Eglises d'Asie

Colombo : le cardinal Ranjith insiste pour faire toute la vérité sur les attentats de 2019

Publié le 20/04/2023




Le 17 avril lors d’une conférence de presse organisée à l’évêché de Colombo, le cardinal Malcolm Ranjith a appelé à former une chaîne humaine, le 21 avril à 8h30 (quatre ans après les attentats du dimanche de Pâques 2019), entre l’église Saint-Antoine de Kochchikade et l’église Saint-Sébastien de Katuwapitiya, à Negombo – touchées par les attaques. « Pour le bien et l’avenir du pays, les citoyens doivent savoir ce qui s’est passé durant ce massacre », a expliqué le prélat sri-lankais.

L’église Saint-Sébastien de Negombo, touchée par les attentats de 2019.

Le cardinal Malcolm Ranjith, archevêque de Colombo, a appelé les chrétiens et les habitants du Sri Lanka à former une Jana Paura (une chaîne humaine), afin de demander la vérité sur les attaques du dimanche de Pâques 2019, au cours desquelles plus de 200 personnes sont décédées. Pour le cardinal sri-lankais, qui s’est exprimé le 17 avril durant une conférence de presse organisée à l’évêché dans la capitale, le gouvernement de l’époque aurait dissimulé la vérité sur les événements survenus il y a quatre ans.

« Nous nous souvenons bien de la déclaration de l’ancien procureur général, affirmant qu’il y avait une vaste conspiration derrière ces attentats. Une position qui a aussi été appuyée par son rapport publié par la Commission parlementaire, nommée à l’époque par le gouvernement du parti Yahapalana [UNF] », a souligné le cardinal.

« Pour le bien et l’avenir du pays, les citoyens doivent savoir ce qui s’est passé durant ce massacre. Dans le passé, il y a eu des meurtres, des violences et des conflits interethniques et interreligieux au cours desquels les principes de l’État de droit et de la justice ont été ignorés afin d’obtenir et de conserver le pouvoir », a-t-il poursuivi.

« Cette culture politique corrompue adopte une stratégie qui cherche à amener la population à oublier tous ces crimes. Notre tentative est de montrer que nous ne cesserons pas nos efforts pour dénoncer ces méthodes mauvaises. Nous sommes convaincus que si nous baissons les bras, ce sera un dangereux précédent pour le pays. »

Une chaîne humaine entre deux des églises touchées par les attentats

Durant les célébrations de Pâques 2019, un groupe de terroristes a organisé une attaque suicide contre trois églises et quatre hôtels de luxe le 21 avril, faisant 253 morts et plus de 500 blessés. En janvier 2023, le président de l’époque, Maithripala Sirisena, a été forcé par la Cour suprême de compenser les familles des victimes, après avoir été reconnu coupable pour la négligence de plusieurs membres de son gouvernement, qui n’ont pas empêché les attaques malgré des avertissements.

« Désormais, le pouvoir politique de ce pays repose sur des bases profondément corrompues. Dans cette situation, des activités criminelles pourraient à nouveau avoir lieu à l’avenir pour obtenir ou conserver le pouvoir », a souligné le cardinal Ranjith. « C’est pourquoi il est indispensable de dévoiler la vérité sur les événements et de poursuivre les responsables et les criminels derrière les attaques. Quatre ans se sont écoulés, et pourtant les principaux auteurs des attentats n’ont pas été découverts et poursuivis », a-t-il insisté.

« Nous appelons donc tous les citoyens, quelles que soient leurs différences ethniques et religieuses, à se rassembler le long de la route principale entre Colombo et Negombo, des deux côtés, pacifiquement, à 8 h 30 du matin le 21 avril, afin de former une chaîne humaine rejoignant l’église Saint-Antoine de Kochchikade et l’église Saint-Sébastien de Katuwapitiya, à Negombo », a-t-il demandé en évoquant deux des églises ciblées par les attaques de 2019.

Les participants ont été invités à respecter deux minutes de silence à 8h45 et à rester debout en formant une chaîne entre 8 h 30 et 9h, des deux côtés de la route et sans bloquer le trafic. Le cardinal Ranjith a aussi suggéré à ceux qui ne pourraient pas participer à l’initiative de se joindre aux deux minutes de silence sur leur lieu de travail.

(Avec Asianews)


CRÉDITS

Ucanews