Eglises d'Asie – Pakistan
Archidiocèse de Lahore : les vocations rurales constituent un pilier pour l’Église au Pakistan
Publié le 12/07/2022
Récemment, 58 jeunes hommes catholiques issus de différentes familles urbaines pakistanaises ont participé à un séminaire vocationnel baptisé « Venez, et vous verrez » (Jn 1, 35). L’initiative, organisée au Petit Séminaire Sainte-Marie de Lahore, est apparue comme un signe positif. Les participants au séminaire ont eu droit à une visite guidée du séminaire et à la présentation d’un document sur cette maison comptant une trentaine de séminaristes, dont une majorité issus de bidonvilles urbains et de villages ruraux de la république islamique d’Asie du Sud.
L’histoire de cette maison est semblable à celle du Petit Séminaire Saint-Thomas l’Apôtre de Faisalabad, à près de 180 km à l’ouest de Lahore, où 15 des 25 séminaristes viennent de régions rurales. « Cela a été la tendance dès le départ. Les contacts constants avec les villages influencent la jeunesse rurale », confie le père Francis Bashir, ancien vicaire général du diocèse de Faisalabad. Ces villages chrétiens sont un pilier pour l’Église au Pendjab, qui compte près de 2,06 millions de chrétiens. Les trois diocèses catholiques de Lahore, Faisalabad et Multan dépendent en grande partie de ces jeunes de milieux ruraux, qui s’engagent comme prêtres et religieuses.
À Lahore, l’une des villes les plus grandes et les plus développées du pays, cela fait plus de 18 ans qu’un paroissien de la cathédrale du Sacré-Cœur a été ordonné. Le cardinal Joseph Coutts archevêque émérite de Karachi, et Mgr Emeritus Lawrence Saldanha, archevêque émérite de Lahore, ont tous deux été paroissiens de la cathédrale de Lahore. Toutefois, la plupart des 43 prêtres diocésains et des 50 prêtres religieux de l’archidiocèse, qui servent actuellement les 30 paroisses locales pour 80 000 fidèles, sont issus des villages alentour, explique le père Ashraf Gill, qui a lui-même été servant d’autel dans la cathédrale.
Le village de Khushpur, la « petite Rome du Pakistan »
Le père Ashraf Gill, évoque son ordination, le jour de la Saint-Valentin en 2004. « J’étudiais dans l’école située derrière la grotte de la cathédrale. Je voulais servir les gens en devenant prêtre », raconte-t-il, en ajoutant qu’aujourd’hui, le diocèse devrait promouvoir davantage les vocations auprès des paroissiens de la cathédrale historique.
Le père Gill, le seul à être dans les ordres sur huit frères et sœurs, sert actuellement comme curé de l’église Saint-Jacques l’Apôtre, et comme aumônier militaire à Sialkot, à 129 km au nord de Lahore. Il observe qu’il est plus facile de convaincre des jeunes villageois qui ont des perspectives limitées dans leurs villages natals, et qui peuvent saisir la première opportunité qui se présente, ce qui est vrai, selon lui, dans beaucoup d’Églises asiatiques et africaines.
Le plus grand village catholique du pays, Khushpur (littéralement « terre de bonheur »), compte 5 345 habitants, mais selon l’évêché de Faisalabad, il a « produit » deux évêques, plus de 35 prêtres, 10 Frères de la Salle, et plus de 120 religieuses qui servent Faisalabad et d’autres diocèses. Cette « petite Rome du Pakistan » compte aussi plusieurs centaines de catéchistes et d’employés au service de l’Église locale.
Appels à combler un fossé vocationnel entre milieux ruraux et urbains
Quand les Britanniques ont bâti Quetta, dans la province du Baloutchistan dans le sud-ouest du pays, beaucoup de chrétiens pendjabis les ont suivis afin de servir dans l’armée, les hôpitaux, les écoles et la municipalité. Après l’indépendance du Pakistan en 1947, ces chrétiens ont hérité de toutes les écoles construites par les colonialistes. Actuellement, 14 prêtres pendjabis servent dans cinq paroisses du vicariat apostolique de Quetta, pour un seul prêtre de l’archidiocèse de Karachi.
Toutefois, la tendance change dans d’autres régions comme le diocèse d’Islamabad-Rawalpindi, qui compte seulement deux villages majoritairement catholiques. Presque tous les 32 prêtres diocésains de ce diocèse du nord sont de la ville de Sargodha. Pour certains observateurs catholiques, cette évolution serait liée à une plus grande pauvreté menaçant les enfants issus des foyers pauvres et défavorisés, et qui les pousserait à travailler pour l’Église. Mais le père Naqash Azam, recteur du Petit Séminaire de Lahore, n’est pas d’accord.
Le prêtre, dont le père travaillait comme ouvrier et chauffeur de rickshaw dans la ville voisine de Kasur, estime que « les villageois ont une foi forte, due à leurs vies simples et aux manques de biens matériels ». « Après tout, le Christ est venu pour les plus petits d’entre nous », souligne-t-il. De son côté, le père Rafhan Fayaz, nouveau recteur de la cathédrale de Lahore, a lancé un appel à des candidats locaux au sacerdoce pour combler ce fossé vocationnel entre milieux ruraux et urbains. « Tous les paroissiens veulent que le père vienne visiter leur maison et qu’il apporte ses bénédictions. Mais nous n’envoyons pas nos enfants. Il est temps que notre paroisse ait ses propres prêtres, religieuses et catéchistes », a-t-il demandé récemment durant une messe dominicale.
(Avec Ucanews)
CRÉDITS
Catholic in Pakistan / Ucanews