Eglises d'Asie

Colombo : l’Église sri-lankaise appelle à ne pas détourner les attentats de 2019 à des fins politiques

Publié le 21/07/2022




Le 19 juillet à Colombo, le père Cyril Gamini, membre d’une commission spécialement créée par l’archidiocèse de Colombo pour rechercher la vérité sur les attentats de 2019, a dénoncé une proposition du nouveau président Ranil Wickremesinghe, qui a suggéré d’inviter la police britannique à mener une enquête impartiale sur les attaques. Le père Gamini a tenu à rappeler que Wickremesinghe était premier ministre à l’époque. « Il a eu beaucoup d’occasions d’avoir des soutiens étrangers avant le changement de gouvernement en 2019. Cette proposition est une façon de tromper les gens. »

Des manifestants sri-lankais à Negombo.

L’Église sri-lankaise a repoussé une proposition du président intérimaire, qui a suggéré d’inviter la police britannique à mener une enquête impartiale sur les attentats du dimanche de Pâques 2019. « Nous rejetons fermement la déclaration du président intérimaire Ranil Wickremesinghe. Il essaie de prendre le pouvoir en parlant des victimes des attaques », a dénoncé le père Cyril Gamini, le 19 juillet à Colombo.

Le prêtre, qui est membre de la commission de l’archidiocèse de Colombo, spécialement créée pour rechercher et proclamer la vérité sur les attentats de 2019, a accusé le président d’avoir tenté de « détourner » la tragédie avant un vote du Parlement pour élire un nouveau président.

De son côté, le 20 juillet, le Parlement a annoncé que Wickremesinghe a été réélu comme président du Sri Lanka. Il a rassemblé 134 voix tandis que ses rivaux, Dallas Alahaperuma et Anurakumara Dissanayake, ont obtenu respectivement 82 et 3 voix. Wickremesinghe, qui a donc été élu comme 8e président du pays, devrait assumer cette responsabilité jusqu’à la fin du mandat d’origine de son prédécesseur, Gotabaya Rajapaksa, en novembre 2024.

Le père Gamini a tenu à rappeler que Wickremesinghe était premier ministre à l’époque des attentats de 2019, qui ont tué 269 personnes et blessé plus de 500 autres. « Il a eu beaucoup d’occasions d’avoir les soutiens des polices étrangères afin d’enquêter sur les attaques, avant le changement de gouvernement en 2019 », a-t-il poursuivi. « Cette dernière proposition est une façon de tromper les gens. »

« Nous ne cesserons pas de demander justice pour les attentats de Pâques 2019 »

Avant l’élection par le Parlement, dans un message vidéo, Wickremesinghe a affirmé qu’il enquêterait à nouveau sur les attentats, avec le soutien d’enquêteurs britanniques. Le père Gamini a appelé le nouveau président à cesser de tenter de tromper les gens, en ajoutant que les habitants ne se feront plus avoir par des dirigeants corrompus. « Quel que soit le président ou le gouvernement élu, nous ne cesserons pas de demander justice pour les attentats de Pâques 2019. »

Saman Kapila Wijesuriya, un journaliste sri-lankais reconnu et rédacteur en chef du site web d’information Vathikana Sulaga (Vatican Winds), a commenté la déclaration du nouveau président en soulignant que les chrétiens et les non chrétiens ne sont prêts à faire confiance à Wickremesinghe, qui s’est empressé pour protéger les responsables des attaques. « Se tourner vers Wickremesinghe pour obtenir justice, c’est encore plus stupide que de chercher à cueillir des pommes sur des cactus », lance-t-il.

De son côté, Anurakumara Dissanayake, responsable de parti Janatha Vimukthi Peramuna (Front de libération du peuple), qui était un des trois candidats en lice pour la présidentielle, affirme que « le gouvernement et l’opposition parlent aujourd’hui d’unité nationale, en tout cas en apparence, mais derrière ces discours, ils continuent de provoquer des conflits »

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Quintus Colombage / Ucanews