Eglises d'Asie – Pakistan
Artistes chrétiens et musulmans au service de la restauration de la cathédrale de Karachi
Publié le 03/04/2019
Pour réparer les vitraux en ruine de la cathédrale Saint-Patrick, des membres chrétiens et musulmans de l’industrie musicale et cinématographique de Karachi, musiciens, chanteurs, acteurs et autres célébrités locales, se sont rassemblés pour venir en aide à l’archidiocèse catholique. Selon le père Mario Rodrigues, recteur de la cathédrale, plus de cinquante stars vont participer au festival Shamrock Eat & Musical, du 26 au 28 avril, qui aura lieu sur le parvis de la cathédrale afin de récolter des fonds pour la restauration de 53 vitraux. « Dans le passé, des explosions ont entraîné des dégâts importants à l’intérieur et autour de l’édifice », poursuit le père Mario. « La ville côtière doit également subir l’effet d’îlot de chaleur, qui entraîne des températures de 5 à 8 degrés plus élevées qu’à l’intérieur du pays. Beaucoup de pièces sont ainsi tombées des vitraux », explique le prêtre. Le bâtiment, de style gothique, a d’abord été touché par des explosions en 1987, quand deux voitures ont explosé dans le quartier de Saddar, près de la cathédrale. En 1998, des éclats d’une bombe qui a explosé à l’intérieur de l’édifice ont laissé des marques sur les murs, des trous dans les vitraux, ainsi que quelques fissures sur la voûte, à près de 21 mètres de haut.
« Le Pakistan est en jeu ici »
La semaine dernière, lors d’une rencontre avec les artistes, le cardinal Joseph Coutts, archevêque de Karachi, a appelé les fidèles à aimer et partager la page Facebook du festival. « Je remercie tous ceux qui se sont portés volontaires avec générosité pour servir cette noble cause. Nous devons non seulement travailler pour la restauration de la cathédrale, mais aussi pour l’harmonie nationale. Le Pakistan est en jeu ici », a-t-il déclaré. Imran Momina, appelé aussi Emu, producteur musical et membre du groupe Fuzon, confie que la rencontre avec le cardinal était plutôt festive. « Les musiciens de Karachi, de diverses origines religieuses, coexistent depuis longtemps. Nous essayons de faire participer davantage de monde à cette œuvre de charité, qui va coûter dix millions de roupies [plus de 62 500 euros]. C’est une lutte permanente », explique-t-il. Emu, musulman, gagne en général entre cinq cent et six cent mille roupies (entre 3 500 et 4 250 dollars) par spectacle. Pour l’occasion, il jouera gratuitement pour récolter des fonds. « Mes parents m’ont appris à aimer tout le monde. Je ne représente aucune secte », ajoute-t-il.
Ahmed Shah, président du Conseil des Arts de Karachi, a également promis de plaider la cause de la cathédrale auprès des gouvernements fédéraux et provinciaux, pour assurer que le projet soit financé et achevé à temps. Selon Zoe Viccaji, de Coke Studio Pakistan, née d’une mère chrétienne et d’un père parsi, tous les artistes joueront entre une demi-heure et une heure. « Nous donnerons toute notre énergie. Au moins, ce sera un début pour préserver les vitraux », assure-t-elle. La province de Sindh a également déclaré que la cathédrale faisait partie de l’héritage du Pakistan. La cathédrale est un monument protégé dans le cadre de la loi de 1994 sur la préservation de l’héritage culturel Sindh. L’an dernier, l’archidiocèse de Karachi a publié un livre intitulé Saint-Patrick : Une histoire de 175 ans afin de marquer l’anniversaire de la fondation de la paroisse. La poste pakistanaise a également sorti deux timbres afin de commémorer le centenaire de la cathédrale, en 1978.
(Avec Asianews, Karachi)
Crédit : Bilalhassan88 / CC BY-SA 3.0