Eglises d'Asie

Asia Bibi libérée mais toujours au Pakistan

Publié le 09/11/2018




Suite à plusieurs rumeurs affirmant qu’Asia Bibi avait quitté le pays, le gouvernement pakistanais a affirmé qu’elle est toujours au Pakistan. Celle-ci a cependant quitté sa prison de Multan, où a été emprisonnée durant huit ans suite à sa condamnation à mort pour blasphème en 2010. Elle s’est envolée pour Islamabad où elle a été emmenée en lieu sûr afin de la protéger contre les menaces. De leur côté, les mouvements extrémistes tel que le groupe islamiste TLP poursuivent leurs pression contre les autorités.

Le gouvernement pakistanais a contredit les rumeurs affirmant qu’Asia Bibi avait quitté le pays suite à sa libération. Les autorités ont indiqué que la Pakistanaise avait quitté le Pendjab le 7 novembre et qu’elle avait pris l’avion pour Islamabad, où elle a été amenée en lieu sûr pour la protéger des menaces. Les rumeurs se sont répandues alors qu’Asia Bibi, 52 ans, était montée dans un avion pour une destination inconnue. « Asia Bibi est au Pakistan. Les rumeurs affirmant qu’elle avait quitté le pays sont fausses », a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Mohammad Faisal, lors d’une conférence de presse organisée le 8 novembre. Le ministre fédéral de l’information, Chaudhry Fawad Hussain, a décrit ces rumeurs comme des « fake news » et a appelé les médias à être responsables. Le gouvernement, face à la pression des islamistes, a accepté d’interdire à Asia Bibi de quitter le pays, précisant qu’il autorisait les groupes à faire appel au verdict de la Cour Suprême, délivré le 31 octobre. L’accord a été signé le 2 novembre entre les autorités et les leaders du groupe islamiste Tehreek-e-Labbaik Pakistan (TLP), après trois jours de manifestations dans tout le pays contre le jugement de la Cour Suprême, provoquant au passage d’importantes destructions de biens publics et privés. Plus de 2 000 manifestants ont été arrêtés. Dans une vidéo diffusée la semaine dernière, le mari d’Asia Bibi, Ashiq Masih (photo), a demandé aux États-Unis et à la Grande-Bretagne de venir en aide à sa famille. Antonio Tajani, président du Parlement européen, l’a invité à venir à Bruxelles ou à Strasbourg pour une rencontre.

« Les autorités doivent tenir leurs engagements »

« Le Parlement européen est extrêmement inquiet pour votre sécurité alors que votre famille fait face à la violence des extrémistes au Pakistan. Nous avons demandé aux autorités pakistanaises de garantir votre sécurité et celle de ceux qui vous protègent », a soutenu Antonio Tajani dans une lettre publiée le 6 novembre. « Les autorités pakistanaises doivent défendre l’État de droit et les Droits de l’Homme ; elles doivent tenir leurs engagements internationaux. Je contacterai personnellement les autorités concernées pour leur demander de vous fournir, ainsi que pour votre famille, les documents nécessaires. » Le père Abid Habib, ancien coordinateur régional de la Commission justice et paix des Supérieurs majeurs catholiques, a confirmé la libération d’Asia Bibi. « Au moins, elle a pu quitter sa prison de Multan. Peut-être que les autorités la gardaient là-bas pour la protéger. Cela dit, cela reste une véritable torture après toutes ces années d’enfermement. Il n’y a aucune liberté si elle ne peut pas vivre normalement comme tout autre citoyen », regrette-t-il. « Le groupe TLP a déclaré que les juges et l’avocat qui ont soutenu Asia Bibi seraient tués, dénonçant  le chef de l’armée, le général Qamar Bajwa, comme traître et demandant aux soldats d’organiser une mutinerie contre lui. Le fondamentalisme est en train de faire revenir notre pays à l’âge de pierre. Laissons la loi suivre son cours. Les autorités doivent arrêter les chefs du TLP et les condamner pour trahison. Il faut saisir les vrais coupables. » L’avocat d’Asia Bibi, Saiful Malook, a fui le Pakistan après avoir reçu des menaces de mort ; il a envoyé une demande d’asile aux Pays-Bas.

(Avec Ucanews, Lahore)

 


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