Eglises d'Asie – Bangladesh
Coronavirus : les éleveurs de crabes durement touchés par la crise
Publié le 05/03/2020

Selon le Bureau de promotion des exportations, dirigé par l’État, le Bangladesh exporte près de 7 milliards de takas (74 millions d’euros) de crabes et d’anguilles par an et l’industrie embauche environ 500 000 travailleurs, grâce aux fortes demandes et aux prix élevés sur les marchés étrangers. Les exportations vont en priorité vers la Chine, la Malaisie, Taïwan, la Belgique, Singapour, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Australie. Près de 90 % des exportations vont vers la Chine. Durant le festival du Nouvel an lunaire, les crabes et les anguilles sont particulièrement appréciés par les Chinois. Mais le coronavirus, qui a infecté au moins 93 000 personnes à travers le monde à ce jour et tué environ 3 200 malades, en majorité en Chine, a tout changé pour les ouvriers bangladais. Les éleveurs se retrouvent face à de lourdes pertes et se demandent comment se relever, confie Basudeb Mondol, secrétaire de la Société des éleveurs de crabes et d’anguilles de Khulna. « Nous étions pourtant bien partis durant les six premiers mois de l’année fiscale 2019-2020. Mais la plupart des gens qui travaillent dans le secteur ont tout perdu et ne savent plus quoi faire. Les plus gros propriétaires vont peut-être pouvoir s’en sortir, mais les petits éleveurs n’y arriveront pas », ajoute Basudeb Mondol, un hindou. Il affirme que le Bangladesh perd plusieurs millions de takas par jour à cause de la crise qui frappe les exportations de crabes et d’anguilles.
Campagne de sensibilisation
Le gouvernement réfléchit toujours à une aide en faveur du secteur atteint, assure le Dr Muhammad Khaled Kanak, un fonctionnaire du département des pêches du district de Bagerhat. « Actuellement, nous menons une campagne de sensibilisation afin de prévenir les pertes de crabes. Il y a 3 778 élevages dans le district de Bagerhat, qui sont tous surchargés de crabes. Nous leur avons conseillé de les déplacer dans les bassins de la région », explique-t-il. L’épidémie doit servir de leçon pour le secteur, estime-t-il. « Le fait de ne dépendre que d’un seul marché est trop risqué. Nous avons conseillé aux exportateurs de rechercher de nouveaux marchés étrangers afin d’éviter une telle situation à l’avenir. » La Caritas bangladaise a également lancé des programmes afin d’aider les éleveurs, confie Daud Jibon Das, directeur régionale de Caritas Khulna, qui couvre la côte sud du pays. « Nous travaillons avec des petits éleveurs et propriétaires depuis plusieurs années, et nous comptons lancer un projet de soutien afin d’aider la communauté affectée », ajoute Daud Jibon Das, qui invite le gouvernement à accélérer les efforts de soutien et trouver des alternatives afin de sortir de la crise. Bien que le Bangladesh n’a encore enregistré aucune infection ni aucun décès lié au coronavirus, le pays subi malgré tout un lourd choc financier. Le secteur du textile, qui dépend largement des exportations mais aussi des importations de matières brutes depuis la Chine, a également subi des pertes. Le Bangladesh compte aussi des vastes projets de développement et d’urbanisation, dont le pont Padma en construction, qui doit traverser le fleuve Padma au sud de Dacca, et qui dépendent d’investisseurs et d’experts chinois. La poursuite de l’épidémie sur une longue période retarderait l’achèvement du projet.
(Avec Ucanews, Dacca)
CRÉDITS
Stephan Uttom / Ucanews
