Eglises d'Asie – Birmanie
Cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun : « Le vrai pouvoir vient du service »
Publié le 25/08/2021
Le 22 août dans une homélie, le cardinal Bo a rappelé que dans un pays juste, le gouvernement n’est pas au-dessus du peuple.
Le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun, a affirmé que le coup d’État militaire du 1er février et la crise politique qui a suivi ont ravagé le service du peuple ainsi que la légitimité et la puissance du pays à l’international. Mgr Bo a confié, dans une homélie prononcée le 22 août, que tout gouvernement qui ne tire pas sa légitimité du service du peuple ne la tire pas non plus de Dieu. « Le vrai pouvoir, comme l’a souvent dit le pape François, vient du service, et ne s’impose pas aux innocents », a-t-il souligné. « Dans un pays juste, le gouvernement n’est pas au-dessus du peuple. Il y a le regard du peuple et celui du gouvernement. Deux regards pour une vision complémentaire », a-t-il poursuivi. « Une nation se construit sur la justice. Tout le reste est de l’idolâtrie. Israël a justement chuté à cause de l’idolâtrie. » Le cardinal s’est désolé à propos de son pays, qui est né avec un grand rêve de paix et de prospérité pour tous. « Mais les puissants ont détruit cet idéal. Ils ont créé leurs propres idoles : pouvoir, possessions, richesse extrême à tout prix, injustice économique, injustice environnementale », a-t-il ajouté.
Le cardinal Bo a déploré que l’idolâtrie l’ait emporté sur les grands idéaux de Metta et Karuna (« bienveillance » et « compassion », deux vertus du bouddhisme theravada pratiqué en Birmanie). « Depuis les sept dernières décennies, ces idolâtres ont détruit l’idéal d’une nation bâtie sur la paix et la prospérité pour tous. Un rêve qui s’est transformé en cauchemar. » L’archevêque de Rangoun a dénoncé les souffrances causées par les nombreuses victimes causées par l’armée depuis six mois. « Nous avons vu quelques-uns rechercher leurs propres intérêts en pillant un pain périssable, au détriment de la paix, de la vie et de la prospérité de plusieurs millions d’habitants. » Les militaires birmans ont tué plus de mille civils depuis le coup d’État, qui a chassé le gouvernement d’Aung San Suu Kyi du pouvoir il y a six mois. Depuis, le pays traverse une grave crise politique, économique et sociale, avec des manifestations quotidiennes contre la junte.
« Une nouvelle fois, les Birmans ont prouvé leur générosité »
Par ailleurs, la Birmanie a également subi une hausse des infections au Covid-19, malgré l’effondrement des services de santé alors que plusieurs milliers de médecins et d’infirmières ont rejoint le mouvement massif de désobéissance civile. Le ministère de la Santé, contrôlé par l’armée, enregistre près de 4 000 nouvelles infections quotidiennes à travers le pays ; la réalité serait bien plus élevée, à cause du manque de tests et d’informations transparentes communiquées par la junte. Le cardinal Bo, âgé de 72 ans, a salué les volontaires et les soignants qui sont au front dans les centres d’accueil et de soin, tout en déplorant le décès de plus de 13 000 habitants depuis le début de la pandémie. « Une nouvelle fois, les Birmans ont prouvé leur générosité, avec tant de gens qui se tendent vers les personnes affectées. » Le cardinal a appelé ses concitoyens à ne pas abandonner leur humanité, et à savoir discerner le véritable idéal et les idoles. « Notre pèlerinage vers la dignité humaine est une longue marche, et il ne peut être vécu qu’avec les paroles de la vie éternelle – le pain qui est venu du ciel », a-t-il précisé.
(Avec Ucanews)
Crédit : Agenzia Fides / CC BY 4.0
