Eglises d'Asie

Asean : avec un projet de voyage en Birmanie en janvier, Hun Sen marque la fin de l’exclusion de la junte

Publié le 10/12/2021




Le 7 décembre, Hun Sen, Premier ministre du Cambodge et prochain président de l’Asean (Association des nations de l’Asie du Sud-Est) en 2022, a annoncé une future visite en Birmanie, les 7 et 8 janvier, en réponse à une invitation du général Min Aung Hlaing, chef de la junte au pouvoir depuis le coup d’État du 1er février. Une décision qui confirme une nouvelle position de l’Asean sous la présidence de Hun Sen. En octobre, lors d’un précédent sommet, l’organisation avait refusé d’inviter la junte birmane, qui n’avait pas respecté un consensus en cinq points signé en avril.

Le 24 avril 2021, lors d’un précédent sommet, les dirigeants de l’Asean avaient refusé d’inviter le général Min Aung Hlaing.

Le Premier ministre Cambodgien, Hun Sen, qui sera président de l’Asean (Association des nations de l’Asie du Sud-Est) en 2022, a accepté une invitation du général Min Aung Hlaing, chef de la junte au pouvoir depuis le coup d’État du 1er février. Il devrait se rendre en Birmanie du 7 au 8 janvier prochain, pour s’entretenir avec les dirigeants militaires birmans. Par ailleurs, les responsables de la junte devraient être invités aux futures rencontres de l’Asean sous la présidence de Hun Sen. L’annonce officielle a été faite le 7 décembre depuis Phnom Penh, lors d’une visite de Wunna Maung Lwin, ministre des Affaires étrangères du régime militaire birman.

Durant plusieurs jours, des signes d’ouverture se sont multipliés de la part du dirigeant cambodgien envers la junte birmane. Hun Sen sera ainsi le premier chef d’État à se rendre en Birmanie depuis que le gouvernement civil d’Aung San Suu Kyi a été renversé. Cette visite aura une forte portée symbolique sur le plan politique, pour toute la région du sud-est asiatique, car cela révèle des désaccords au sein du bloc régional concernant la situation de la Birmanie. Après plusieurs longs mois d’immobilisme, la Birmanie a été exclue du sommet de l’Asean en octobre dernier, qui s’est tenu au Brunei. Une décision motivée par le non-respect d’un consensus en cinq points, pourtant accepté en avril par le général Min Aung Hlaing.

Non-respect du consensus et condamnation d’Aung San Suu Kyi

Ce dernier devait restaurer la paix dans son pays, mettre fin aux violences, et entamer des négociations de paix constructives entre les différentes parties engagées dans les conflits internes. Pourtant, rien n’a changé depuis le consensus signé lors du sommet de l’Asean. Au contraire, la répression militaire s’est intensifiée au cours des dernières semaines. Selon l’opposition, à ce jour, plus de 1 300 personnes ont été tuées depuis le coup d’État. Dimanche dernier, notamment, cinq personnes sont décédées tragiquement après avoir été renversées volontairement par un véhicule de l’armée, durant une manifestation organisée à Rangoun.

Par ailleurs, la première condamnation de l’ancienne conseillère d’État Aung San Suu Kyi a été confirmée ce lundi 7 décembre – la peine, initialement de quatre ans, a été ensuite réduite à deux ans de prison. Malgré les vives réactions de la communauté internationales face à cette situation, et dans ce contexte, le Premier ministre cambodgien Hun Sen semble pourtant résolu à retrouver la position traditionnelle de l’Asean, sur la non-ingérence avec les affaires internes de ses pays membres. Il y a quelques jours, il a fait une déclaration explicite à ce propos, en assurant que « selon la charte de l’Asean, personne n’a le droit d’expulser un autre membre ».

(Avec Asianews)