Eglises d'Asie

Crise au Sri Lanka : le président Sirisena dissout le parlement

Publié le 12/11/2018




Le président Maithripala Sirisena a annoncé, le 9 novembre, la dissolution du parlement sri-lankais. La crise politique s’intensifie dans le pays suite à cette nouvelle décision, jugée antidémocratique par les ONG et partis politiques dans le pays, qui accusent le président de ne pas respecter la Constitution. Le président Sirisena avait annoncé, le 26 octobre, le renvoi de son premier ministre Ranil Wickremasinghe pour le remplacer par l’ancien président et dictateur Rajapaksa, plongeant le pays dans la crise.

Suite à l’annonce par le président Maithripala Sirisena, le 9 novembre, de la dissolution du parlement, les ONG et partis politiques sri-lankais ont déposé des requêtes auprès de la Cour Suprême afin de protester contre la décision. Le président a également annoncé des élections générales le 5 janvier 2019. Il avait annoncé, le 26 octobre, le renvoi de son ancien premier ministre Ranil Wickremasinghe, qui a été remplacé par l’ancien président Mahinda Rajapaksa, 72 ans, son rival lors des dernières élections générales il y a trois ans. Douze ONG et plusieurs partis politiques ont dénoncé ce qu’ils considèrent comme une mesure anticonstitutionnelle. Paikiasothy Saravanamuttu, directeur général du Centre d’alternatives politiques (Centre for policy alternatives), affirme que l’annonce du président est illégale. « Les actions du président constituent une tentative flagrante de l’exécutif d’entraver le fonctionnement du parlement. Le 19e amendement ne laisse aucun doute : ses décisions sont invalides sur les plans juridique, politique et moral », dénonçait-il en déposant une requête à la Cour le 12 novembre. « Cela a causé des troubles graves inutilement, en confrontant la population aux risques de violences politiques alors que la crise continue de s’intensifier. C’est une violation condamnable des principes mêmes de la responsabilité démocratique, pour lesquels le président lui-même a fait campagne avant son élection », poursuit-il. Saravanamuttu appelle la population à résister à « ce dangereux abus de pouvoir », et à revendiquer les droits démocratiques et le respect de la Constitution. La pression internationale et locale grandit contre Sirisena, pressé de résoudre cette crise politique. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a appelé le Sri Lanka à respecter les institutions démocratiques, et à résoudre les conflits en respectant l’État de droit et les procédures légales. L’Union européenne et les États-Unis ont dénoncé la dissolution du parlement et ont déclaré que la nouvelle mesure du président avait aggravé la crise politique et économique dans le pays.

Le défi de la réconciliation post guerre civile

Shreen Saroor, une militante engagée pour la réconciliation du pays après la longue guerre civile (1983-2009) qui a affecté les communautés tamoules et musulmanes, a déposé une requête le 12 novembre ; elle estime que ses droits constitutionnels ont été violés. « Le président a violé la Constitution, non pas pour la première fois mais pour la seconde fois », dénonce la musulmane. « Le pays fait face aux problèmes d’inflation et de développement, et au défi de la réconciliation. Les militants des ONG ont travaillé dur afin de faire voter le 19e amendement de la Constitution », souligne-t-elle. Les experts expliquent que selon la Constitution, le parlement ne peut être dissous avant début 2020. L’Association des juristes pour la démocratie (Lawyers for democracy) a condamné la dissolution qui plonge encore plus le pays dans le chaos. Juste avant de dissoudre le parlement, le président Sirisena a publié un avis plaçant la police sri-lankaise sous le ministère de la défense, qui est contrôlé par le président. Le régime de Rajapaksa a été critiqué pour des violations des Droits de l’Homme lors de la guerre civile contre les indépendantistes tamouls. En s’adressant à la population, le 11 novembre, Sirisena a expliqué que le manque de majorité du parlement et les actions du porte-parole après l’annonce du renvoi du premier ministre l’avaient amené à prendre cette décision. Il a demandé à la population de soutenir des élections libres et équitables. L’ancien porte-parole Karu Jayasuriya avait soutenu qu’il ne pouvait pas accepter Rajapaksa comme premier ministre. Il avait affirmé que le pouvoir exécutif avait saisi les droits et le pouvoir des parlementaires, qui sont élus pour représenter le peuple.

(Avec Ucanews, Colombo)


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Photo Ucanews