Eglises d'Asie – Sri Lanka
Colombo : l’opposition manifeste contre la décision de repousser des élections locales
Publié le 01/03/2023
Des tensions ont opposé des manifestants et la police de Colombo durant la nuit du 26 au 27 février. Les forces de l’ordre ont utilisé du gaz lacrymogène et des canons à eau contre des militants du mouvement NPP (National People’s power), une coalition de l’opposition qui a demandé au gouvernement de ne pas repousser les élections locales prévues le 9 mars prochain. Plus de 30 manifestants ont été hospitalisés.
Mi-février, la Commission électorale sri-lankaise a en effet annoncé que la date annoncée initialement devait être repoussée. La décision aurait été prise suite au refus du département des publications du gouvernement d’imprimer les bulletins électoraux, qui s’est justifié par la non-réception des paiements prévus.
Selon plusieurs observateurs, ce serait une tentative du gouvernement de retarder ces élections locales afin que la distance entre son administration – qui est arrivée au pouvoir après des émeutes l’an dernier contre l’ancien président Gotabaya Rajapaksa – et les préférences du peuple ne devienne trop évidente.
Le responsable de la coalition NPP, Anura Kumara Dissanayake, a déclaré qu’il était déterminé à défendre le peuple par tous les moyens en assurant que la date du vote soit maintenue. Durant la manifestation, organisée à Lipton Circus, dans la capitale, il a également déploré que cette revendication soit repoussée par le gouvernement avec des canons à eau et du gaz lacrymogène.
« Ranil Wickramasinghe n’a pas retenu la leçon du mouvement populaire contre Gotabaya »
Une décision de justice contre 26 responsables du mouvement, dont Anura Dissanayake, avait interdit l’organisation de la manifestation ce dimanche entre 13 et 20 heures dans le centre de Colombo et dans les quartiers situés à proximité du Bureau présidentiel, du ministère des Finances et de la résidence du président.
Ignorant cette décision, les manifestations se sont dirigées vers Colombo Fort. Plusieurs centaines de policiers et des militaires ont été déployés afin d’empêcher les manifestants d’atteindre le Secrétariat présidentiel et l’Hôtel de Ville. Anura Dissanayake, à la tête de la manifestation, a eu un échange tendu avec la police avant que cette dernière ne repousse brutalement la foule afin de la disperser. Durant la manifestation, certains ont crié des slogans tels que Ranila pissek (« Ranil est un imbécile »). Finalement, la foule s’est arrêtée à Lipton Circus pour organiser un meeting, entourée des forces de l’ordre.
Certains candidats qui se sont présentés aux élections locales estiment que le président Ranil Wickramasinghe « n’a pas retenu la leçon du mouvement populaire massif contre l’ancien précisent Gotabaya ». « Le gouvernement a les moyens de déployer tant de policiers et de militaires contre nos manifestants, mais il n’a pas de quoi importer des médicaments et de la nourriture », renchérit une femme du NPP qui s’est présentée aux élections. « Même si nous voulions l’accepter comme dirigeant, comment faire confiance à un chef d’État qui ne permet pas au peuple de manifester ? », ont ajouté des militants présents.
(Avec Asianews)
CRÉDITS
Melani Manel Perera / Asianews