Eglises d'Asie

Cox’s Bazar : les réfugiés chrétiens Rohingya demandent une protection policière

Publié le 14/05/2022




Le 9 mai à Cox’s Bazar, le plus grand camp de réfugiés au monde, dans le sud du Bangladesh, un groupe de 29 chrétiens Rohingya a rencontré des policiers du 8e Bataillon armé – une unité spéciale de la police bangladaise – afin de faire part de leur situation. « Ils nous ont demandé comment se passaient nos journées, et si nous avions des problèmes », explique le pasteur Shorif David, chef spirituel d’une communauté de 120 fidèles, convertis dans l’État de Rakhine en 2006. Sur plus d’un million de réfugiés birmans au Bangladesh, on compte seulement près de 3 000 chrétiens.

Un groupe de 29 chrétiens Rohingya lors d’une rencontre avec des policiers bangladais, le 9 mai 2022 dans un camp de Cox’s Bazar.

Le 9 mai dans un camp de réfugiés de Cox’s Bazar, dans le sud du Bangladesh, des policiers du 8e Bataillon armé (Armed Police Battalion) – une unité spéciale de la police nationale – ont rencontré des chrétiens Rohingya pour un échange de vues. La rencontre a eu lieu en présence de 29 fidèles du camp. « Les membres du bataillon de police nous ont demandé comment se passaient nos journées, et si nous avions des problèmes », confie Shorif David, un pasteur de la Gate Church, une Église protestante présente dans le camp. « Ils nous ont recommandé d’éviter de participer à toute activité criminelle. J’ai répondu : ‘Nous vivons au camp depuis cinq ans. Est-ce qu’il y a eu ne serait-ce qu’une seule accusation contre les chrétiens Rohingya dans votre commissariat ? Vous devriez plutôt nous admirer au lieu de dire des choses pareilles.’ »

Depuis que les Rohingya ont fui la Birmanie en 2017 afin d’éviter les persécutions de la Tatmadaw (nom officiel de l’armée birmane), aucun réfugié chrétien Rohingya n’est décédé au camp. « Mais si quelqu’un d’entre nous venait à mourir, où est-ce que nous pourrions l’enterrer ? » a demandé Shorif David durant la rencontre. « Les musulmans ne nous permettent pas d’enterrer les corps des nôtres dans leur cimetière. » Le pasteur a également demandé à la police une protection spéciale et un lieu réservé aux chrétiens Rohingya au sein du camp : « Nous voulons vivre dans ce camp de manière fraternelle et en paix avec les musulmans Rohingya, même s’ils ont souvent des discours haineux contre les chrétiens et les autres religions dans leur mosquée. »

Une communauté convertie en 2006 dans l’État de Rakhine

Shorif David est le chef spirituel d’une communauté de près de 120 chrétiens Rohingya, originaires de la ville de Buthidaung dans l’État de Rakhine, en Birmanie. Les chrétiens Rohingya de Cox’s Bazar, où se trouve le plus grand camp de réfugiés au monde, sont près de 3 000 au total, mais seul un tiers d’entre eux ose déclarer ouvertement leur foi par crainte des menaces et des représailles. David Nazir, l’un d’entre eux, qui a participé à la rencontre, se dit satisfait de l’expérience. « Aucune agence ou institution ne nous avait jamais contactés directement, et je suis heureux qu’ils soient venus nous écouter », explique-t-il.

Naimul Hoque, un policier du 8e Bataillon armé, a promis qu’ils assureraient la sécurité des chrétiens. « Si vous avez des problèmes, faites-le savoir », a-t-il demandé durant la rencontre. Les chrétiens ont expliqué aux policiers qu’ils se sont convertis au christianisme en Birmanie en 2006. « Avant cela, nous étions des ‘fakirs’, des ascètes qui dansent et jouent du tambour, et les musulmans radicaux ne nous autorisaient pas à travailler ou nous asseoir avec eux dans notre village », a raconté David Nazir. On compte plus d’un million de réfugiés birmans au Bangladesh, répartis entre les camps de Cox’s Bazar et de l’île de Bhasan Char.

(Avec Asianews)


CRÉDITS

Asianews