Eglises d'Asie

Dambulla : l’Église catholique sri-lankaise face aux défis des mariages interreligieux

Publié le 30/06/2020




Le diocèse de Dambulla compte 21 985 catholiques cingalais et tamouls et 42 prêtres diocésains pour 19 paroisses, sur une population d’environ 1,65 million d’habitants. La ville de Dambulla, située à 148 km au nord-est de Colombo, est considérée comme un site bouddhiste sacré. Le Temple d’Or et les grottes sacrées de Dambulla sont inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco (depuis 1991). La population étant majoritairement bouddhiste au Sri-Lanka, les mariages interreligieux sont fréquents, et de plus en plus selon le père Sumith Priyantha Fernando, curé de la cathédrale Sainte-Marie de Dambulla. Moses Ranaweera, conseiller conjugal, souligne que « les différences religieuses affectent toute la vie de famille ; l’Église doit aider ceux qui traversent des difficultés ».

Une mère et sa fille lors d’un rituel hindou, dans un temple sri-lankais. Les mariages interreligieux sont de plus en plus fréquents dans le pays, majoritairement bouddhiste.

Marian, une enseignante catholique de Dambulla, dans la province centrale du Sri Lanka, s’est mariée à un homme originaire d’une famille bouddhiste très traditionnelle. Elle enseigne le christianisme dans une école qui compte 90 % d’élèves bouddhistes et peu de chrétiens. Avant son mariage, son mari lui a promis qu’elle pourrait pratiquer sa religion librement. Sa belle-mère et tous ses proches sont bouddhistes. La ville de Dambulla, située à 148 km au nord-est de Colombo, est considérée comme un site bouddhiste sacré. Le Temple d’Or et les grottes sacrées de Dambulla sont inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco (depuis 1991). Marian, âgée de 49 ans, estime que pour les catholiques vivant au milieu d’une majorité bouddhiste, le plus grand défi est de dépasser les différences religieuses et culturelles. « Les enfants font l’expérience d’une atmosphère multireligieuse, mais les parents se disputent à propos de la transmission de la foi aux enfants », explique Marian, qui évoque ses difficultés quotidiennes en tant qu’enseignante.

« Quelle que soit l’approche choisie, il faut absolument aborder ces questions culturelles et religieuses ouvertement avant le mariage. Sinon, il risque d’y avoir des problèmes durant le mariage. Pratiquer deux religions sous le même toit, ce n’est pas évident, et il y a des décisions difficiles à prendre au quotidien », ajoute-t-elle. Sur 21 millions d’habitants au Sri Lanka, 70 % d’entre eux sont bouddhistes, 13 % hindous, 10 % musulmans et 7 % chrétiens. Le diocèse de Dambulla compte 21 985 catholiques cingalais et tamouls et 42 prêtres diocésains pour 19 paroisses, sur une population d’environ 1,65 million d’habitants. « Les mariages interreligieux peuvent être difficiles, et entraîner des crises entre les époux et les proches », souligne le père Sumith Priyantha Fernando, curé de la cathédrale Sainte-Marie de Dambulla, et ancien curé de la paroisse du Christ Ressuscité de Mahiyangana. « Les bouddhistes âgés considèrent le fait de se marier avec quelqu’un d’une autre religion comme un abandon de l’héritage et des traditions familiales, qu’ils protègent d’une génération à l’autre. Je n’ai célébré que cinq mariages catholiques au cours des cinq dernières années dans la paroisse du Christ Ressuscité, et trois d’entre eux étaient des mariages interreligieux », confie-t-il.

« L’Église doit aider ceux qui traversent des difficultés »

Le père Damian Fernando, vicaire général du diocèse de Ratnapura, estime qu’une des difficultés majeures des mariages mixtes survient quand le conjoint ou la conjointe non catholique impose sa foi et que les enfants ne sont pas baptisés. « Les mariages interreligieux sont de plus en plus courants, et souvent, les enfants ne sont pas éduqués à la vie sacramentelle », ajoute le père Fernando. « Les mariages catholiques entre catholiques et bouddhistes sont de plus en plus fréquents, et c’est compréhensible puisque le pays est majoritairement bouddhiste. C’est une tendance réelle, et l’Église sri-lankaise doit se préoccuper de ces questions. L’Église et le pays dans son ensemble ne connaissent pas avec précision le nombre des mariages interreligieux, mais nous en faisons l’expérience à travers les activités pastorales », poursuit le prêtre, dont le diocèse de Ratnapura compte 21 855 baptisés catholiques sur 1,78 million d’habitants – pour 27 prêtres diocésains et 23 paroisses.

Pour lui, il est essentiel de comprendre la religion de l’autre au sein des couples interreligieux. Sandaya Malkanthi, une catholique mariée à un bouddhiste depuis 13 ans, explique que son beau-père, au début, n’aimait pas la voir dire ses prières le soir et aller à la messe le dimanche. « Les différences entre les traditions culturelles des deux conjoints créent des problèmes », ajoute-t-elle. Moses Ranaweera, conseiller conjugal, confie que bien souvent, la vie religieuse est quasi-absente des mariages interreligieux. « Les différences religieuses affectent toute la vie de famille », ajoute-t-il. « L’Église catholique doit aider ceux qui traversent des difficultés et ceux qui pensent au divorce ». Marian, de son côté, explique que quand elle a rencontré des problèmes conjugaux, ses parents l’ont poussée à divorcer. « Mais grâce à Dieu, nous sommes toujours ensemble. J’aide beaucoup d’enseignants et amis dans la même situation à se comprendre entre eux afin d’éviter les séparations. »

(Avec Ucanews, Dambulla)


CRÉDITS

Ucanews