Eglises d'Asie

Au sein des familles catholiques bangladaises, la dévotion mariale se transmet de génération en génération

Publié le 22/10/2020




Tout au long du mois d’octobre ou « mois du rosaire », l’Église catholique bangladaise organise de nombreuses activités religieuses destinées à soutenir la dévotion mariale, dans les familles et les paroisses. Francisca Palma, une enseignante à la retraite de 55 ans, du diocèse de Rajshahi, confie que la prière quotidienne du chapelet est pour elle une tradition familiale. « Nous avons hérité de cette tradition de nos ancêtres, et nous sommes heureux de la transmettre », explique-t-elle. Au Bangladesh, majoritairement musulman, les chrétiens représentent moins d’1 % de la population, sur 160 millions d’habitants.

Jacinta Palma, une catholique bangladaise, rentre chez elle après un chapelet communautaire organisé dans son village, dans le district de Natore.

Pour Francisca Palma, la dévotion mariale et la prière du chapelet sont une tradition familiale et font partie de sa vie quotidienne. Durant le mois d’octobre, le « mois du rosaire », Francisca s’est jointe à plusieurs centaines de fidèles des villages de sa paroisse, dans le nord du Bangladesh, afin de prier le chapelet et participer à des processions mariales. « Avec mon fils et ma fille, j’ai participé à plusieurs chapelets priés ensemble dans les villages. Les gens y participent activement », confie-t-elle. Francisca Palma, âgée de 55 ans, est une enseignante à la retraite. Elle vit dans la paroisse Maria Virgo Potens, qui dépend du diocèse de Rajshahi. Elle souligne que sa famille vénère la Vierge et qu’ils prient le chapelet tous les soirs. « Nous avons hérité de cette tradition de nos ancêtres, et nous sommes heureux de la transmettre. » Francisca ajoute que ce mois-ci, ils ont prié le chapelet en portant des intentions spéciales « pour la fin des violences contre les femmes, pour la paix dans le monde et pour toute l’humanité ». Elle explique que cette intention de prière contre les violences faites aux femmes est particulièrement d’actualité face aux nombreux viols rapportés dans le pays.

Le père Suresh Purification, coordinateur de la pastorale du rosaire dans le diocèse de Rajshahi, explique que de nombreuses activités de dévotions mariales sont organisées tout au long de l’année. « Non seulement en octobre, mais toute l’année, nous organisons des rencontres et des événements. Les gens aiment Marie, ils croient en son intercession. Nous amenons les gens à comprendre à quel point ils peuvent être bénis en priant Marie », confie le prêtre. Le chapelet est toujours prié régulièrement le soir dans les familles catholiques bangladaises ; une tradition souvent transmise par les mères de famille. Shyamoli Halder, une mère catholique de 42 ans, de la paroisse Saint-Patrick du diocèse de Barishal, confie que la prière du chapelet « fait partie de la routine familiale quotidienne ». Durant le mois d’octobre, sa famille a participé à des chapelets communautaires organisés soit dans un sanctuaire, dans une paroisse ou dans une maison familiale. Elle souligne que ces initiatives permettent d’encourager les familles qui ne le font pas déjà à prier le chapelet.

Déclin du rosaire et de la prière familiale

Au Bangladesh, majoritairement musulman, les chrétiens forment une petite minorité et représentent moins d’1 % de la population, sur 160 millions d’habitants. La prière du rosaire s’est répandue dans la communauté catholique bangladaise dans les années 1950 grâce au père Patrick Peyton (1902-1992), irlandais et prêtre de la Sainte-Croix. Il était connu comme « le prêtre du rosaire », pour avoir consacré sa vie à faire connaître le rosaire à travers le monde. Le père Peyton aimait notamment souligner que « la famille qui prie ensemble reste unie ». En 1955, le prêtre a visité le Pakistan oriental (devenu le Bangladesh), où il a prêché dans deux paroisses de l’archidiocèse de Dacca sur l’importance du rosaire. Depuis, les diocèses catholiques bangladais s’efforcent de faire connaître le chapelet. Les huit diocèses du pays comptent tous des sanctuaires mariaux, où les fidèles se rendent régulièrement pour prier. La congrégation de la Sainte-Croix, le premier ordre religieux catholique dans le pays, a perpétué la mission du père Peyton à travers l’HCFM, la pastorale des familles de la congrégation (Holy Cross Family Ministries).

La pastorale des familles compte des branches diocésaines appelées « pastorales du rosaire », qui organisent des activités au niveau paroissial. Dans chaque diocèse, une équipe travaille avec plusieurs générations. « Cela peut aussi susciter des vocations religieuses », confie le père Elias Palma, directeur national de l’HCFM. Pourtant, malgré les efforts de la congrégation, Francisca Palma explique que le chapelet est devenu moins populaire ces derniers temps. « Tous ne s’intéressent à la prière du rosaire. Parfois, on voit les gens partir en plein milieu du chapelet. Il y a des parents qui ne prient plus et qui n’assurent plus l’éducation religieuse et morale de leurs enfants. Certains parents affirment ne pas aimer les responsables religieux et refusent d’écouter leurs appels à la prière », regrette Francisca. Mais selon elle, cette crise peut être dépassée « si les familles, les communautés et les paroisses jouent leur rôle correctement ». Selon le père Palma, cette tendance est influencée par les nouveaux médias. « C’est vrai que la prière familiale a été affectée par la modernité, par les médias et par les journées toujours plus surchargées. Mais nous poursuivons notre mission afin de soutenir la prière au sein des familles », explique-t-il.

(Avec Ucanews, Dacca)


CRÉDITS

Stephan Uttom / Ucanews