Eglises d'Asie – Birmanie
Au moins un bombardement par jour dans l’État Chin depuis début 2023
Publié le 14/03/2023
Selon l’Organisation Chin des droits de l’homme (CHRO), une ONG birmane, au moins 53 bombardements et environ 140 obus ont frappé les cantons de Mindat, Hakha, Matupi et Thantlang en janvier et février, causant au moins huit décès et six blessés. Soit un rythme d’attaques aériennes quasi quotidien au cours des derniers mois dans la région.
La zone la plus affectée est celle de Thantlang avec 41 frappes et 115 obus. Par ailleurs, dans l’État Kayah, dans l’est du pays, l’armée de l’air a lancé au moins 117 bombardements depuis février 2021, frappant aussi bien des civils que des résistants armés.
Un rapport publié la semaine dernière par le bureau du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a confirmé les affirmations de l’Organisation Chin des droits de l’homme, en indiquant que les frappes aériennes lancées par les forces armées de la junte ont plus que doublé entre 125 en 2021 et 301 en 2022.
Les milices ethniques birmanes – créées au moment de l’indépendance du pays, et aujourd’hui alliées à d’autres groupes armés depuis le coup d’État de l’armée du 1er février 2021 – affirment que les frappes aériennes ont été renforcées afin de contrer la résistance armée dans plusieurs régions birmanes.
« Ce sont principalement des attaques aériennes que nous subissons »
Les civils sont les premières victimes de ces attaques à cause de la perte de leur domicile et des déplacements forcés, selon des sources locales interrogées par Radio Free Asie, qui précisent également que les résistants ont annoncé la construction d’abris antiaériens pour la population. « Il n’y a aucun combat sur le terrain. Ce sont principalement des attaques aériennes que nous subissons », explique Salai Htet Ni, un porte-parole du Front national Chin, qui explique que c’est dû au manque d’effectif de l’armée birmane.
Début mars, plusieurs organisations de défense des droits de l’homme ont appelé à renforcer les sanctions contre les entreprises asiatiques et européennes qui vendent le kérosène qui finit entre les mains de la junte, et qui permet à l’armée de l’air de continuer ses attaques.
Paradoxalement, la junte essaie également de recruter de nouvelles troupes auprès des familles défavorisées, pourtant les plus affectées par les conflits internes. Les militaires se tournent particulièrement vers les jeunes démunis sans éducation et sans emploi, plus faciles à convaincre pour la simple raison que le fait de rejoindre l’armée leur assure un salaire régulier et de la nourriture.
Par ailleurs, contrairement aux premiers mois qui ont suivi le coup d’État, il y a de moins en moins de désertions rapportées au sein de l’armée, car en cas de capture, les coupables risquent trois ans de prison et peut-être même la torture, sans compter les répercussions éventuelles contre leur famille.
(Avec Asianews)