Eglises d'Asie

Colombo : le cardinal Ranjith lance un appel à la paix après la démission du Premier ministre

Publié le 10/05/2022




Le cardinal Ranjith, a appelé à la paix après des tensions qui ont éclaté dans le pays après la démission du Premier ministre Mahinda Rajapaksa, annoncée ce lundi 9 mai. Plusieurs personnes ont trouvé la mort au cours d’attaques lancées par les partisans du parti au pouvoir. Les manifestants ont poursuivi leur mouvement en demandant également la démission du président Gotabaya Rajapaksa. « Nous appelons à réagir de manière pacifique selon nos principes religieux et sans recourir à la violence », a insisté l’archevêque.

Des drapeaux noirs et blancs, couleurs du deuil, accrochés aux grilles du palais présidentiel de Gotabaya Rajapaksa, à Colombo.

Le cardinal Malcom Ranjith, archevêque de Colombo, a appelé à la paix après des tensions qui ont éclaté dans le pays après la démission du Premier ministre Mahinda Rajapaksa, annoncée ce lundi 9 mai. Plusieurs personnes ont trouvé la mort au cours d’attaques lancées ce lundi par les partisans du parti au pouvoir. De leur côté, les manifestants ont poursuivi leur mouvement en insistant pour demander également la démission du président Gotabaya Rajapaksa. Des opposants ont également envahi et incendié la résidence officielle du Premier ministre sortant à Kurunegala. « Nous appelons la population à réagir pacifique selon nos principes religieux et sans recourir à la violence. Nous devons agir de manière non violente et ne pas attaquer les gens », a déclaré le cardinal sri-lankais.

Par ailleurs, vendredi dernier, le 6 mai, les chrétiens sri-lankais ont fermé leurs écoles et autres institutions dans le pays afin de participer à une grève nationale contre la gestion de la crise financière actuelle par le président Gotabaya Rajapaksa et son gouvernement. Les établissements éducatifs, les bureaux, les usines, les fournisseurs d’électricité, les services médicaux ainsi que les transports publics et privés sont restés fermés vendredi dernier, en réponse à un appel à la grève lancé par plusieurs organisations et syndicats sri-lankais. La police a utilisé du gaz lacrymogène afin de disperser les étudiants rassemblés devant le Parlement de Colombo. Alors que le pays de près de 22 millions d’habitants s’est retrouvé à nouveau bloqué après déjà plusieurs mois de troubles, le président a invoqué à nouveau l’État d’urgence afin de maintenir l’ordre public.

De nombreuses églises chrétiennes et temples bouddhistes ont également sonné leurs cloches en signe de soutien à la manifestation du 6 mai, l’une des plus importantes depuis 1953. « Tout le monde est farouchement opposé au régime corrompu », explique le père Amila Jeevantha Peiris, un prêtre catholique qui a participé aux manifestations depuis plus de trois semaines. « Accrochez un drapeau noir devant chaque maison », insiste-t-il, en évoquant les drapeaux noirs et blancs, couleurs du deuil, hissés notamment devant les grilles du palais présidentiel de Gotabaya Rajapaksa, à Colombo. Beaucoup de prêtres et de religieuses ont rejoint les jeunes manifestants qui se sont installés devant le palais présidentiel.

Appels contre le népotisme, la corruption et les sentiments d’impunité

« C’est clair qu’il y a un rejet des familles politiques népotistes, de la corruption et des comportements d’impunité concernant des questions brûlantes auxquelles les nôtres sont confrontés au quotidien », ont également annoncé Mgr Keerthisiri Fernando et Mgr Dushantha Rodrigo, deux évêques de l’Église de Ceylon (Église anglicane). Dans leur déclaration, publiée le 5 mai, ils soulignent qu’ils ont rejoint « la lutte actuelle du peuple et son appel à la démission des responsables ». Ils condamnent notamment les arrestations récentes d’un groupe de jeunes engagés dans des manifestations pacifiques. « Ce genre d’arrestations arbitraires et d’actions illicites constituent une violation flagrante des droits fondamentaux de notre peuple », ont-ils ajouté. Un appel a également été lancé afin d’inviter les responsables religieux du pays à soutenir et protéger les jeunes qui manifestent devant le parlement depuis le 4 mai.

Des manifestations ont éclaté dans tout l’État insulaire début mars, face à la pire crise économique frappant le pays depuis plusieurs décennies. Les manifestants accusent le gouvernement d’une mauvaise gestion économique et d’avoir provoqué une crise de change qui a suscité des pénuries de biens essentiels. La dette extérieure du pays est estimée autour de 51 milliards de dollars US et le gouvernement emprunte lourdement à la Chine. Il a également bloqué de nombreuses importations afin de limiter la sortie de devises étrangères. La crise financière a entraîné des pénuries de carburants, de biens alimentaires et de médicaments, entre autres, ainsi que des coupures de courant régulières et une situation préoccupante pour l’ensemble de la population.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Vanessa Dougnac