Eglises d'Asie

Cox’s Bazar : les camps de réfugiés bangladais face à une épidémie de dengue

Publié le 02/06/2023




« Il y a une forte possibilité d’épidémie sévère de dengue et nous nous y préparons », indique Mahbubur Rahman, responsable de la santé à Cox’s Bazar, qui décrit le défi presque impossible à relever que représente la protection de près d’un million de réfugiés dans les conditions actuelles. Les camps du sud-ouest du Bangladesh sont plus exposés à la maladie, qui survient habituellement entre juin et septembre avec la mousson, en raison d’un manque de sensibilisation et du manque de diagnostic rapide.

Le camp de Kutupalong à Cox’s Bazar, Bangladesh (mars 2018).

Presque un million de réfugiés vivant dans les camps de Cox’s Bazar, dans le sud-ouest du pays, sont exposés à la menace d’une épidémie importante de fièvre dengue dans la région. De nombreux cas auraient été signalés dans les camps situés non loin de la frontière birmane, bien avant la période considérée comme la saison des épidémies (correspondant avec la mousson, de juin à septembre).

« Deux hommes Rohingyas sont déjà morts de la fièvre dengue », signale Sarwar Jahan, coordinateur médical adjoint du Bureau du Commissaire au Secours et au Rapatriement des Réfugiés (RRRC), qui supervise le camp. C’est la période la plus chaude de l’année dans le pays, avec des températures de plus de 40 °C enregistrées dans de nombreuses régions – ce qui est peu propice, pour les experts, à une prolifération importante des moustiques Aedes, vecteurs de la dengue.

Toutefois, dans les camps – où se trouvent une majorité de réfugiés musulmans qui ont fui la répression militaire birmane en 2017 –, un adolescent de 16 ans est mort de la dengue en mars dernier. Le bureau du chirurgien civil de Cox’s Bazar, responsable du département médical du district, a confirmé 1 066 cas de dengue au 25 mai dans le seul district, contre un total de 1 600 infections sur la même période dans l’ensemble du pays.

« Il y a une forte possibilité d’épidémie sévère »

« Il est clair que le nombre d’infections et de décès va atteindre de nouveaux records cette année », estime l’épidémiologiste Zakir Hossain. Ce dernier indique que l’épidémie semble plus forte cette année et qu’elle risque de durer. « Les Rohingyas y sont particulièrement vulnérables à cause du manque de sensibilisation et de l’absence de diagnostic rapide de la maladie dans les camps », ajoute-t-il. Le nombre de cas de dengue au cours des cinq premiers mois de l’année est généralement resté en dessous de 50 depuis l’an 2000, quand le Bangladesh a commencé à enregistrer les infections de dengue.

Les soignants signalent le manque d’hygiène dans les camps qui hébergent près d’un million de réfugiés dans environ 26 km². « Il y a une forte possibilité d’épidémie sévère et nous nous y préparons », indique Mahbubur Rahman, responsable de la santé à Cox’s Bazar. Il note que les moustiques Aedes peuvent infecter de nombreuses personnes en seulement quelques secondes, d’où la difficulté de protéger les habitants des camps densément peuplés. Shah Fahim Ahmad Faisal, du département médical de Cox’s Bazar, remarque que les bidonvilles installés dans les camps sont un foyer idéal pour la propagation des moustiques vecteurs de la dengue, « car les sillons des toits en plastique ou en polyéthylène sont souvent remplis d’eau de pluie ».

Durant la saison de la dengue, les épidémies apparaissent avec des pluies légères, une forte humidité (autour de 80 %) et des températures entre 16 et 25 °C. Selon Zakir Hossain, près de 80 % des personnes infectées restent asymptomatiques, et beaucoup d’autres peuvent ressentir des douleurs dans les genoux, l’abdomen ou derrière l’œil, mais sans fièvre. Mais l’accès à la santé des réfugiés est difficile, car ils ont besoin d’autorisation pour sortir des camps et ils n’obtiennent souvent le feu vert que si leur état est grave. De plus, le nombre de lits d’hôpital disponibles est insuffisant dans la région.

On compte 67 organisations qui prennent en charge les besoins médicaux essentiels dans les camps, malgré des défis impossibles à relever à cause du nombre important de réfugiés – dont près d’un demi-million d’enfants particulièrement vulnérables aux piqûres de moustiques. L’an dernier, 15 352 réfugiés ont été infectés pour 17 décès, soit dix fois plus qu’en 2021.

(Avec Ucanews)