Eglises d'Asie

Confrontées à la crise, les minorités ethniques bangladaises ont « besoin de davantage de fonds »

Publié le 18/06/2020




Jeudi 11 juin, Mustafa Kamal, ministre des Finances du Bangladesh, a présenté sa proposition de budget annuel pour 2020-2021 devant le Parlement bangladais – un budget s’élevant à 596 milliards d’euros de dépenses. Le budget alloué au développement des communautés ethniques, selon la proposition, est de 12,9 millions d’euros pour les groupes vivant dans les collines, et de 8,4 millions d’euros pour ceux vivant dans les plaines. Selon les défenseurs des droits des minorités, le budget alloué est insuffisant. « Ce budget est décidé en pleine crise sanitaire et économique, alors que beaucoup de familles indigènes ont perdu leur travail et leurs revenus. Beaucoup d’entre eux survivent grâce à l’aide humanitaire », souligne Apurbo Mrong, secrétaire de la commission Justice et Paix du diocèse de Mymensingh.

Le 11 juin, le ministre des Finances du Bangladesh, Mustafa Kamal, a fait une proposition de budget national pour 2020-2021 au Parlement, s’élevant à 596 milliards d’euros de dépenses pour 396 milliards d’euros de recettes. Le budget devrait être confirmé à la fin du mois. Parmi les propositions du ministère, de nombreux activistes pour les droits des populations indigènes ont dénoncé le manque de financements prévus pour le développement des communautés tribales. Ils ont demandé au gouvernement d’allouer davantage de fonds pour le développement socio-économique de plusieurs dizaines de milliers d’indigènes, membres de communautés marginalisées et démunies. Le budget alloué au développement des communautés ethniques, selon la proposition, est d’1,23 milliards de takas (12,9 millions d’euros) pour les communautés vivant dans les collines, et de 800 millions de takas (8,4 millions d’euros) pour celles vivant dans les plaines. Selon les activistes, le budget alloué est trop bas pour les populations indigènes du pays, estimées à environ 3 millions de personnes ; ils demandent qu’au moins 11 milliards de takas soient alloués au développement et à l’autonomisation des communautés ethniques.

« Ils ne savent pas comment s’en sortir face à cette crise »

« Ce budget est décidé en pleine crise sanitaire et économique, alors que beaucoup de familles indigènes ont perdu leur travail et leurs revenus. Beaucoup d’entre eux se retrouvent au chômage et survivent grâce à l’aide humanitaire. Davantage de fonds doivent être alloués à ces gens, afin de leur permettre de se réintégrer », demande Apurbo Mrong, secrétaire de la commission Justice et Paix du diocèse de Mymensingh, qui compte une majorité de fidèles indigènes. Selon lui, beaucoup d’entre eux continuent d’être négligés par les politiques nationales de développement. « J’ai visité beaucoup d’entre eux sur le terrain, et ils sont désespérés. Ils ne savent pas comment s’en sortir face à cette crise. À cause des restrictions sur les déplacements, nous n’avons pas pu mener notre travail de sensibilisation comme nous l’espérions, afin d’insister pour un budget décent », ajoute-t-il, lui-même catholique et membre de l’ethnie Garo.

Shamsul Huda, directeur général de l’Association pour les droits territoriaux et pour le développement (une organisation locale basée à Dacca), confirme en soulignant que « la plupart des groupes indigènes vivent en marge de la société » et qu’ils sont « oubliés par les mécanismes de développement de l’État ». « Comme toujours, les bureaucrates établissent leur budget de façon arbitraire, sans consulter les experts indigènes ; ainsi, les vrais besoins restent méconnus et le budget n’apporte aucun changement réel pour ces communautés », déplore-t-il. Selon lui, ce budget défavorise non seulement les populations ethniques mais la majorité des Bangladais. Fazle Hossain Badsha, un élu local du parti travailliste bangladais (Workers Party), estime également le budget insuffisant pour les minorités ethniques. Selon lui, le gouvernement devrait instaurer un ministère ou un département spécifique pour le développement des populations indigènes, à moins que chaque ministère ne dispose d’une allocation allouée spécifiquement aux minorités ethniques. Près de 99 % des 160 millions d’habitants du pays sont de l’ethnie Bengalie, et environ 3 millions de Bangladais appartiennent à plusieurs dizaines d’autres groupes ethniques. Plus de 90 % des Bangladais sont musulmans, mais les minorités ethniques sont majoritairement bouddhistes, ainsi qu’une minorité hindoue et chrétienne. Près de la moitié des quelque 600 000 chrétiens estimés dans le pays appartiennent à ces groupes, selon des sources ecclésiales locales. Cinq diocèses sur huit comptent une majorité de fidèles indigènes.

(Avec Ucanews, Natore)


CRÉDITS

Stephan Uttom / Ucanews