Eglises d'Asie

Après sa visite dans l’archidiocèse de Pékin, Mgr Stephen Chow souhaite plus de dialogue

Publié le 16/05/2023




De retour de sa visite à Pékin, Mgr Stephen Chow Sau-yan, évêque de Hong-Kong, est revenu sur son voyage du 17 au 21 avril en Chine continentale en soulignant la nécessité d’un dialogue « plus régulier et approfondi ». « Selon moi, l’accord n’est pas mort », a-t-il confié en évoquant l’accord provisoire signé entre le Vatican et la Chine sur la nomination des évêques. « Il est nécessaire d’ouvrir le dialogue entre le gouvernement et l’Église. Pour le bien du pays, nous devons aider le gouvernement à devenir meilleur », a-t-il insisté.

Mgr Stephen Chow Sau-yan, évêque de Hong-Kong.

Après sa visite dans l’archidiocèse de Pékin, Mgr Stephen Chow Sau-yan, évêque de Hong-Kong, a déclaré que le dialogue est la seule solution pour l’avenir des relations du Vatican avec le gouvernement chinois et avec les communautés catholiques chinoises. Mgr Chow s’est rendu en Chine continentale du 17 au 21 avril à l’invitation de Mgr Joseph Li Shan, archevêque de Pékin et président de l’Association patriotique des catholiques chinois (APCC). Il s’agit de sa première visite à Pékin depuis son ordination épiscopale en 2021. Mgr Chow s’est confié sur son voyage auprès du père Antonio Spadaro, rédacteur en chef du journal jésuite La Civiltà Cattolica. L’interview intégrale a été publiée le 12 mai.

En 2018, le Vatican et le gouvernement chinois ont signé un accord provisoire sur la nomination des évêques, devant être élus par la communauté catholique en Chine et approuvés par le pape avant leur ordination et leur installation. L’accord a été renouvelé en 2020 et en 2022. Mais en avril, les autorités chinoises ont transféré Mgr Joseph Shen Bin, évêque de Haimen, dans le diocèse de Shanghai sans l’accord du Vatican. Et en novembre, un mois après le dernier renouvellement de l’accord, le Saint-Siège a émis pour la première fois des doutes publiquement en accusant le gouvernement chinois d’avoir violé l’accord, quand Mgr John Peng Weizhao, évêque de Yujiang, a été installé comme évêque auxiliaire de Jiangxi, « un diocèse non reconnu par le Saint-Siège ».

La nécessité d’un dialogue plus régulier et approfondi

Interrogé sur ces décisions, Mgr Chow a assuré que « selon moi, l’accord n’est pas mort, contrairement à ce que certains semblent avoir suggéré ». Toutefois, il a reconnu qu’il y a « des désaccords entre les deux parties concernant l’affectation d’évêques dans d’autres diocèses », plutôt que sur la sélection de prêtres devant être ordonnés évêques. Il a ajouté que cette question exige « une meilleure entente ». « Par conséquent, un dialogue plus régulier et approfondi pourrait contribuer à minimiser toute confusion à l’avenir », a-t-il confié.

Il a également évoqué la « sinisation » de l’Église catholique en Chine, un autre domaine qui nécessite davantage de dialogue. Beaucoup de critiques en Chine et à l’étranger décrivent cela comme une idéologie politique destinée à imposer des règles strictes aux communautés et institutions, afin de soutenir et promouvoir les « valeurs fondamentales » du socialisme, l’autonomie et la primauté de l’autorité du Parti communiste chinois. « Mon sentiment, c’est que l’Église en Chine continentale cherche toujours à définir ce que la sinisation doit signifier pour elle. Aucune définition définitive n’a encore été proposée. C’est pourquoi il serait utile pour nous de dialoguer avec eux via des séminaires, pour que nous puissions partager avec eux le sens et les implications de ‘l’inculturation’, qui répond à certaines de leurs interrogations sur la sinisation », a commenté l’évêque.

« Selon un des responsables politiques que nous avons rencontrés durant le voyage, la sinisation est similaire à notre concept d’inculturation », a-t-il ajouté. « Donc je pense que le mieux serait d’éviter les conclusions hâtives concernant la sinisation pour le moment. Il serait plus utile de soutenir davantage de dialogue sur ce sujet. »

« Pour le bien du pays, nous devons aider le gouvernement à devenir meilleur »

Lors d’une messe célébrée le dernier jour de sa visite à Pékin, Mgr Chow a prié l’Esprit Saint de « nous guider pour que nous puissions apprendre à aimer à la fois notre pays et notre Église ». Cette prière, citée largement sur les réseaux sociaux, a suscité des critiques que l’évêque hongkongais a commentés durant l’interview.

Selon lui, l’Église catholique enseigne que l’amour et le respect pour son pays sont justes, et que les citoyens ont le devoir de contribuer à la construction d’une société meilleure. « Quel est le plus grand atout pour un pays. Sans aucun doute, c’est son peuple. C’est pourquoi aimer son pays, cela signifie aimer ceux qui y vivent », a-t-il poursuivi. « Concernant l’Église, ses plus grands trésors dans le monde ne doivent pas être les églises mais le peuple de Dieu », a-t-il confié.

« Aimer son pays, cela veut dire que la dignité de son peuple doit être prioritaire. Je crois que tout gouvernement responsable doit avoir cela à l’esprit, même si les approches peuvent varier selon différents facteurs », a-t-il ajouté. « Les gens peuvent ‘bien’ vivre quand leur gouvernement remplit sa mission. Le contraire est également vrai. C’est pourquoi, il est nécessaire d’ouvrir le dialogue entre le gouvernement et l’Église. Pour le bien du pays, nous devons aider le gouvernement à devenir meilleur. »

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Ucanews