Eglises d'Asie

Bangkok interdit les rassemblements de plus de quatre personnes pour mettre fin au mouvement prodémocratie

Publié le 16/10/2020




Le 15 octobre, la police thaïlandaise a annoncé un nouveau décret d’urgence, publié en direct à la télévision, interdisant les rassemblements publics de plus quatre personnes. Le décret interdit également la publication d’informations risquant de provoquer la « peur » ou de menacer la sécurité nationale. Le gouvernement a justifié les nouvelles mesures pour le maintien de « la paix et l’ordre » dans le pays, et contre le risque de nouvelles infections. Selon l’opposition, qui rappelle que le pays n’a enregistré qu’un cas d’infection domestique depuis quatre mois, le mouvement prodémocratie est pacifique depuis ses débuts.

Le 18 août 2020 à Bangkok, des jeunes manifestants thaïlandais protestent dans le cadre du mouvement prodémocratie.

Le gouvernement thaïlandais a décidé d’interdire les rassemblements publics de plus de quatre personnes, dans le but de mettre fin au mouvement prodémocratie, après une nouvelle manifestation organisée le 14 octobre à Bangkok, qui a rassemblé plusieurs milliers de personnes. Le décret d’urgence, publié le 15 octobre au matin par la police thaïlandaise, en direct à la télévision, bien qu’annoncé comme une mesure sanitaire contre les risques de contagion, vise directement les jeunes manifestants s’opposant au gouvernement et à la royauté. Près de trente minutes après l’annonce du décret, la police anti-émeutes a dispersé un groupe de manifestants rassemblés devant le siège du Premier ministre Prayuth Chan-ocha. Selon la police, plusieurs personnes ont été arrêtées, dont Anon Nampa, avocat et défenseur des droits de l’homme, ainsi que Parit Chiwarak et Panusaya Sithijirawattanakul, qui font partie des leaders du mouvement étudiant. La décision des autorités thaïlandaises est survenue après une tentative de blocage, le 14 octobre par un groupe de manifestants, d’un « cortège royal » accompagnant la reine Suthida. Outre l’interdiction de rassemblements publics, le nouveau décret d’urgence interdit également la publication d’informations risquant de provoquer la « peur » ou de menacer la sécurité nationale. Le gouvernement a justifié les nouvelles mesures dans le but de maintenir « la paix et l’ordre » dans le pays. Selon les autorités, les manifestations menacent également l’économie et risquent d’entraîner de nouveaux cas d’infection au coronavirus.

De son côté, l’opposition a de nouveau parlé d’un « coup d’État ». Les représentants du mouvement prodémocratie insistent pour souligner que les manifestations ont toujours été pacifiques. Ils remarquent également qu’au cours des quatre derniers mois, il n’y a eu qu’un seul cas d’infection domestique dans le pays. Depuis juillet, sous pression face aux conséquences de la pandémie en Thaïlande, la population est devenue de plus en plus critique contre le général Prayuth, ancien commandant en chef de l’armée, qui est arrivé au pouvoir en 2014 après un coup d’État. Bien qu’à la tête du gouvernement en tant que civil depuis l’an dernier, ses opposants l’accusent d’avoir falsifié les dernières élections nationales qui ont mis fin au régime militaire. Les manifestations, majoritairement menées par les étudiants, demandent la démission du gouvernement, la fin de la dictature, une réforme démocratique de la Constitution, ainsi qu’une révision du rôle politique du roi et de sa gestion des biens de la couronne. Les soutiens du mouvement étudiant demandent également la suppression du crime de « lèse-majesté » : le roi est toujours considéré comme sacré en Thaïlande, et toute offense contre lui peut être punie avec des peines allant jusqu’à quinze ans de prison. Selon certains manifestants, la Thaïlande est prise en otage par un petit groupe minoritaire et a besoin changer pour devenir une nation plus ouvertement démocratique.

(Avec Asianews, Bangkok)


CRÉDITS

TL