Eglises d'Asie

Cardinal Joseph Coutts, archevêque de Karachi : « Rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu »

Publié le 17/04/2020




Le cardinal Joseph Coutts, archevêque de Karachi, âgé de 74 ans, a publié un message en invitant tous les Pakistanais à « ouvrir leurs cœurs et leurs bras afin de venir en aide à ceux qui sont les plus touchés par la crise sanitaire, quelle que soit leur religion ». L’archevêque de Karachi, qui a été évêque de Faisalabad de 1998 à 2012 et qui est devenu cardinal en juin 2018, a également remercié les groupes musulmans qui ont apporté leur aide, ainsi que les ONG et toutes les initiatives caritatives qui interviennent en ce temps de confinement. « Rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu. Rien ne peut nous empêcher d’adorer notre Seigneur », a-t-il ajouté. Entretien.

Quel est votre message aux fidèles catholiques qui sont privés des messes publiques en raison de la fermeture des églises ?

Cardinal Coutts : Rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu. Rien ne peut nous empêcher d’adorer notre Seigneur. Un de mes fidèles m’a confié que ses yeux étaient pleins de larmes de joie et qu’il s’est senti comblé en voyant le Saint Sacrement à sa porte. Pour lui, c’était vraiment un moment béni. Beaucoup de gens ont pu suivre les célébrations en direct via Facebook, Youtube et les chaînes télévisées locales. De plus, quelques prêtres ont parcouru les rues en portant de grands crucifix pour bénir les gens, dans les quartiers où habitent les chrétiens. Ces derniers sont restés chez eux, mais en se tenant à leurs portes, aux fenêtres ou même sur les toits, pour voir passer les processions. Dans une paroisse de l’archidiocèse de Karachi, dans un quartier où vivent beaucoup de chrétiens, il a fallu aux prêtres deux jours pour parcourir toutes les rues et allées, en s’y prenant tôt le matin, pour s’assurer que chaque maison chrétienne puisse recevoir la bénédiction du Saint Sacrement.

Comment l’Église catholique réagit-elle contre l’atmosphère de peur entraînée par la pandémie de Covid-19 ?

Le confinement que nous vivons est une expérience nouvelle pour tout le monde, et beaucoup de fidèles catholiques ont eu peur d’être privés de la Sainte messe et des sacrements. Mais je voudrais remercier et bénir nos prêtres qui ont su trouver beaucoup de moyens créatifs, via les réseaux sociaux notamment, pour rejoindre les fidèles durant la Semaine sainte et les fêtes de Pâques.

Comment l’Église pakistanaise aide-t-elle les fidèles affectés par les conséquences économiques du confinement ?

Nous aidons nos pauvres avec toutes les ressources dont nous pouvons disposer. Je suis particulièrement inquiet concernant les travailleurs à la journée, qui sont les plus frappés par le confinement imposé à cause du coronavirus. Toutes les œuvres de charité et les organisations humanitaires doivent s’investir pour leur venir en aide.

Le président du parti Jamaat-e-Islami de Karachi, Hafiz Naeem ul Haq, vous a rencontré à Pâques en vous offrant des aides alimentaires pour les familles chrétiennes démunies. La situation est-elle favorable aux relations interreligieuses ?

Il y a effectivement le parti Jamaat-e-Islami qui est intervenu pour nous aider, ainsi que de nombreux autres frères et sœurs musulmans, en assurant qu’ils veulent étendre leur aide à toutes les familles chrétiennes dans le besoin. J’ai accepté leur contribution en leur confiant toute ma gratitude. Nos communautés restent confinées à domicile avec très peu de ressources financières. Tout aide est bienvenue dans ces circonstances. C’est pourquoi j’ai moi-même demandé à tous d’ouvrir leurs cœurs et leurs bras à tous ceux qui sont dans le besoin, quelle que soit leur religion. C’est l’occasion de nous montrer unis et de défendre l’harmonie interreligieuse.

Quel est votre objectif pour la réouverture des églises ?

Nous prions et nous espérons que le retour de la chaleur pourra aider à freiner la propagation du virus. Mais nous avons demandé à toutes les paroisses de rester vigilantes et de suivre toutes les recommandations du gouvernement et du ministère de la Santé. Concernant la réouverture des églises, tout dépendra de la fin du confinement.

(Avec Ucanews, Karachi)


CRÉDITS

Ucanews