Eglises d'Asie – Chine
Au Zhejiang, les parents d’élèves forcés de dénoncer les croyances religieuses
Publié le 23/03/2023
Dans le district de Longwan, dans la ville chinoise de Wenzhou (dans la province de Zhejiang, dans l’est du pays), les autorités ont demandé aux parents d’élèves en école maternelle de signer un formulaire imposant aux familles de « ne pas adhérer à une croyance religieuse ». Cet ordre contredit le droit à la liberté religieuse garanti par la Constitution du pays communiste, selon une information rapportée le 20 mars par le groupe ChinaAid, une organisation chrétienne défendant l’État de droit et la liberté religieuse en Chine.
Un enseignant en école maternelle de Wenzhou, sous condition d’anonymat, assure que cette décision est surprenante. « Autrefois, le département de l’éducation interdisait déjà toute forme de superstition ou de participation à des organisations religieuses pour les enfants en école maternelle, mais il n’empêchait pas les familles des élèves de croire et de participer à des activités religieuses », souligne-t-il.
Selon les conditions imposées par le formulaire, les parents doivent s’engager à n’adhérer à aucune croyance religieuse, à ne participer à aucune activité religieuse, et à « ne pas propager ou diffuser une religion dans aucun lieu ». Les parents sont également censés « respecter de manière exemplaire l’idéologie du Parti communiste et les lois et les règlements du pays », et ne rejoindre « aucun ‘Falun Gong’ ni aucune autre organisation sectaire ».
Le Falun Gong est un mouvement spirituel inspiré du qigong, une gymnastique traditionnelle chinoise. Il a été fondé par Li Hongzhi en Chine au début des années 1990. Le gouvernement chinois l’a qualifié de « culte sinistre » en 1999. Depuis cette interdiction, les membres du mouvement ont été persécutés brutalement par l’État et ses adeptes sont même devenus victimes de trafics d’organes.
Une série de restrictions et de persécutions à Wanzhou ces dernières années
À Wanzhou, où les chrétiens forment une part non négligeable de la population locale (en 2018, la ville comptait près de 150 000 catholiques), le gouvernement a mis en place une série de restrictions et de persécutions contre la communauté chrétienne locale. En 2014, les autorités locales ont notamment lancé une campagne de démolition de croix qui a duré près de deux ans, affirme également le groupe ChinaAid. Plus de 2 000 croix auraient ainsi été démolies, les autorités ayant affirmé que les structures concernées avaient été construites illégalement.
Parmi ces destructions, on compte un temple protestant de Sanjiang, une imposante structure qui avait été construite par une communauté proche de la ville de Wenzhou. L’édifice a été démoli après un bras de fer qui a duré un mois sur la légalité de la structure. En 2017, le gouvernement a aussi interdit aux soignants, aux enseignants et à tous les fonctionnaires d’entrer dans les églises pour la prière et le culte. En 2021, Mgr Shao Zhumin, évêque de Wenzhou, approuvé par le Vatican, a été libéré après avoir été détenu pour la sixième fois. La censure des autorités locales a également été étendue à tous les mineurs de la région, interdits d’organiser toute activité religieuse.
L’ordre demandant aux parents de signer un engagement dénonçant les croyances religieuses a été publié le 15 février dans le district de Xiaoshan, dans la ville de Hangzhou, capitale de la province. Dans l’école maternelle publique de Tianle, les enseignants ont été encouragés à « rester fermement attachés aux idéaux et aux croyances [du Parti communiste chinois], à n’adhérer à aucune croyance religieuse et à ne propager aucune religion ». Les enseignants ont également signé un formulaire d’engagement stipulant qu’ils ne rejoindront aucune religion et qu’ils mettront fin aux croyances religieuses.
(Avec Ucanews)