Eglises d'Asie – Thaïlande
Après presque 100 ans de présence, les carmélites de Bangkok marquent les 150 ans de sainte Thérèse
Publié le 30/09/2023
Après bientôt cent ans de présence dans le pays, les carmélites thaïlandaises, de l’ordre des Carmes déchaux, sont bien connues des catholiques locaux. Elles sont parfois surnommées « She-lab » (ชีลับ) et « She-meud » (ชีมืด), des appellations liés à la vie cloîtrée et mystérieuse du Carmel, mais qui sont toutefois péjoratives et entrent dans le langage courant des croyants autochtones.
Près de 60 carmélites sont actuellement présentes en Thaïlande. Elles sont réparties en quatre couvents dans quatre provinces différentes : Bangkok, Chantaburi, Nakornsawan et Nakhon Pathom. Les produits de leur fabrication sont différents d’un couvent à l’autre. Les carmélites du couvent de Bangkok vendent ainsi des hosties et des chapelets, tandis que celles de Nakhon Pathom proposent principalement de la biscuiterie. Jusqu’à ce jour, cependant, l’avenir de la congrégation dans le pays pose question pour les catholiques thaïlandais, alors que les membres vieillissent, souvent malades. Certains couvents ne reçoivent aucune postulante depuis des années.
Bien que cette année marque l’anniversaire des 150 ans de la naissance de Thérèse de Lisieux, les carmélites thaïlandaises ont choisi de vivre cela de manière simple. Deux messes, présidées par des évêques thaïlandais, sont célébrées dans la chapelle du carmel de Bangkok ce dimanche 1er octobre 2023, un jour de grande fête aussi bien pour les carmélites que pour les catholiques proches de sainte Thérèse dans l’archidiocèse. Un livret de neuvaine sera également offert. Par ailleurs, les carmélites, aidées par un certain nombre de volontaires, travaillent ensemble pour faire connaître le combat spirituel de sainte Thérèse, en vue de préparer un document qui sera également à la disposition des fidèles.
« Même les non-chrétiens viennent ici »
C’est en 1925 que le premier couvent des carmélites a été fondé à Bangkok, dans le quartier de Silom, devenu aujourd’hui le quartier d’affaires de la capitale. Après une visite au carmel Notre-Dame de l’Espérance à Phnom Penh (Cambodge), Mgr René Perros, alors évêque de Bangkok, a invité la Mère Anne de Jésus-Marie, supérieure du couvent de Phnom Penh, à fonder un premier carmel en Thaïlande. Douze religieuses ont été envoyées à Bangkok, où elles ont été logées provisoirement chez les sœurs de Saint-Paul de Chartres en attendant la construction de leur couvent.
Aujourd’hui, des catholiques se rendent régulièrement dans la chapelle du carmel pour prier et déposer des intentions de prière. À Bangkok, certains croyants choisissent de confier des souffrances particulières à sainte Thérèse de Lisieux. « On commence à connaître et aimer sainte Thérèse, lorsqu’on la supplie qu’elle vienne aider à surmonter des problèmes et difficultés comme le chômage ou l’infertilité… », raconte Mère Thérèse de l’Enfant-Jésus, supérieure actuelle du carmel de Bangkok. « Même les non-chrétiens viennent ici pour prier sainte Thérèse de Lisieux, et ils reçoivent ce qu’ils demandent », ajoute-t-elle.
« Ce sont les pères français qui ont parlé de sainte Thérèse pour la première fois »
La religieuse explique aussi combien sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus est populaire même chez les non-chrétiens, par exemple parmi ceux qui ne veulent pas faire leur service militaire. Au mois d’avril de chaque année, le carmel de Bangkok reçoit des pastèques offertes par des non-chrétiens, en guise de gratitude à sainte Thérèse dont la prière leur a permis d’échapper à la conscription.
Pour les catholiques thaïlandais, cet attachement à sainte Thérèse s’explique vraisemblablement par l’histoire de l’Église en Thaïlande, fondée par les missionnaires français des Missions Étrangères de Paris (MEP). « Ce sont les pères français qui ont parlé de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus pour la première fois », précise la supérieure du couvent Carmélite de la capitale.
Sainte Thérèse étant patronne des missions, son nom est porté par de nombreuses catholiques thaïlandaises, quel que soit l’âge. Wipada Pukeartkul, marquée par la simplicité de la sainte, l’a choisi comme nom de baptême. « Je suis inspirée par son amour pour Dieu. Sa vie est pour moi un signe qu’il n’est pas nécessaire de faire de grandes choses pour exprimer un véritable amour pour le Seigneur, mais qu’il suffit de l’aimer authentiquement et de faire des choses ordinaires, même si ce sont de toutes petites choses de la vie quotidienne. »
(EDA / Tanya Leekamnerdthai)
CRÉDITS
Tanya Leekamnerdthai