Eglises d'Asie – Sri Lanka
Colombo : les responsables religieux sri-lankais appellent l’armée à protéger les civils
Publié le 09/07/2022
Les responsables religieux sri-lankais ont appelé les forces armées du pays à ne pas s’attaquer aux civils désarmés, après la diffusion d’une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux au Sri Lanka, et montrant un militaire frappant un homme à la poitrine alors qu’il faisait la queue dans une station d’essence.
« Nous recommandons à l’armée de ne pas perdre le respect de la population. Ce que font les forces armées, c’est protéger les dirigeants corrompus qui ont plongé le pays dans le chaos », a déclaré le vénérable Omalpe Sobitha Thera, un moine bouddhiste influent, connu à l’international comme érudit, chercheur et philanthrope. Il a ajouté que les Sri-Lankais sont frappés par la faim, la souffrance et la détresse, avec peu voire pas d’espoir immédiat de voir prendre fin la crise économique et la crise sociale dans le pays. « Les forces de l’ordre doivent être à l’écoute du peuple », a insisté le moine bouddhiste, le 6 juillet dans une déclaration vidéo.
L’armée sri-lankaise a nommé un comité de cinq membres afin de mener une enquête officielle sur les agissements agressifs d’un officier identifié comme le lieutenant-colonel Viraj Kumarasinghe, commandant de la Garde nationale du Sri Lanka. Ce dernier a été renvoyé de son poste après les incidents survenus dans la station d’essence de Yakgahapitiya, sur la route entre Kurunegala et Dambulla.
« Les forces de l’ordre se sont engagées à protéger les civils »
Le père Cyril Gamini, rédacteur en chef de l’hebdomadaire catholique local Ganartha Pradeepaya, a condamné l’attaque dont le militaire s’est rendu coupable. « Quels que soient les ordres que vous recevez des officiers militaires, évitez d’agir contre la loi dans le pays », a-t-il recommandé le 6 juillet. « Les forces de l’ordre se sont engagées à protéger les civils », a-t-il rappelé. Par ailleurs, le président Gotabaya Rajapaksa a nommé plusieurs anciens officiers militaires à des postes clés de son administration civile, ce qui a été critiqué par certains analystes politiques comme une tentative de militariser la nation insulaire.
Des incidents similaires, impliquant des échanges violents entre des civils et la police ou l’armée, ont été signalés dans un pays toujours écrasé par la pire crise économique depuis 1948. Il y a eu des manifestations massives depuis le mois de mars, contre la gestion économique de la famille Rajapaksa au pouvoir, en demandant notamment la démission du président.
Selon Sarath Fonseka, ancien général et élu de l’opposition, même si l’armée travaille dans des conditions très difficiles et éprouvantes, les soldats ont le devoir d’assumer leurs responsabilités et de respecter les droits des citoyens. « Je rappelle au commandant de l’armée que vous devez protéger votre réputation, la réputation de l’armée et la nôtre en tant qu’anciens militaires », a-t-il confié au Parlement, tout en soulignant la nécessité d’appliquer la loi en toute transparence. « Ne visez jamais les gens avec une arme. Nous demandons à l’armée et à la police de ne jamais faire cela. »
Le Sri Lanka subit également une crise de change sans précédent avec une pénurie de devises étrangères. Le pays doit rembourser 7 milliards de dollars US de dette étrangère cette année, et encore 25 milliards de dollars supplémentaires d’ici 2026. De son côté, le cardinal Malcolm Ranjith a appelé le président et son gouvernement à démissionner immédiatement pour assumer la situation tragique frappant le pays. « Renoncez à vos positions et remettez au peuple l’avenir du pays. Le plus grand obstacle qui empêche de libérer le Sri Lanka de cette triste situation, c’est en fait la famille Rajapaksa qui continue de s’accrocher au pouvoir », a-t-il confié lors d’une conférence de presse organisée le 5 juillet.
(Avec Ucanews)