Eglises d'Asie

« Courir contre l’oncle » : une manifestation pro démocratie rassemble plus de 12 000 personnes à Bangkok

Publié le 14/01/2020




Dimanche 12 janvier a eu lieu la plus importante manifestation depuis le coup d’État de 2014. Plus de 12 000 personnes ont participé à l’événement, organisé dans le centre de Bankok à l’initiative du Future Forward Party et de son chef charismatique Thanathorn Juangroongruangkit. Le nouveau parti s’était classé troisième lors des élections de mars 2019, derrière les deux principaux partis et devant le parti démocrate. Dans le reste du pays, plusieurs milliers de Thaïlandais ont également pris part aux manifestations sous le slogan « Run against dictatorship » (« Courir contre la dictature », ou plus littéralement « Courir contre l’oncle » en référence au Premier ministre, le général Prayut, surnommé « Oncle Tu »).

Thanathorn Juangroongruangkit, 41 ans, leader du nouveau Future Forward Party, au milieu d’une foule de militants lors d’une manifestation pro démocratie à Bangkok.

Plus de 12 000 personnes ont pris part à une manifestation pro démocratie, organisée le 12 janvier dans un parc de Bangkok. Il s’agissait de la plus importante manifestation depuis le coup d’État de 2014, quand l’armée avait renversé le gouvernement élu démocratiquement. La manifestation était organisée à l’initiative d’un nouveau parti, le Future Forward Party, et son chef Thanathorn Juangroongruangkit, riche homme d’affaires thaïlandais, qui prennent leurs distances avec les valeurs traditionnelles de la société thaïe (à savoir le bouddhisme, l’armée, la monarchie). Thanathorn Juangroongruangkit et son parti Future Forward ont obtenu de bons résultats lors des élections générales de mars 2019, se classant troisième derrière les deux principaux partis et devançant le parti démocrate. Plusieurs milliers d’autres Thaïlandais ont également participé à des événements similaires organisés dans tout le pays, sous le slogan « Run against dictatorship » (« Courir contre la dictature »), traduit du thaïlandais appelant plus précisément à « Courir contre l’Oncle », en référence au Premier ministre thaïlandais, le général Prayut Chan-ocha, surnommé « Oncle Tu ».

Les manifestants de Bangkok, des jeunes en majorité, ont couru et marché sur un parcours de trois kilomètres, en utilisant un signe devenu symbolique de l’opposition à la dictature depuis 2014. Il s’agit d’un signe de ralliement emprunté à la trilogie dystopique The Hunger Games – le bras tendu, trois doigts joints, le pouce et l’auriculaire repliés. Un signe décrit comme représentant à l’origine, pour les manifestants thaïlandais, leur opposition au coup d’État, à la loi martiale et à la dictature. Une contre-manifestation pro gouvernement, qui a rassemblé une foule bien moins importante, a également été organisée d’un autre parc de la capitale. « Il n’y a pas de véritable démocratie et de véritable liberté en Thaïlande », affirme Changai Sangsawan, un étudiant qui participait à la manifestation pro démocratie ce dimanche. Il explique qu’il a participé à l’événement avec des amis « pour défendre nos droits ». Le mois dernier, l’annonce que le Future Forward Party pourrait être démantelé suite à une décision judiciaire avait suscité l’indignation et des appels à manifester.

« Nous voulons un vrai gouvernement démocratique »

Ces dernières années, plusieurs partis politiques de l’opposition ont été dissous par des tribunaux. Future Forward, qui bénéficie d’un soutien massif de la part des jeunes électeurs, et son fondateur charismatique Thanathorn Juangroongruangkit, 41 ans, ont été attaqués en justice à de nombreuses reprises, en général par des agences gouvernementales ou des militants pro gouvernement. Récemment, Thanathorn Juangroongruangkit s’est vu retirer son statut en tant que membre du Parlement, accusé d’avoir violé une loi interdisant les parlementaires de détenir des actions au sein des groupes de médias. Cependant, de nombreux parlementaires du parti au pouvoir ont enfreint la même loi sans être inquiétés. Thanathorn Juangroongruangkit a averti que la dissolution de son parti pourrait relancer les agitations qui ont déjà paralysé plusieurs zones de la capitale pendant plusieurs semaines. Après cinq ans de régime militaire, la Thaïlande a organisé des élections parlementaires l’an dernier, réaffirmant le général Prayuth Chan-o-cha comme Premier ministre avec une petite majorité. L’opposition a dénoncé les règles électorales, définies par des représentants soutenus par l’armée, et considérées comme en faveur des autorités au pouvoir. « Nous voulons un vrai gouvernement démocratique, pas une dictature déguisée », a souligné Tanawat Wongchai, étudiant et coorganisateur de l’événement.

(Avec Ucanews, Bangkok)


CRÉDITS

Ucanews