Eglises d'Asie

Bangkok : trois accompagnateurs de catéchumènes témoignent après les fêtes pascales

Publié le 22/04/2022




Wanchai, Wipada et Puntawee ont accompagné plusieurs catéchumènes jusqu’au baptême avant les fêtes pascales 2022, dont celui de Chemica Jitkomut, une jeune infirmière de Bangkok. Wipada Pukeartkul, qui travaille dans la finance dans la capitale thaïlandaise, est devenue accompagnatrice après son baptême en 2017, en s’efforçant d’aider les néophytes à trouver leur place dans la vie de l’Église locale, marquée par l’attitude « เกรงใจ » (kleng jai), caractérisée par une volonté de ne pas déranger : « Il convient donc que quelqu’un aide à faire le lien. »

Trois accompagnateurs des catéchumènes : Wanchai, Wipada et Puntawee (en rouge, de gauche à droite).

Ce qui a conduit Wipada Pukeartkul, Wanchai Panyawisetpong et Puntawee à devenir accompagnateurs de catéchumènes, dans la paroisse Saint-Louis de Bangkok, c’est le désir de mieux connaître Dieu et de tenter de savoir un peu davantage qui il est, et ce qu’il dit à travers les Écritures. Ces désirs les ont conduits à devenir accompagnateurs de catéchumènes, bien que tous trois travaillent à temps plein en semaine. « Oui, j’aimerais connaître Dieu davantage », confie Wipada Pukeartkul, qui exerce un métier dans la finance, tout en accompagnant des catéchumènes et des « chercheurs de Dieu » depuis le jour de son baptême en 2017.

« Wanchai, mon accompagnateur, est passé lui aussi par cette étape »

Les trois accompagnateurs expliquent que leur rôle est varié : il s’agit d’être compagnon sur le chemin de foi des catéchumènes, de répondre aux multiples questions liées aux Écritures, à la prière et à la pratique du culte, et de les introduire dans la communauté chrétienne. Ils ont ainsi une place essentielle auprès des catéchumènes.

Piyaporn Pholphitukkul, baptisée au cours de la veillée pascale 2022, partage son expérience avec ses accompagnateurs : « Je leur ai demandé comment lire la Bible, et de me préparer intérieurement et spirituellement pour le baptême. »

De son côté, Chemica Jitkomut, une jeune infirmière qui elle aussi a reçu le baptême à Pâques 2022, en même temps que Piyaporn, raconte : « Wanchai, mon accompagnateur, est passé lui aussi par cette étape de catéchuménat. Il en a fait l’expérience ; il est pour moi un frère et un ami. Il m’a aussi conseillé quand j’ai eu des soucis personnels ou professionnels. »

Le défi de l’intégration des néophytes dans l’Église thaïlandaise

Les catéchumènes, leurs parrains et marraines, et les accompagnateurs ayant participé au rite de l’Effetah à la cathédrale de l’Assomption, le 16 avril 2022.

Pour de nombreux adultes, le baptême est vu comme un aboutissement. « Plusieurs d’entre eux ne se rendent plus que rarement à la messe, voire disparaissent, après avoir reçu le sacrement de baptême », constate Wanchai Panyawisetpong. Pour lui, la vraie problématique, c’est de s’interroger « comment des néophytes peuvent s’intégrer pleinement à une communauté ecclésiale ? ». Après avoir suivi les cours de catéchisme et reçu un baptême, les nouveaux membres ont du mal à trouver une juste place au sein d’une communauté. Ils ne se voient pas encore faire partie de la communauté. De plus, « beaucoup d’entre eux sont les seuls croyants au sein de leur propre famille », explique encore Wanchai qui, lui aussi, a vécu ce même constat.

Il est bien connu que les difficultés, pour les nouveaux baptisés, à s’insérer dans une paroisse reflètent la timidité et la discrétion propres à de nombreux Thaïlandais. Aborder de front les personnes que l’on ne connaît pas pourrait aussi être considéré impoli. Globalement, les Thaïlandais sont marqués par l’attitude de « เกรงใจ » (Kleng jai), un mot intraduisible, mais que l’on peut expliquer comme une volonté de ne pas déranger, mais aussi comme une peur de mécontenter autrui. En effet, les Thaïlandais approchent rarement quelqu’un qu’ils ne connaissent pas ou qu’ils connaissent peu. Par crainte d’être perçus comme agressifs, par crainte de l’autre, par peur de choquer ou de blesser, les nouveaux venus ne vont pas eux-mêmes à la rencontre des paroissiens. Il convient donc que quelqu’un, quelques-uns, les accompagnateurs ou les prêtres, fassent le lien entre les uns et les autres.

Pour Wipada, Wanchai, et Puntawee, il est donc nécessaire que les accompagnateurs poursuivent leur tâche afin d’aider les néophytes à trouver un espace dans la vie de l’Église locale : « Nous organisons quelques rencontres après le baptême, et nous proposons des activités dans notre paroisse, comme participer à la chorale. »

Toutefois, accompagner ces nouveaux membres, n’est-ce pas la tâche de la communauté chrétienne dans son ensemble ? Cheminer vers le Christ, avec eux et avec toute la communauté paroissiale, n’est-ce pas là le plus élémentaire petit geste d’accueil que l’on peut et que l’on doit faire envers les nouveaux frères et sœurs ? « Tout ce que vous faites aux plus petits d’entre les miens, c’est à moi que vous le faites » (Matthieu 25, 40).

(EDA / Tanya Leekamnerdthai)


CRÉDITS

Tanya Leekamnerdthai