Eglises d'Asie

Caritas : les catholiques birmans « témoins de l’amour du Christ pour les pauvres »

Publié le 30/05/2019




Richard Win Tun Kyi, directeur national de la Caritas birmane, explique que dans un contexte mutltiethnique et interreligieux comme en Birmane, la mission de Caritas est de « porter témoignage à l’amour du Christ pour les opprimés, ceux qui sont perdus et les plus pauvres d’entre les pauvres ». Il faisait partie des quelque quatre cents participants à la 21e assemblée générale de Caritas Internationalis, au Vatican du 23 au 28 mai. « Depuis sa fondation, Caritas Birmanie a été très attentive à la diversité des populations vivant dans notre pays », poursuit-il. En même temps, précise-t-il, la Caritas birmane « affirme fièrement sa filiation à l’Église et sa loyauté envers les évêques. Nous sommes guidés par la doctrine sociale de l’Église ».

La Birmanie compte environ 750 000 catholiques, soit un peu plus d’1 % de la population. La Caritas birmane, connue dans le pays sous le nom de KMSS (Karuna mission social solidarity), y travaille sous l’autorité de la conférence épiscopale birmane (CBCM) depuis 2001. Les 725 volontaires de l’organisation en Birmanie sont engagés dans cinq domaines principaux : l’éducation, la réduction des risques de catastrophes et l’intervention d’urgence, la santé, la protection sociale et le monde du travail. Actuellement, plusieurs programmes humanitaires d’urgence sont en cours en Birmanie. Le travail de la Caritas birmane est « particulièrement important dans l’État d’Arakan, où les scènes de combats armés entre les militaires et les rebelles de l’Armée Arakan affectent les Rohingyas et les Bengalis, ainsi que dans les États Kachin et Shan, également troublés par les conflits », souligne Richard Win Tun Kyi. Le contexte social, ethnique et religieux de chaque situation est différent, ce qui oblige l’organisation locale à adopter différentes approches, la prudence étant toujours le dénominateur commun. « Dans les États Kachin et Shan, l’Église peut compter sur une forte présence de l’organisation, en raison d’un grand nombre de chrétiens, de catholiques et de baptistes. Trois diocèses y sont directement affectés par les combats : ceux de Myitkyina, de Banmaw et de Lashio », explique le directeur national de la « Karuna ».

Forte présence de l’Église dans le Nord

« La forte activité de la communauté catholique locale, en termes de travail social et pastoral, a contribué à enraciner l’activité de Caritas dans la région, depuis le début des années 2000. Pour cette raison, quand les combats armés ont repris en 2011, nous avons pu réagir immédiatement », poursuit-il. « Cette intervention était également possible parce que les deux factions, la Tatmadaw [l’armée birmane] et la KIA [l’Armée pour l’indépendance Kachin], voient l’Église comme un parti neutre. Grâce à leur confiance, nous avons pu entreprendre un véritable programme d’assistance humanitaire », se réjouit-il. « Ceci dit, nous restons très prudents, parce que la situation est délicate. Dans toutes nos interventions humanitaires, nous agissons d’abord auprès des personnes qui souffrent à cause du conflit. Dans les zones non contrôlées par le gouvernement, sur plus de 120 000 personnes déplacées internes [IDP], nous en aidons environ 60 000. Notre aide est exclusivement destinée aux réfugiés. » Le conflit dans l’État d’Arakan, en revanche, représente une situation différente pour l’Église. Les catholiques y sont très minoritaires : dans l’ensemble du diocèse de Pyay, qui couvre l’État d’Arakan, on compte seulement 8 000 catholiques sur 2 millions d’habitants. « Malgré tout, Caritas a commencé à y travailler dès 2003. C’est l’une des régions les plus pauvres et les plus difficiles du pays. En 2009, quand des tempêtes tropicales ont frappé la région, nous sommes intervenus auprès de toutes les communautés : musulmans bengalis, bouddhistes rakhines et Chins », explique Richard Win Tun Kyi. « Même si nous pouvons agir dans la région, les tensions ethniques et religieuses nous forcent à rester très prudents. Celles-ci touchent surtout les musulmans et les bouddhistes, mais nous ne pouvons pas nous permettre d’entraîner les chrétiens dans le conflit à cause de notre travail, alors qu’ils sont déjà vus avec méfiance par les autorités et par les extrémistes. »

(Avec Asianews)


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Ucanews