Eglises d'Asie – Chine
Carrie Lam, cheffe de l’exécutif hongkongais, nie toute volonté de démissionner
Publié le 04/09/2019
Alors que Hong-Kong est entré dans la quatorzième semaine de contestation, la cheffe de l’exécutif hongkongais, Carrie Lam, a réagi hier, mardi 3 septembre, suite à la fuite d’un enregistrement audio dans lequel elle affirmait vouloir quitter son poste. Carrie Lam a nié toute intention de démissionner, sans pour autant contester l’authenticité du document audio. Ce dernier, publié par Reuters, a été enregistré la semaine dernière durant une réunion avec un homme d’affaires. On y entend Carrie Lam en train de s’accuser elle-même d’avoir déclenché la crise politique sur le territoire hongkongais, ajoutant que c’est « impardonnable » d’avoir laissé se développer « un tel chaos ». « La marge de manœuvre du chef de l’exécutif qui, malheureusement, doit servir deux maîtres selon la Constitution, c’est-à-dire le gouvernement populaire central et le peuple de Hong-Kong, est très, très, très limitée », explique la voix de l’enregistrement. Selon le document audio, la Chine n’aurait pas de date butoir pour l’issue de la crise actuelle, et Pékin n’aurait aucune intention d’envoyer des troupes pour mettre fin aux manifestations. Le 3 septembre, Carrie Lam a réagi en dénonçant le fait que des propos privés ont pu être enregistrés et rendus publics. « Je n’ai jamais remis ma démission au gouvernement populaire central », a-t-elle déclaré. « Je n’ai même pas envisagé d’évoquer le sujet avec le gouvernement central. »
Carrie Lam a également nié les rumeurs estimant qu’elle-même ou son gouvernement auraient « joué un rôle » dans la publication de l’enregistrement afin de s’attirer la sympathie et de tenter de restaurer une partie du soutien public qu’elle a perdu ses dernières semaines. La cheffe de l’exécutif s’est dite très inquiète des violences en affirmant que « la plupart des Hongkongais n’en veulent pas », ajoutant que « notre but commun est d’arrêter cette violence, pour permettre le retour à la paix dans la société ». Elle a également promis d’intensifier le dialogue avec les manifestants. Depuis juin dernier, de nombreuses manifestations ont été organisées à Hong-Kong, déclenchées par un projet de loi controversé sur l’extradition. Bien que le projet du gouvernement ait été annulé, les militants du mouvement pro démocratie demandent des réformes et une enquête sur les violences policières. À ce jour, depuis le début du mouvement, les autorités ont arrêté 1 117 personnes. Le week-end dernier, des violences ont à nouveau éclaté, avec cette fois-ci des cocktails Molotov, des départs de feu et une attaque contre le Parlement de Hong-Kong ; la police a réagi en utilisant du gaz lacrymogène, des balles en caoutchouc et des coups de semonce pour tenter de disperser la foule.
44 églises hongkongaises sonnent pour la paix
Dimanche 1er septembre, de nombreuses cloches d’églises ont sonné à 13 heures à Hong-Kong, afin d’appeler à prier pour la paix sur le territoire. En tout, 44 églises ont participé à la démarche : 21 églises catholiques, 16 églises anglicanes, une église méthodiste et quelques autres églises chrétiennes, dont la chapelle de l’école Divinity School du Chung Chi College, de l’université chinoise de Hong-Kong. L’initiative a été lancée par Theresa Lee, une catholique hongkongaise, qui espère que la démarche contribue à éveiller les consciences des habitants en priant pour l’avenir de Hong-Kong. Le 15 août, elle s’est confiée à Kung Kao Pao, l’hebdomadaire chinois du diocèse de Hong-Kong, en expliquant que l’opposition entre la police et le mouvement contre l’amendement de la loi sur l’extradition la rend « profondément inquiète », ajoutant qu’elle se rend compte que cette inquiétude est partagée par de plus en plus de gens. Parmi ceux-ci, Joseph Chan, un catholique de la paroisse Saint-Jean-Baptiste, qui a participé à la démarche après la messe du dimanche. Attristé en voyant la ville déchirée depuis quelques mois, il confie qu’il prie pour ceux qui ont été blessés durant les manifestations, en espérant toujours qu’un dialogue constructif puisse restaurer la paix dans la région administrative spéciale. Dans sa paroisse, plus de trois cents fidèles ont participé. Joseph Phan explique que cette démarche cherche à montrer la solidarité œcuménique des Églises chrétiennes avec tous ceux qui sont engagés dans le conflit. « Bien qu’il y a beaucoup d’opinions diverses dans la société, je pense que l’Église doit proclamer le message de paix à travers l’enseignement de Jésus », souligne-t-il.
Joe Chan, un fidèle de la paroisse de la Sainte-Croix, qui a également participé à la démarche, remarque que ce temps de prière a permis à beaucoup de catholiques de s’impliquer. « Beaucoup de fidèles sont inquiets, désemparés ou en colère. Ils se demandent sans cesse combien de temps ces troubles vont se poursuivre, et ce qu’ils peuvent faire. La paroisse est un lieu qui reflète la société », confie-t-il. Pour Joe Chan, l’Église doit protéger les blessés et les opprimés « selon l’enseignement catholique qui invite les fidèles à suivre un chemin de justice et de paix ». Le cardinal John Tong, 80 ans, administrateur apostolique de Hong-Kong, s’est joint à d’autres responsables religieux pour appeler les autorités et les manifestants à accorder à la ville une période de réflexion de deux mois. La Conférence des six responsables religieux de Hong Kong, qui regroupe des responsables bouddhistes, catholiques, confucianistes, musulmans, protestants et taoïstes, a annoncé le 30 août que face à la poursuite du conflit contre la loi sur l’extradition, ils appelaient à prendre le temps de la réflexion pour contribuer au bien commun.
(Avec Asianews et Ucanews, Hong-Kong)
CRÉDITS
Ucanews