Eglises d'Asie – Birmanie
Dans sa lettre du 15 août, le cardinal Bo lance un appel à la paix
Publié le 20/08/2019
Le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun et président de la FABC (Fédération des conférences épiscopales asiatiques), a publié une lettre à l’occasion de la fête de l’Assomption, le 15 août, adressée aux fidèles birmans. Dans sa lettre, le cardinal a souligné que les espérances suscitées par la démocratie ont été déçues et que le pays est toujours blessé. Mgr Bo a fait part de ses vives inquiétudes à propos des épreuves que traverse le peuple birman. « Il y a sept ans, nous avons assisté à ce que nous pensions être une nouvelle ère », a-t-il déclaré. « Des prisonniers politiques ont été libérés, des cessez-le-feu ont été signés, les droits civils et la liberté de la presse ont été assouplis, et un dialogue entre les dirigeants politiques a conduit aux premières élections crédibles en un quart de siècle, et abouti à l’élection d’un gouvernement démocratique civil en 2015. Mais ces dernières années, de nouvelles ombres sont apparues, menaçant les lueurs d’espoir qui avaient commencé à émerger. Les conflits continus, les abus et la progression de la haine religieuse et raciale menacent les espérances, les libertés et la dignité du peuple à travers le pays. » Mgr Bo a ajouté que la Birmanie faisait face à de nouvelles menaces contre la liberté religieuse alors que des responsables religieux continuent de répandre des discours de haine en incitant à la discrimination et à la violence, et alors que des lois et des règles injustes imposent des restrictions contre la liberté religieuse des minorités. Le cardinal, âgé de 71 ans, a poursuivi : « La Birmanie est une nation blessée. Elle souffre toujours de ses vieilles blessures, et elle a subi de nouveaux coups durs. » Pourtant, l’archevêque de Rangoun a appelé les fidèles à continuer de s’accrocher à leurs rêves, à imaginer une nouvelle nation « où la justice et la vertu affluent comme un fleuve ». « Tant que nous n’aurons pas une véritable liberté – libérée de toute peur –, nous ne pourrons pas nous relever. Tant que les violations des droits de l’homme continuent, nous ne serons pas libérés de la peur », a-t-il prévenu.
Appel à l’unité dans la diversité
« Tant que les journalistes ne pourront pas faire leur travail sans peur d’être arrêtés et emprisonnés, personne ne sera libre. Tant que tout citoyen n’importe quelle religion ou origine ne pourra pas être assuré de pouvoir faire son devoir sans crainte d’être arrêté, personne ne sera vraiment libre. Il est temps de rechercher une paix véritable, basée sur une justice et une liberté authentiques », a martelé le cardinal Bo, ajoutant que la Birmanie avait subi des guerres civiles, qui ont empêché la population d’être vraiment en paix durant plusieurs décennies. L’archevêque de Rangoun a fait part de ses craintes concernant certaines régions des États du Kachin, de Shan et d’Arakan, où les combats se poursuivent toujours et où les populations dans le besoin ont été privées d’assistance et d’accès à l’aide humanitaire. « Quels que soient les tenants et les aboutissants de ces conflits entre plusieurs groupes dans notre pays, personne ne peut être privé de ses droits fondamentaux, d’accès à la nourriture, à un abri, aux soins et à l’éducation », a insisté Mgr Bo, qui a également appelé à l’unité dans la diversité, « sur une belle terre aux multiples ethnies, langues, cultures et religions ». « Si nous voulons concrétiser ce rêve de paix, nous devons apprendre à aimer la diversité de notre pays et à chercher l’unité », a-t-il souhaité. « La vraie paix et la vraie liberté, après tout, dépendent de notre respect de la diversité ethnique et religieuse, et de la protection des droits fondamentaux de tous, sans distinction de race, de religion ou de genre. » Le cardinal Bo a lancé un appel à tout le people birman afin de construire une nation basée sur la radicalité de l’amour et de la lumière, et non sur la haine et les ténèbres. « Construisons une Birmanie où l’espérance n’est pas qu’une illusion », a-t-il souligné. Mgr Bo a assuré que son message est dicté par l’amour, par un désir de justice et de miséricorde. « La Birmanie a besoin des trois – amour, justice et miséricorde – désespérément. C’est d’autant plus important qu’en 2020, le pays connaîtra les deuxièmes élections démocratiques depuis la fin du régime militaire. » Pour lui, la solution repose sur un système fédéral qui assure que « les ressources naturelles sont partagées et distribuées équitablement, plutôt que pillées par une petite élite. L’Église en Birmanie est prête à être un espace de miséricorde pour tous, un centre de réconciliation, afin de défendre les droits de tous sans exceptions. »
(Avec Ucanews, Rangoun)
Crédit : Agenzia Fides / CC BY 4.0