Eglises d'Asie

Asia Bibi : le gouvernement face aux extrémistes

Publié le 06/11/2018




La Commission pakistanaise pour les Droits de l’Homme (HRCP) a dénoncé la réaction du gouvernement face aux militants du groupe islamiste Tehreek-e-Labbaik Pakistan (TLP), qui demandent l’annulation de l’acquittement d’Asia Bibi et sa condamnation à mort. Le gouvernement a en effet annoncé qu’il autoriserait les groupes tels que le TLP à faire appel suite à l’acquittement de la chrétienne pakistanaise, et qu’il avait décidé de l’empêcher de quitter le pays. Une décision qui, selon la Commission, porte atteinte à l’État de droit au Pakistan.

La Commission pakistanaise pour les Droits de l’Homme (HRCP) a condamné l’attitude soumise du gouvernement face aux manifestations qui ont éclaté dans le pays suite à l’annonce de l’acquittement d’Asia Bibi par la Cour Suprême et en réponse aux militants du groupe islamiste Tehreek-e-Labbaik Pakistan (TLP). Pour la Commission, le fait que le gouvernement cède aussi rapidement aux exigences du groupe portait directement atteinte à l’État de droit dans le pays.  « De ce qui a été acclamé comme un jugement historique et une victoire pour les Droits de l’Homme, a découlé une situation où l’on confond le droit de manifester avec la violence des foules qui revendiquent le droit moral de troubler l’ordre public, d’attaquer les citoyens et les forces de l’ordre, et d’inciter à la haine contre les minorités religieuses », a déclaré la Commission dans un communiqué publié le 4 novembre. La HRCP presse fortement le gouvernement de faire face fermement et sans équivoque à ces groupes et à ces personnes qui n’hésitent pas à faire usage de la violence et à employer des moyens extra-constitutionnels pour parvenir à leurs fins. »

Le 2 novembre, les manifestations se poursuivaient pour la troisième journée consécutive, conduites par le chef et fondateur du TLP, Khadim Hussain Rizvi, et entraînant d’importants dégâts contre des propriétés privées et publiques, quand les militants et l’État ont trouvé un accord. Le gouvernement a accepté d’imposer à Asia Bibi une interdiction de quitter le pays, en ajoutant qu’elle accordait aux groupes le droit de faire appel contre le verdict de la Cour Suprême, qui a annoncé l’acquittement de la mère chrétienne le matin du 31 octobre. L’avocat d’Asia Bibi, Saiful Malook, s’est enfui du pays après des menaces de mort. « Ma famille est également fortement menacée et le gouvernement fédéral devrait assurer leur sécurité », a souligné le Pakistanais auprès du quotidien Express Tribune. Asia Bibi est toujours au Pakistan dans un lieu tenu secret, malgré la demande d’asile envoyée par son mari, Ashiq Masih, au président américain Donald Trump.

Jemima Goldsmith, ancienne épouse du Premier ministre Imran Khan, a également critiqué le gouvernement pakistanais pour avoir cédé face aux manifestants. « Ce n’est pas le nouveau Pakistan dont nous avons rêvé durant trois jours ; après un discours courageux défendant la justice, le gouvernement a fini par céder aux demandes des extrémistes en interdisant à Asia Bibi de quitter le pays après avoir été acquittée, signant ainsi son arrêt de mort », a-t-elle écrit sur Twitter. Le 4 novembre, Twitter a suspendu le compte de Rizvi, chef du TLP, après les plaintes d’internautes et du gouvernement contre des appels à la haine et à la violence. Le gouvernement a également déclaré, dans un communiqué, qu’il comptait identifier et poursuivre en justice les auteurs de destruction de biens publics et privés. Il a appelé la population à l’aider à identifier les agitateurs.

(Avec Ucanews, Karachi)


CRÉDITS

TLP media / Ucanews