avec Ucanews, Mandalay)

Crédit : UN Geneva (CC BY-NC-ND 2.0)