Eglises d'Asie – Thaïlande
Bangkok promet de soutenir les « gitans de la mer » dans le cadre d’un projet de développement
Publié le 06/05/2022
Le Vice-Premier ministre thaïlandais, Jurin Laksanawisit, qui est également ministre du Commerce, a promis de fournir un logement adapté aux membres apatrides de la communauté Moken (également appelés « gitans de la mer »), vivant dans l’île de Phuket et dans d’autres régions thaïlandaises le long de la mer d’Andaman. Le ministre a annoncé ce projet durant une visite auprès d’une communauté indigène Moken en fin de semaine dernière.
Jurin Laksanawisit a déclaré qu’il financerait la construction de logements pour les « gitans de la mer », qui vivent de manière semi-nomade dans six provinces le long de la côte bordant la mer d’Andaman, dans le cadre d’un plus grand projet de développement communautaire prévu dans la région pour les cinq prochaines années. Les Moken, connus comme des plongeurs hors pair, ont vécu dans la région depuis le XVIIIe siècle, sur plus de 800 îles sur la mer d’Andaman, bien qu’ils ne seraient aujourd’hui plus qu’environ 3 000 selon les experts. Beaucoup d’entre eux vivent dans une grande pauvreté et voient leurs coutumes traditionnelles menacées.
« Les Moken, l’un des rares peuples chasseurs-cueilleurs subsistant en Asie du Sud-Est, ont fait de la mer leur domaine », explique Human Rights Watch. « Cherchant la nourriture dans les forêts et au fond des mers, échangeant du poisson et des coquillages contre d’autres biens, et voyageant par bateau pour traverser les eaux de la Birmanie du Sud et de la Thaïlande, les Moken ont maintenu un mode de vie nomade et autosuffisant le long de la côte d’Andaman, durant des centaines d’années. » L’organisation ajoute que les Moken font partie des communautés les plus défavorisées en Thaïlande et en Birmanie.
Accès à l’éducation et lutte contre la malnutrition
« Les Moken sont exposés à la misère, à la marginalisation et à la discrimination. La plupart d’entre eux sont apatrides, ce qui les rend vulnérables aux abus contre les droits de l’homme. Cela les prive aussi d’accès à d’autres droits comme l’accès aux soins, à l’éducation et à l’emploi, contrairement aux autres habitants thaïlandais et birmans », poursuit le groupe. « Outre la méfiance et la discrimination du gouvernement, les Moken font également face à l’exploitation des communautés ‘terrestres’, mais ils ne peuvent faire défendre leurs droits au moyen des lois et politiques nationales. »
Durant des années, l’organisation Mercy Center, un groupe catholique caritatif basé à Bangkok, a lancé des projets communautaires et de développement auprès des villageois Moken de Koh Lao, une île située au sud de la province thaïlandaise de Ranong. « Nous faisons pour les Moken ce que nous avons toujours fait pour les plus pauvres d’entre les pauvres – nous envoyons leurs enfants à l’école et nous nous occupons des mères et des grands-mères », confie le père Joseph Maier, un prêtre rédemptoriste américain qui dirige le centre basé dans un bidonville de la capitale thaïlandaise.
« De plus, à cause de leur statut légal précaire en Thaïlande, nous travaillons de multiples manières avec tout le village, ainsi qu’avec le gouvernement de la province, pour aider ces navigateurs à obtenir une reconnaissance et un statut officiel en tant que résidents permanents thaïlandais », explique le prêtre. Même s’ils sont nés dans la région, beaucoup d’entre eux sont restés apatrides et continuent de manquer de papiers d’identité officiels ce qui complique l’accès à l’emploi, à la scolarité et aux autres droits de citoyenneté. « Ils ont vécu sans eau courante, ni électricité, ni toilettes, ni écoles », souligne le Mercy Center, qui organise aujourd’hui des services d’accueil de jour, des initiatives alimentaire pour prévenir la malnutrition ainsi que des projets éducatifs auprès de plusieurs communautés indigènes Moken.
(Avec Ucanews)