Eglises d'Asie – Bangladesh
Caritas Bangladesh alerte les réfugiés Rohingyas sur le danger de fuir illégalement par la mer
Publié le 17/12/2022
« Caritas Bangladesh a lancé une campagne de sensibilisation auprès d’environ 23 000 réfugiés Rohingyas, afin de dissuader de voyager illégalement par la mer », a déclaré Marcel Ratan Guda, un responsable de l’organisation catholique, en évoquant les risques que prennent ceux qui tentent de fuir le Bangladesh ou la Birmanie en passant par des réseaux de trafiquants.
Des volontaires feront du porte à porte et organiseront des échanges avec les chefs de communauté dans les camps de réfugiés, afin d’expliquer les dangers auxquels ils feraient face s’ils prenaient part à ces voyages maritimes périlleux. En décembre, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) a lancé l’alerte sur la forte augmentation du nombre de Rohingyas quittant les deux pays par bateau.
La plupart d’entre eux se dirigent vers la Malaisie ou l’Indonésie, majoritairement musulmans, et beaucoup de ceux qui montent à bord d’embarcations vieilles et surchargées prennent des risques inconsidérés. Selon l’UNHCR, au moins 1 920 personnes ont fait le voyage cette année, dont 119 sont décédés ou portés disparus. En 2021, ce chiffre s’élevait à 29 victimes ou disparus sur 300 réfugiés qui avaient tenté de rejoindre l’étranger par la mer.
« Combien de temps pouvons-nous vivre comme cela ? »
En 2017, plus de 750 000 Rohingyas ont traversé la frontière vers le Bangladesh après une répression militaire birmane contre la minorité musulmane dans l’État de Rakhine, une situation décrite par l’ONU comme un « exemple typique de nettoyage ethnique ». « Les Rohingyas tentent de laisser derrière eux une vie cloisonnée et incertaine dans les camps bangladais en rejoignant différents pays par bateau, dans l’espoir d’un meilleur avenir. Il en résulte que beaucoup de familles sont exposées au danger et beaucoup de vies sont perdues », poursuit Marcel Ratan Guda.
Il précise que Caritas Bangladesh a déjà soutenu plus de 200 000 Rohingyas en leur offrant un logement, un accès à l’éducation et des kits d’hygiène, et en les accompagnant via différents programmes de sensibilisation. « La vie au camp est très déprimante. Nous ne voyons aucun espoir dans un retour éventuel en Birmanie, et même si la nourriture au camp est garantie, combien de temps pouvons-nous vivre comme cela ? C’est pourquoi beaucoup de Rohingyas veulent tenter leur chance en se rendant dans d’autres pays », explique Mohammad Ali, chef de communauté au camp de Kutupalong, à Cox’s Bazar.
« Des gangs de trafiquants tentent de les attirer avec de fausses promesses »
« D’après mon expérience, le camp est plutôt calme dans la journée, mais il y a beaucoup de criminalité la nuit. Le maintien de l’ordre est insuffisant, et les patrouilles doivent être renforcées », estime un travailleur humanitaire qui souhaite rester anonyme. « Par ailleurs, le gouvernement, doit aussi organiser des campagnes de sensibilisation auprès de toutes les ONG qui travaillent dans les camps. Je pense que si le processus de rapatriement [vers la Birmanie] se faire rapidement, ces migrations illégales peuvent être empêchées dans une certaine mesure, parce qu’alors ils auront de l’espoir », ajoute-t-il.
Toutefois, Rakibul Hasan un fonctionnaire chargé du camp de Balukhali, explique qu’ils ont suffisamment de surveillance au camp et dans les alentours, mais que des Rohingyas tentent malgré tout de s’enfuir à l’étranger en prenant part à ces traversées dangereuses. « Des gangs de trafiquants tentent d’attirer les réfugiés Rohingyas avec de fausses promesses pour les emmener à l’étranger via des routes maritimes illégales, et beaucoup se laissent convaincre. Nos forces de l’ordre sont très actives et plusieurs personnes de ce groupe de passeurs ont déjà été arrêtées », assure-t-il.
(Avec Ucanews)
CRÉDITS
Stephan Uttom / Ucanews