Eglises d'Asie – Chine
Crise démographique : le gouvernement chinois confronté au vieillissement accéléré de la population
Publié le 25/06/2020
Après 36 années de politique de l’enfant unique (assouplie en 2016 afin d’éviter une crise démographique), la Chine doit renoncer aux limites encore imposées aux familles, réformer son système de pensions et retarder l’âge du départ à la retraite afin de faire face au vieillissement de la population et à la baisse de la main-d’œuvre. Ce sont les conclusions de la Fondation chinoise pour la recherche et le développement, soulignées dans un nouveau rapport publié le 11 juin, qui a été présenté par l’hebdomadaire Caixin. La Fondation chinoise est affiliée au Centre pour la recherche et le développement du Conseil d’État. Son rapport indique que d’ici 2035, le pays comptera près de 314 millions de personnes âgées de 65 ans et plus (contre 181,6 millions en 2020), soit 22,3 % de la population en 2035, et 27,5 % en 2050 (contre seulement 12,6 % en 2019). Ce vieillissement rapide de la population chinoise entraînera une diminution de la main-d’œuvre disponible dans le pays, qui devrait passer de 980 millions de personnes en 2019 à 900 millions en 2035. Ainsi, en Chine en 2035, dix personnes actives devront supporter au moins trois personnes inactives ou retraitées (cette proportion était de seulement 10 pour 1,16 en 2019). Les démographes et économistes ont longtemps appelé le gouvernement chinois à renoncer à la politique de l’enfant unique. Avant sa suppression en 2016, celle-ci était en vigueur depuis les années 1980, et souvent appliquée de façon radicale et violente. En 2016, le gouvernement a assoupli la limite à deux enfants par famille.
Mais cette décision n’a pas produit les effets espérés, alors que beaucoup de couples chinois ne veulent qu’un enfant ou aucun, au moins pour des raisons financières. Selon certains membres de l’Académie chinoise des sciences sociales, afin de faciliter de nouvelles naissances, l’État doit sensibiliser la population et soutenir les aides parentales, particulièrement dans les régions les plus vieillissantes. La Fondation chinoise pour la recherche et le développement évoque aussi l’âge du départ à la retraite, à considérer afin de mieux faire face à la crise démographique. Aujourd’hui en Chine, cet âge est fixé à 60 ans pour les hommes et 55 pour les femmes. De plus, selon la Fondation, le système de pensions de retraite doit être repensé. En effet, aucun système nationalisé n’est en place, et tous les emplois ne sont pas couverts. Par exemple, plus de 300 millions de migrants en Chine n’ont droit à aucune pension. Concernant les habitants des villes et les industries d’État, chaque province gère son propre système de pensions ainsi que les allocations de santé, de chômage et de logement. Les contributions proviennent des contribuables, des entreprises et des subventions du gouvernement. Le problème étant que toutes ces caisses de pensions sont aujourd’hui en déficit. Afin de soutenir les commerces et industries affectées par la crise sanitaire et économique, le gouvernement a dû réduire certaines de ses contributions, d’où les suggestions d’élever l’âge de départ à la retraite de 60 ans à 65 ou 66 ans.
(Avec Asianews, Pékin)
CRÉDITS
Soctech