Eglises d'Asie – Thaïlande
Chiang Mai : les catholiques thaïlandais viennent en aide aux réfugiés Karen fuyant la Birmanie
Publié le 23/04/2021
Les catholiques de la province de Chiang Mai, dans le nord de la Thaïlande, participent à l’accueil et à l’aide des réfugiés Karen venus de Birmanie – en contraste avec la politique anti-immigration du gouvernement thaïlandais concernant les réfugiés et les migrants birmans. Les autorités ecclésiales locales, soutenues par les catholiques de Chiang Mai, ont soutenu plusieurs milliers de réfugiés Karen après leur fuite de l’État Kayin, en Birmanie, alors qu’ils se cachaient dans une forêt près du fleuve Thanlyin, sur la frontière avec la Birmanie. Mgr Francis Xavier Vira Arpondratana, évêque de Chiang Mai, a confié à l’agence Fides qu’une équipe diocésaine composée de volontaires laïcs, de prêtres et de religieuses participe aux aides aux réfugiés Karen situés dans deux zones au sud du Parc National de Salawin, près de la frontière. Mgr Vira a également appelé les groupes catholiques thaïlandais à participer aux opérations, en évoquant un besoin d’argent, d’eau potable, de nourriture et de médicaments, entre autres. Sœur Aranya Kitbunchu, présidente de la Fédération des supérieures religieuses de Thaïlande, a participé aux opérations aux côtés du diocèse de Chiang Mai et de Caritas Thaïlande. « Les réfugiés sont dans une situation désespérée : ils ont besoin d’aide pour pouvoir survivre à ces épreuves », explique la religieuse, qui coordonne les volontaires et divers représentants d’ordres religieux participant aux opérations depuis mars dernier.
Plus de 3 000 réfugiés Karen ont franchi la frontière
Depuis le coup d’État du 1er février, qui a chassé du pouvoir le gouvernement élu de la Ligne nationale pour la démocratie (NLD) d’Aung San Suu Kyi, les combats se sont intensifiés entre les militaires birmans et les rebelles Karen. Face à la multiplication des assauts de la guérilla karen, l’armée a lancé des attaques aériennes et au sol dans cinq régions contrôlées par l’Armée Karen de libération nationale (KNLA), la branche armée de l’Union nationale Karen (KNU). Les combats ont entraîné au moins trois décès et sept blessés parmi les civils, forçant plus de 10 000 personnes à fuir leurs maisons pour se cacher dans la forêt. Plus de 3 000 Karen, majoritairement chrétiens, ont franchi la frontière avec la Thaïlande pour éviter les violences. Le gouvernement thaïlandais du Premier ministre Prayut Chan-o-cha, ancien général, a été peu accueillant envers les réfugiés birmans. Selon le Réseau karen européen, les autorités thaïlandaises ont bloqué les aides humanitaires destinées aux réfugiés et déporté plusieurs dizaines d’entre eux, malgré les menaces de violences dans leurs villages d’origine. Ces mesures ont suscité l’indignation des organisations humanitaires.
Avant le retour de la junte au pouvoir après la transition démocratique entamée en 2015, la Birmanie avait déjà connu près de cinq décennies de régime militaire. Durant le règne de la junte, le pays, qui compte près de 135 communautés ethniques, a connu de nombreux conflits ethniques entre les groupes rebelles et l’armée. Cette situation a entraîné plus de 500 000 personnes déplacées internes (IDP) au fil des années, et forcé près de 130 000 réfugiés à vivre dans des conditions misérables dans des camps thaïlandais. Par ailleurs, en 2016 et 2017, deux répressions militaires contre les musulmans Rohingyas de l’État Rakhine ont entraîné la fuite de plus de 700 000 d’entre eux au Bangladesh. Les États Kachin, Kayin, Shan et Chin, majoritairement chrétiens, ont été les plus touchés par les conflits internes. Les chrétiens birmans représentent près de 6 % de la population sur 54 millions d’habitants, selon World Watch Monitor.
(Avec Ucanews)
CRÉDITS
Karen Women’s Organization / Ucanews