Eglises d'Asie

Dacca : le maintien du pèlerinage annuel au sanctuaire saint Antoine de Panjora encore incertain

Publié le 06/01/2021




Tous les ans, durant la première semaine de février, plusieurs dizaines de milliers de pèlerins affluent vers le sanctuaire Saint Antoine de Padoue de Panjora, dans le district de Gazipur, qui dépend de l’archidiocèse de Dacca. Il s’agit d’une des destinations de pèlerinage les plus populaires du pays. Alors que le saint franciscain est fêté le 13 juin, le pèlerinage est organisé en février pour un climat plus favorable dans la région. Cette année, les responsables catholiques bangladais, dont Mgr Bejoy N. D’Cruze, archevêque de Dacca, hésitent à maintenir les festivités selon l’évolution des conditions sanitaires.

Le 7 février 2020, une chrétienne bangladaise embrasse une statue de sainte Antoine de Padoue au sanctuaire de Panjora, près de Dacca.

La situation du sanctuaire de Panjora – dans le district de Gazipur, qui dépend de l’archidiocèse de Dacca –, l’une des destinations de pèlerinage les plus populaires au Bangladesh, est incertaine face à la pandémie du Covid-19. La fête annuelle du sanctuaire dédié à saint Antoine de Padoue est organisée traditionnellement la première semaine de février à cause d’une météo plus favorable – alors que le saint franciscain est fêté le 13 juin. Cette année, les responsables du sanctuaire bangladais hésitent à maintenir les festivités. La fête annuelle de Panjora attire en effet, habituellement, jusqu’à 50 000 pèlerins, ce qui en fait le plus grand rassemblement chrétien annuel au Bangladesh, majoritairement musulman. Le 3 janvier, des responsables catholiques bangladais, dont Mgr Bejoy N. D’Cruze, archevêque de Dacca, et Mgr Shorot Francis Gomes, évêque auxiliaire de Dacca, ont organisé une rencontre avec le père Joyanto S. Gomes, curé de la paroisse Saint-Nicolas-de-Tolentino de Nagari, dont dépend le sanctuaire. Ils ont convenu de « surveiller la situation du Covid-19 » jusqu’au 13 janvier avant de prendre une décision finale. « À cause de la pandémie, nous sommes certains que le pèlerinage à Saint-Antoine ne sera pas organisé de la même manière que les années précédentes ; nous avons convenu de cela », a déclaré Mgr D’Cruze.

« Nous voulons rendre grâce »

Selon l’évolution de la situation au cours des prochains jours, le pèlerinage pourrait être repoussé après le dimanche de Pâques, avec un nombre limité de participants issus des différents diocèses du pays. Si le pèlerinage est maintenu, il pourrait y avoir une retransmission en direct pour permettre au plus grand nombre de suivre les célébrations en ligne. « Les 12 et 13 janvier, nous organiserons une rencontre avec les prêtres pour aborder cette question et peut-être prendre une décision finale. Tout est encore possible, et cela sera confirmé à ce moment-là », a ajouté Mgr D’Cruze. Saint Antoine de Padoue est vénéré comme un saint faiseur de miracles au Bangladesh, et le sanctuaire attire chaque année plusieurs milliers de fidèles. Sumon Gomes, âgé de 39 ans, un catholique de Dacca, la capitale, y vient depuis des années. Cette année, il espérait s’y rendre avec sa femme et leur fils de sept mois, afin de rendre grâce pour des bénédictions spéciales. « Nous nous sommes mariés il y a cinq ans, et nous avons prié le saint pour avoir un enfant. Notre fils est né en juin dernier. Nous croyons que saint Antoine nous a bénis avec cet enfant, et nous voulons rendre grâce. Mais nous ignorons encore si le pèlerinage sera maintenu », explique-t-il.

« La décision finale doit être prise le plus tôt possible. Si le Covid-19 pose problème, nous envisageons de suivre le pèlerinage en ligne. » Au Bangladesh, sur plus de 160 millions d’habitants, les chrétiens représentent moins d’1 % de la population. Pourtant, le sanctuaire de Panjora attire les foules bien au-delà de la population chrétienne, avec de nombreux pèlerins musulmans et hindous. Les historiens locaux ne s’accordent pas sur les débuts exacts du sanctuaire bangladais, mais il dure depuis plusieurs siècles. Une légende populaire raconte qu’une petite statue de saint Antoine serait apparue et réapparue à plusieurs reprises sur les lieux du sanctuaire actuel, où les gens ont commencé à venir sur le site pour prier. Dom Antonio, un prêcheur catholique bengali du XVIIIe siècle, a également contribué à faire connaître le sanctuaire. Dom Antonio était le fils d’un roi hindou, enlevé par des pirates et vendu à un missionnaire catholique portugais, auprès duquel il s’est converti. Antonio a appris le catéchisme, les langues, la musique et la danse, jusqu’à devenir prêcheur. Il aurait contribué à la conversion de nombreux hindous issus de castes inférieures, dans la région de Bhawal près de Dacca – qui couvre le sanctuaire et où vivent encore de nombreux catholiques bangladais.

(Avec Ucanews, Dacca)


CRÉDITS

Piyas Biswas / Ucanews